L’université de Nanterre (Paris 10) est l’une des facs qui accueillent le plus grand nombre d’étudiants en France : plus de 30 000 sont rattachés à cette université. Et elle reflète bien la politique d’austérité actuelle. En cette rentrée 2016, plus de 4000 heures de TD ont été supprimées. Cela aura irrémédiablement des conséquences sur les conditions d’étude. La direction de la fac souhaite favoriser les « cours » sur internet. Les étudiants concernés devront apprendre leurs cours tous seuls, sans aucun encadrement.
La direction opte également de plus en plus pour la sélection dès la première année. Un nombre important d’étudiants n’a pas pu s’inscrire dans les filières souhaitées, voire n’a pas pu s’inscrire à l’université. Les syndicats étudiants Unef et Solidaires ont recueilli et déposé plus de 200 dossiers d’étudiants concernés.
La filière STAPS (Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives) reflète de manière plus évidente encore les conséquences des décisions prises. Depuis la fermeture de la filière STAPS sur la fac de St-Quentin, la filière de Nanterre est totalement engorgée. Elle est incapable d’accueillir tous les étudiants qui auraient dû aller à St-Quentin. Ceux qui ne sont pas pris n’ont pas d’autre choix que de partir loin – ou de s’inscrire à Cergy, dans une école privée et donc... payante !
Des mesures « insuffisantes » ?
Ce n’est pas tout : la plupart des universités sont contraintes de fusionner avec d’autres, pour survivre économiquement. C’est le cas de Nanterre, qui va mutualiser certaines filières et cours avec Paris 8 (St-Denis). C’est pratique pour les budgets, mais moins pour les étudiants, qui risquent de faire le yoyo entre des cours à Saint-Denis et des cours à Nanterre. Or d’une fac à l’autre, il y a 40 minutes de transport. Malgré ces mesures, le remède austéritaire demeure insuffisant : un élu représentant la « commission budget » du Conseil d’Administration s’inquiétait, récemment : « il se pourrait que nous soyons en déficit en 2017 et en 2018 ». Au final, c’est le médicament qui va tuer le malade, et non la maladie !
La fac de Nanterre est tout sauf une exception. Les lois LRU et Fioraso ont marqué un recul important pour les conditions d’étude. Les facs sont plus « autonomes » vis-à-vis de l’Etat, c’est-à-dire qu’elles doivent chercher des financements privés. Avec l’augmentation du nombre d’étudiants d’un côté, et l’application de l’austérité de l’autre, les facs vont rapidement se retrouver devant une équation impossible à résoudre. Et ces attaques répétées ne pourront que susciter, à terme, la colère des étudiants.