Alors qu’il jurait de poursuivre la guerre jusqu’à la destruction du Hamas, quitte à détruire totalement la bande de Gaza, Netanyahou a été contraint par Trump de signer un accord de cessez-le-feu début octobre.

Avant d’analyser le contenu précis de cet accord, commençons par souligner que cela marque une défaite pour les dirigeants sionistes. Dès que les troupes israéliennes se sont retirées de certaines portions de la bande de Gaza, des milliers de combattants du Hamas en ont repris le contrôle. Non seulement le Hamas n’a pas été détruit, mais le carnage perpétré par la machine de guerre israélienne a mis à sa disposition une immense réserve de recrues potentielles. Des dizaines de milliers de jeunes Gazaouis ont vu mourir leurs parents, leurs frères et sœurs, leurs amis. Nul doute que nombre d’entre eux réclament aujourd’hui, comme l’enfant grec du poème de Victor Hugo, « de la poudre et des balles ».

Tous les observateurs sérieux s’accordent aussi à souligner que la résistance du Hamas a renforcé son autorité dans une large partie des masses palestiniennes de Cisjordanie. Celles-ci sont révulsées par la complicité de la soi-disant Autorité palestinienne à l’égard des forces d’occupation israéliennes.

La responsabilité des impérialistes 

Les impérialistes américains ont leurs raisons de vouloir mettre fin au génocide des Gazaouis, et elles n’ont rien à voir avec les souffrances des Palestiniens. La poursuite de la guerre fragilisait chaque jour un peu plus les régimes réactionnaires et alliés des Etats-Unis, de la région. En Egypte et en Jordanie, la majorité de la population est solidaire des Palestiniens et reproche de plus en plus à ses gouvernants leur complicité avec l’oppresseur israélien.

La poursuite de la guerre signifiait aussi que les Etats-Unis devaient fournir à leur allié israélien de grandes quantités d’armes et de munitions. Or la guerre en Ukraine a déjà nettement réduit les stocks de l’armée américaine, alors que Donald Trump a d’autres projets belliqueux en préparation, notamment au Venezuela. De manière générale, les impérialistes américains cherchent à se désengager du Moyen-Orient pour concentrer leurs forces dans la lutte contre la Chine et pour le contrôle de leur pré carré traditionnel en Amérique du Sud. C’est impossible tant que la guerre à Gaza déstabilise toute la région, du Yémen au Liban.

Netanyahou a d’autres préoccupations. Il veut à tout prix que la guerre continue, voire s’étende à l’échelle régionale, pour éviter que de nouvelles élections se tiennent, risquer de perdre le pouvoir et devoir répondre de plusieurs accusations de corruption. Quand aux sionistes les plus radicaux dont dépend sa majorité parlementaire, ils espèrent profiter de la guerre pour annexer le maximum de terres palestiniennes.

Le bombardement de Doha au Qatar par l’aviation israélienne, le 9 septembre, a été la provocation israélienne de trop. Si les Américains avaient laissé les Israéliens attaquer impunément leurs alliés, ces derniers auraient été tentés de se chercher de nouveaux protecteurs : la Russie ou la Chine.

Comme il l’avait déjà fait en janvier, Trump a donc contraint Netanyahou à signer ce cessez-le-feu. Cela prouve que si les impérialistes américains l’avaient voulu, ils auraient pu mettre fin à ce carnage depuis longtemps. Sans l’aide que les Américains et leurs alliés européens ont apportée à Israël, il n’y aurait eu ni guerre d’extermination contre les Gazaouis, ni guerres d’agression contre le Liban et l’Iran, ni le bombardement de la Syrie et du Qatar.

Un « cessez-le-feu » colonial 

Malgré les hypocrites vivats lancés par les dirigeants impérialistes et les journalistes bourgeois, le cessez-le-feu imposé par Trump ne résout absolument rien. Son processus par « étapes » est encore plus fragile et complexe que celui du précédent cessez-le-feu – que Netanyahou avait envoyé au diable il y a sept mois.

Depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu le 10 octobre, l’armée israélienne l’a violé quasi-quotidiennement, tuant en moyenne 20 Palestiniens par jour. Elle a aussi refusé à plusieurs reprises de laisser l’aide humanitaire entrer dans la bande de Gaza, où la famine fait toujours rage. Le 28 octobre, après avoir accusé le Hamas d’avoir violé le cessez-le-feu, Netanyahou a ordonné des bombardements massifs contre la bande de Gaza. Au moins 104 Palestiniens, dont 46 enfants, ont été tués en quelques heures, avant que l’armée israélienne n’annonce la « reprise de l’application du cessez-le-feu ». Difficile d’imaginer une hypocrisie plus repoussante.

