Comme nous l’annoncions dans le précédent numéro notre journal, le congrès fondateur de la « Fédération des étudiants marxistes » de Grande-Bretagne s’est tenu le 15 février dernier dans l’université SOAS de Londres. J’y participais comme invité.
70 camarades britanniques représentant vingt « cercles marxistes », à travers le pays, ont participé aux travaux du congrès. Depuis plusieurs années, ces cercles organisent très régulièrement, sur leurs campus respectifs, des réunions publiques sur des sujets théoriques (le stalinisme, la révolution russe, la théorie économique de Marx, etc.) ou sur des thèmes d’actualité nationale et internationale. Ils sont également impliqués dans la lutte pour une éducation publique et de qualité. Enfin, ces cercles marxistes s’efforcent de tisser des liens avec le mouvement ouvrier britannique, dans la perspective d’une lutte commune des travailleurs et des étudiants contre la régression sociale et le système capitaliste.
L’unification de tous ces cercles dans une fédération marxiste permettra de partager leurs expériences et de coordonner le développement de leur travail à l’échelle nationale.
L’actualité du marxisme
Le congrès s’est ouvert par une discussion sur le thème : « l’actualité du marxisme ». Les débats furent précédés d’un exposé de Fred Weston, rédacteur du site In Defense of Marxism. Fred a souligné que 131 ans après la mort de Karl Marx, les politiciens et les intellectuels bourgeois dépensent toujours beaucoup d’argent et d’énergie pour attaquer les idées du fondateur du socialisme scientifique. C’est bien la preuve qu’ils considèrent que ces idées sont un danger pour leur système ! Ce en quoi ils ont bien raison.
Depuis l’éclatement de la crise, en 2008, les gens cherchent des explications. Un nombre croissant d’entre eux – notamment dans la jeunesse – se tourne vers les idées du marxisme. Après tout, même des économistes bourgeois reconnaissent aujourd’hui que Marx avait raison (même s’ils s’empressent d’ajouter que ses conclusions révolutionnaires étaient fausses et dangereuses).
Le débat était très intéressant et a couvert beaucoup de sujets : la nature de la classe ouvrière contemporaine, la lutte contre les politiques d’austérité du gouvernement, la façon dont la Fédération des étudiants marxistes doit intervenir dans le mouvement ouvrier – et d’autres encore.
Internationalisme
Le marxisme est, par essence, un internationalisme. D’où la présence, lors de ce congrès, de représentants du mouvement étudiant d’autres pays – en l’occurrence d’Italie, du Chili, de France et du Kosovo. Les salutations révolutionnaires d’étudiants marxistes grecs, marocains, pakistanais, canadiens et américains ont également été lues à la tribune.
Après la pause de midi, les délégués internationaux ont rendu compte de la situation des mouvements étudiant et ouvrier dans leurs pays respectifs. J’ai pris la parole pour décrire la dégradation des conditions d’étude en France, notamment du fait des lois Fioraso et Pécresse, dans la foulée du « processus de Bologne ». Ces lois ont accéléré la mise en place d’un système universitaire à deux vitesses : un pour les pauvres – un autre pour les riches. J’ai également évoqué la lutte contre l’influence de l’extrême droite dans les facs. Les communistes ont le devoir de lutter fermement contre les idées fascistes et d’extrême droite.
La discussion a fait apparaître que les mêmes problèmes se posent aux jeunes et aux travailleurs dans tous les pays. La crise du capitalisme n’épargne personne.
Une motion de solidarité avec la révolution vénézuélienne – et contre la nouvelle tentative de renverser par la force le gouvernement démocratiquement élu – a été adoptée.
Perspectives
La troisième session portait sur le document Perspectives pour le mouvement étudiant. Scott Shaw, secrétaire du cercle marxiste de l’université de Sheffield, a introduit les débats. Il a rappelé toutes les attaques lancées par la coalition de droite au pouvoir contre l’Education nationale britannique : suppression des bourses lycéennes, augmentation des frais d’inscription à la fac, coupes dans les dépenses publiques affectées à l’éducation, etc.
Scott a ensuite évoqué le magnifique mouvement étudiant que ces mesures ont provoqué en 2010. Malheureusement, la direction du Syndicat National des Etudiants britanniques (NUS) n’avait pas mené de lutte sérieuse, à l’époque. Par ailleurs, elle n’avait aucune alternative à offrir au mouvement étudiant.
Cette alternative, c’est aux marxistes de la présenter. Plusieurs camarades des cercles marxistes seront délégués lors de la conférence nationale du NUS, en avril. Ils y présenteront des motions et des amendements en faveur d’une politique authentiquement socialiste. Ce sera un premier pas dans la lutte pour gagner le NUS au programme de la transformation socialiste de la société.
Scott a insisté sur le rôle très positif des cercles marxistes lors des grèves récentes des personnels des universités. Ils ont aussi activement soutenu des luttes des postiers, des pompiers et des travailleurs du métro londonien. La Fédération des étudiants marxistes fait partie intégrante d’un mouvement plus large contre la politique d’austérité du gouvernement.
Enfin, la dernière session était consacrée au rapport d’activité et à la structuration nationale des cercles marxistes. La motion présentée – sur la nécessité, notamment, de renforcer les liens avec le mouvement ouvrier – a été votée à l’unanimité.
L’ensemble du congrès était très enthousiasmant et s’est terminé, bien sûr, en chantant l’Internationale. Nous sommes très heureux de ce congrès, car la jeunesse est l’avenir du communisme.