Le service civique, créé par Nicolas Sarkozy en 2010, a été massivement développé sous le quinquennat Hollande, dans le but officiel de « renforcer la cohésion nationale » et « favoriser la mixité sociale ». Ce système propose aux jeunes des missions d’intérêt général dans les domaines liés à la culture, à l’éducation et au sport.
Comment cela se traduit-il en pratique ? Tout simplement par l’embauche de jeunes de 16 à 25 ans, pour 6 à 12 mois avec un temps de travail entre 24 et 48 heures par semaine, tout cela pour une « indemnité » nette de 577 euros par mois. Loin du civisme affiché, le service civique est utilisé pour dissimuler le chômage des jeunes, toujours aussi massif : 23,7 % des 15-24 ans en mars 2017. Par ailleurs, nombre des tâches assurées par ces jeunes en service civique le sont d’habitude par des professionnels (notamment dans l’animation et l’encadrement jeunesse), qui sont ainsi mis en concurrence avec des travailleurs non couverts par les lois du travail. On peut aussi remarquer que le service civique suppose l’abandon aux associations de missions auparavant dévolues à des services publics, dans l’éducation ou la culture, par exemple, et accompagne donc leur destruction.
Ce mécanisme permet en plus d’embaucher de la main-d’œuvre bon marché, payée à plus de 80 % par l’Etat sous couvert de solidarité. Une entreprise peut s’en servir et utiliser une association « écran » et faire travailler des « volontaires » aux frais de l’Etat.
Multiples bénéfices pour les employeurs, mais double peine pour les jeunes qui, faute de trouver du travail par la voie classique, sont obligés de postuler à des missions sous-payées pour se nourrir et acquérir une expérience, qui reste souvent peu valorisable sur un CV. En effet, le service civique est peu connu et est même souvent ignoré par la CAF, les agences immobilières ou les banques. Son indemnité est bien inférieure au seuil de pauvreté (1008 euros en 2014), ce qui ne permet une vie décente qu’aux volontaires vivant encore chez leurs parents. Or, 69 % d’entre eux ont déjà fini le lycée et sont soit étudiants, soit chômeurs, et donc souvent loin du domicile familial.
Derrière des atours solidaires et citoyens, le service civique n’est en fait qu’une nouvelle expression de la casse des droits sociaux. Pour la combattre, il faut unir dans la lutte les jeunes et les travailleurs !