Courant juillet, l’île hawaïenne de Maui a été ravagée par des incendies qui ont fait près d’une centaine de morts. Il s’agit malheureusement d’un bilan très provisoire, car près d’un millier de personnes sont encore portées disparues à ce jour (27 août).
La ville de Lahaina – qui compte plus de 13 000 habitants, dont beaucoup de salariés de l’industrie touristique – a été rayée de la carte. Alors que la ville était équipée de sirènes d’alerte, les survivants affirment souvent n’avoir reçu aucun avertissement. Ils n’ont eu que quelques minutes pour s’échapper. De nombreuses victimes ont été cernées par les flammes alors qu’elles tentaient de fuir en voiture ou à pied.
Pour les rescapés, le calvaire ne s’est pas arrêté avec la fin de l’incendie. Nombre d’entre eux n’ont pas réussi à trouver d’hébergement d’urgence et ont dû s’entasser dans les terminaux de l’aéroport de Maui, à la recherche d’un siège ou d’un coin de sol où s’allonger.
Facteurs multiples
Cette nouvelle catastrophe est tout sauf « naturelle ». Elle est la conséquence directe de la crise climatique et de la destruction de l’environnement par le système capitaliste. Elles prennent un caractère particulièrement aigu à Maui.
Depuis plusieurs années, l’île subit une sévère sécheresse qui est en partie causée par la transformation de la végétation de l’île. Au XIXe siècle, le développement d’un élevage bovin intensif a mené au remplacement de nombreuses forêts humides par des prairies. Depuis, l’industrie agro-alimentaire s’est tournée vers la monoculture intensive, ce qui a encore appauvri les sols et favorisé la sécheresse. Les champs et les prairies se sont transformés en gigantesques réserves de matières inflammables, qui n’attendent qu’une étincelle pour s’embraser – sur fond de températures extrêmes provoquées par le réchauffement climatique.
Les premiers incendies qui ont éclaté, le 8 août, ont été attisés par les vents violents de l’ouragan Dora, actif non loin de l’archipel. Ces premiers foyers se sont très vite transformés en un gigantesque brasier qui a réduit Lahaina à l’état de cendres.
Plusieurs rapports ont souligné l’aggravation des risques, ces dernières années, mais la direction des services de secours a refusé d’en tenir compte. Elle insistait : le risque d’incendie était « faible ». Et alors que l’ouragan approchait, personne n’a jugé utile de vérifier le bon fonctionnement du réseau de sirènes d’alerte qui couvre l’île.
La réaction des autorités à la catastrophe n’a pas été meilleure. Une bonne partie des premiers secours et des premières mesures de lutte contre le feu sont venus de citoyens ordinaires et d’ONG. Des associations ont organisé des collectes de nourriture, de couches et d’équipements de premiers secours. Puis tout ceci a été acheminé vers les zones sinistrées par une nuée de bateaux de volontaires, qui s’est pratiquement organisée sans la participation des autorités.
Capitalisme et crise climatique
Alors que l’hémisphère nord a traversé l’été le plus chaud jamais enregistré, les rescapés de Maui rejoignent la cohorte des dizaines de millions de personnes qui ont déjà été chassées de chez elles par le changement climatique, ces dernières années. Parallèlement, les investissements dans les énergies fossiles ont atteint un nouveau record en 2022 : plus de 1000 milliards de dollars.
Les politiciens réformistes se contentent de souligner que « l’activité humaine » est à l’origine du changement climatique. Mais c’est beaucoup trop général, car c’est surtout l’activité de la grande bourgeoisie – et de son système – qui est en cause. Pendant que la propagande officielle reproche aux travailleurs ordinaires leurs « mauvaises habitudes de consommation individuelle », une centaine d’entreprises, seulement, ont été responsables de près de 70 % des émissions de gaz à effet de serre, ces 35 dernières années.
Réchauffement climatique, destruction des sols, défaillance des systèmes d’alerte et de secours : la catastrophe qui a frappé Maui est une nouvelle et tragique illustration de l’incapacité du capitalisme à répondre aux causes et aux conséquences de la crise environnementale. Pour les communistes, la lutte contre le changement climatique doit être une lutte des classes, une lutte pour renverser le système qui détruit l’environnement tout en exploitant la masse des travailleurs.
Face au changement climatique, il faut des investissements massifs dans les infrastructures, ainsi que des migrations organisées, volontaires et prises en charge, hors des zones les plus exposées aux catastrophes. Les secours et les services d’alerte ne doivent pas dépendre du hasard, mais être planifiés et financés à hauteur des besoins. Dans le même temps, pour s’attaquer aux causes du problème, il faut exproprier les industries les plus polluantes, à commencer par le secteur énergétique, et investir massivement dans la production d’énergies propres et renouvelables. Les énormes ressources financières requises supposent de nationaliser l’ensemble du secteur bancaire. En bref, une véritable « transition énergétique » implique une autre « transition » : celle du capitalisme vers une planification socialiste démocratique de la production – et ce à l’échelle mondiale, car la pollution ne connaît pas de frontières.