Selon une enquête de l’Union Nationale des Etudiants de France (UNEF), cette rentrée universitaire voit le coût de la vie étudiante augmenter de 1,23 %. Cette hausse s’explique principalement par une augmentation du coût des transports et du logement dans de nombreuses villes, et notamment à Paris où l’encadrement des loyers n’est pas respecté, en particulier pour les « petites surfaces ».
Depuis 2012, le coût de la vie étudiante a augmenté de 9,7 %, alors que le candidat Hollande, en 2011 et 2012, annonçait faire de la jeunesse sa « grande priorité ». Le système d’aides sociales et de bourses est très loin de couvrir les dépenses de rentrée ou d’assurer des conditions de vie décentes tout au long de l’année. Les étudiants sont donc contraints de se tourner vers leurs familles (quand elles peuvent les aider) et/ou de se salarier et/ou de s’endetter. Selon l’UNEF, près d’un étudiant sur deux est contraint de travailler pendant l’année universitaire.
Les étudiants font peur au gouvernement
Si le gouvernement Hollande ne s’est pas attaqué frontalement à l’enseignement supérieur (par exemple en augmentant les frais d’inscription), c’est par ce qu’il redoutait que des mobilisations étudiantes fournissent l’étincelle d’une explosion sociale, comme ce fut le cas en mai 68. Pour tenter de désamorcer la mobilisation des étudiants contre la loi Travail, le gouvernement a même pris des mesures en faveur des conditions de vie et d’étude des étudiants, en avril dernier. Un nouvel échelon de bourse a été créé, qui porte le montant maximal des bourses de 456 à 550 euros par mois. Mais cela ne concerne qu’une petite minorité d’étudiants issus des familles les plus précaires, et ne leur permettra toujours pas de vivre décemment.
De même, le gouvernement a créé une « Aide à la Recherche du Premier Emploi », soit le prolongement des bourses pendant 4 mois pour les diplômés en insertion professionnelle. Mais dans un contexte de crise du capitalisme et de chômage massif, le prolongement des bourses s’apparente à un sursis de quelques mois – et ne concerne que les « diplômés », alors qu’environ un étudiant sur deux abandonne ses études avant d’avoir réussi à valider une licence.
La mobilisation contre la loi Travail
Malgré ces manœuvres du gouvernement, de nombreux étudiants – et lycéens – se sont mobilisés contre la loi Travail, surtout en mars et avril. Dans les Assemblées Générales (AG) d’étudiants, de très bons mots d’ordre ont été avancés : solidarité avec les travailleurs en lutte, défense des vacataires de l’université, un CDI pour tous… Dans plusieurs villes, les étudiants ont participé aux blocages organisés par les salariés. La nécessité d’une lutte commune des étudiants et des travailleurs s’est imposée d’emblée.
Cependant, force est de constater qu’il y avait moins de monde, dans les AG, que lors de mouvements précédents, comme lors de la lutte contre le CPE (2006). Cette fois-ci, le mouvement étudiant ne s’est pas réellement massifié. Différents facteurs peuvent l’expliquer. La politique gouvernementale de la carotte et du bâton – les « concessions » mentionnées ci-dessus n’empêchant pas une répression policière d’une rare violence – a sans doute eu des effets.
Mais c’est surtout du côté du mouvement lui-même qu’il faut chercher les raisons de sa relative faiblesse. De nombreux étudiants ne se retrouvaient pas dans les débats, le fonctionnement et certains mots d’ordre des AG, qui restaient souvent aux mains d’une minorité d’étudiants les plus mobilisés. Cette déconnexion entre la masse des étudiants et ses franges les plus militantes est un problème récurrent ces dernières années. Face à la faible participation des étudiants aux AG, en début de mouvement, des mots d’ordre déconnectés de la situation réelle sur les universités ont vu le jour. Des grèves et blocages de facs ont été votés par des AG réunissant à peine quelques centaines d’étudiants, alors que ce type d’actions suppose d’avoir d’abord gagné le soutien de la masse des étudiants. En conséquence, beaucoup d’étudiants ont simplement attendu, passivement, que les grèves et blocages se terminent. Ils n’ont pas participé au mouvement.
Enfin, la stratégie erronée des directions syndicales – et notamment la succession de « journées d’action » sans lendemain (lire p.6) – a sans doute eu un impact sur une couche importante d’étudiants, qui comprenaient que sans une mobilisation décisive de la classe ouvrière, le mouvement étudiant ne pouvait, à lui seul, faire reculer le gouvernement.
Le plus important est aujourd’hui de tirer les leçons et de faire un bilan de cette mobilisation, afin de préparer les combats à venir.