Dans la soirée du samedi 11 novembre, à Lyon, une réunion publique sur la guerre contre Gaza organisée par le Collectif Palestine 69 a été attaquée par un groupe fasciste. Pendant un quart d’heure, une quarantaine de fascistes ont tenté de prendre d’assaut la salle où se tenait la réunion à coup de barres de fer, de gaz lacrymogènes et de tirs de feux d’artifice. Sept personnes ont été blessées. Cette attaque a été revendiquée par le groupe fasciste lyonnais « Ouest Casual ».
Quelques heures plus tard, dans le Vieux Lyon, un groupe d’étudiants d’une école d’ingénieurs était la cible de jets de bouteilles vides depuis le premier étage du local fasciste « La Traboule ». Alors qu’ils tentaient de fuir, ils ont été rattrapés par les fascistes et tabassés. Une jeune fille de 17 ans a été battue à coups de canne et deux autres jeunes ont été blessés.
Encouragements médiatiques
Ces attaques sont les dernières en date d’une longue série d’agressions menées par des groupes fascistes, à Lyon. Ces dernières années, de nombreux militants de gauche ont été agressés. Des manifestations ont été attaquées, comme par exemple celle contre les violences sexistes, en novembre 2022. Des locaux associatifs ou politiques de gauche – mais aussi des restaurants de Kebab et des mosquées – ont été vandalisés.
Les attaques de samedi dernier ont eu lieu dans un contexte très particulier : depuis le 7 octobre dernier, les politiciens et la presse de la bourgeoisie mènent une intense campagne de propagande dirigée contre les immigrés, contre les musulmans et contre tous ceux qui s’opposent au massacre des Gazaouis par l’armée israélienne. Le 13 octobre, le chroniqueur Joseph Macé-Scaron affirmait ainsi sur C-News que « la France insoumise est la branche politique du Hamas ». Le 31 octobre, l’éditorialiste Pascal Perri dénonçait « l’antisémitisme couscous » sur LCI. Le même jour sur C-News, Arno Klarsfled expliquait que « beaucoup [de musulmans] travaillent sur les chantiers, ils ont accès à des explosifs, peuvent avoir accès à des armes à feu ». Dernier exemple pris parmi tant d’autres : le 9 novembre, Gaspard Proust jetait dans le même sac les fraudeurs du métro, les « fichés S, les délinquants multirécidivistes, les OQTF » et appelait à les envoyer « zigzaguer entre les figuiers de barbarie sur un bourricot qui boîte… ». Pour les fascistes, un tel déferlement de racisme est un encouragement à passer à l’offensive.
La passivité complice de l’Etat bourgeois
Face à ces attaques répétées, les organisations de gauche – de la FI à la « Jeune Garde » – multiplient les appels aux « pouvoirs publics » pour qu’ils interviennent et dissolvent les groupes fascistes. Cette politique est une impasse. D’une part, les dissolutions légales, lorsqu’elles sont prononcées, n’ont aucun véritable impact. Le groupuscule responsable de l’attaque de samedi dernier est l’héritier direct d’un groupe dissous il y a quelques années, qui descendait lui-même d’un autre groupe dissous un peu plus tôt. A chaque fois, les dissolutions – obtenues après des années de mobilisation de la gauche lyonnaise – se soldent par un simple changement du nom de l’organisation fasciste concernée.
D’autre part, et surtout, il est absolument illusoire d’attendre de l’appareil d’Etat bourgeois qu’il lutte sérieusement contre les organisations fascistes. Les attaques de samedi dernier en sont une nouvelle illustration. Le jour même, les fascistes ont déambulé une partie de l’après-midi en plein centre-ville, armés et cagoulés, sans rencontrer la moindre opposition de la part de la police. Puis celle-ci a été appelée à l’aide dès le début de l’attaque, mais lorsqu’elle est arrivée sur les lieux (au bout d’un quart d’heure), elle a commencé par menotter… des personnes qui avaient assisté à la conférence ! Seul un des agresseurs fascistes a été arrêté. Enfin, suite à l’agression d’étudiants dans le Vieux Lyon, aucun fasciste n’a été arrêté. Dans son communiqué, la police n’a même pas mentionné le local d’où sont sortis les agresseurs.
La vérité, c’est que l’appareil de l’Etat ne veut pas réprimer sérieusement ces groupes. D’une part, leurs membres se recrutent principalement parmi les enfants de la bourgeoisie et de la petite bourgeoisie lyonnaises. D’autre part, si la bourgeoisie elle n’a ni le besoin, ni la possibilité de mettre en place une dictature fasciste, elle considère les groupuscules fascistes comme d’utiles forces supplétives face à la gauche et au mouvement ouvrier. Conscients de leur impunité et encouragés par la propagande de la presse bourgeoise, les fascistes n’hésitent plus à revendiquer publiquement leurs attaques, comme ce fut le cas samedi dernier.
Au lieu d’alimenter des illusions dans l’Etat bourgeois, les organisations du mouvement ouvrier, y compris les syndicats, doivent prendre les choses en main. Les petits groupes fascistes ne font pas le poids face aux immenses forces numériques de la classe ouvrière. Ces forces doivent être organisées, mises en ordre de bataille et massivement mobilisées contre les organisations fascistes.