Même s’il était respecté par les Israéliens, l’accord de cessez-le-feu n’offre pas d’issue à l’oppression des Gazaouis. Il prévoit notamment que Gaza soit dirigé par une administration proprement coloniale, dans laquelle aucun Palestinien n’occuperait de poste dirigeant et qui serait présidée par Donald Trump lui-même. Celui-ci serait assisté de « conseillers » parmi lesquels figureraient notamment Tony Blair, l’ex-Premier ministre britannique et le complice de Georges W. Bush dans l’invasion de l’Irak en 2003. Si ce plan criminel devait être mis en œuvre, nul doute qu’il rencontrerait une résistance massive de la population gazaouie. Enfin, l’accord imposé par Trump ne dit rien de l’oppression subie par les Palestiniens de Cisjordanie.

La Cisjordanie écrasée 

Tandis que l’attention du monde entier était concentrée sur les horreurs perpétrées à Gaza, le régime sioniste a intensifié ses manœuvres pour prendre le contrôle de la Cisjordanie. En janvier, l’armée israélienne a déclenché l’opération « Mur de fer », sa plus importante offensive dans cette région depuis des décennies. Le ministre de la Défense israélien, Israël Katz, a déclaré qu’il s’agissait d’« une guerre dans tous les sens du terme », et que les habitants de la région devaient être traités « exactement » comme ceux de Gaza.

L’armée israélienne a pris d’assaut Toulkarem, Jénine, Naplouse et Tubas. Ses troupes ont délibérément visé les infrastructures d’approvisionnement en eau et ont détruit des quartiers entiers, en interdisant à leurs habitants de revenir. Plus de 40 000 Palestiniens ont été chassés de chez eux. C’est le plus important déplacement forcé de population en Cisjordanie depuis la guerre des Six Jours en 1967.

Les agressions menées par les colons israéliens se sont multipliées. Plus de 200 villes et villages ont été la cible d’attaques depuis janvier. Itamar Ben Gvir, le ministre de l’Intérieur israélien, a facilité ces agressions en créant en Cisjordanie une unité spéciale de la police israélienne uniquement composée de colons. Devenus officiellement une partie intégrante de l’appareil répressif de l’Etat israélien, les colons peuvent agir en toute impunité.

Pendant que les colons armés sèment la terreur, l’Etat sioniste légalise le vol des terres palestiniennes. En mai, le gouvernement de Netanyahou a approuvé la création de 22 nouvelles colonies. Dans le même temps, il a annulé d’un trait de plume tous les titres de propriété foncière appartenant à des Palestiniens dans une zone représentant 60 % de la Cisjordanie.

En août, le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, s’est personnellement rendu dans une colonie de Cisjordanie pour présenter le « plan E1 », qui venait d’être approuvé par le gouvernement israélien. Il s’agit d’annexer une bande de terre de 12 km² reliant Jérusalem à la colonie de Ma’aleh Adumim, afin de couper en deux la Cisjordanie non encore colonisée. A cette occasion, Smotrich a déclaré que ce projet vise à « enterrer l’idée d’un Etat palestinien ».

Enfin, le 22 octobre, le Parlement israélien a voté une résolution visant à annexer l’ensemble de la Cisjordanie. En visite en Israël, le vice-président américain James David Vance a qualifié cette décision de « coup politique très stupide » et a affirmé qu’il la « prenait personnellement comme une insulte ». De fait, cette nouvelle provocation du régime israélien ne peut que déstabiliser un peu plus l’équilibre déjà vacillant de la région.

Un Frankenstein créé par les impérialistes 

Depuis sa création en 1948, l’Etat d’Israël a toujours été une tête de pont utilisée pour défendre les intérêts impérialistes au Moyen-Orient. En contrepartie, les impérialistes ont laissé la classe dirigeante israélienne opprimer les Palestiniens à sa guise. Aujourd’hui que leur créature a échappé à leur contrôle et sème la mort et le chaos dans toute la région, les impérialistes tentent désespérément de stabiliser la situation. Mais ils ne peuvent rompre avec Israël, car l’Etat sioniste reste leur point d’appui le plus solide au Moyen-Orient.

L’oppression des Palestiniens est la conséquence du capitalisme et de la domination du Moyen-Orient par les impérialistes. Pour mettre fin à cette horreur sans fin, il faut s’attaquer au système qui la produit. Pour nous, en France, cela signifie mener la lutte pour le renversement de notre propre classe dirigeante, complice et protectrice de ce régime génocidaire.

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