A l’heure où les étudiants se mobilisent à travers le pays contre la sélection à l’université, les grandes écoles de commerce et de management se portent à merveille. Elles profitent d’un juteux partenariat avec l’Etat, qui en reconnaît 26. Elles sont privées et accessibles par concours, préparés en classes préparatoires (CPGE). Celles-ci sont publiques et dispensées – à quelques exceptions près – dans des lycées publics.
Pour les élèves de CPGE commerciales, chaque concours d’entrée coûte autour de 200 euros par école. Le concours d’entrée à l’ESSEC (Ecole Supérieure des Sciences Economiques et Commerciales) coûtait 170 euros en 2018. Mais ce ne sont là que les frais d’inscription au concours. Une fois admis, les étudiants doivent débourser plus de 14 000 euros par an (pour une formation en trois ans), puis 15 000 euros par an pour un master de deux ans.
Généralement, trois ans ne suffisent pas : pour être achevée, la formation à l’ESSEC demande plutôt quatre ou cinq ans. Or tant qu’une année n’est pas validée, l’étudiant doit en repayer les frais administratifs.
Comment s’y déroulent les études ?
Les cours à l’ESSEC font de cette école une illustration remarquable de l’empreinte du capitalisme sur l’enseignement. Les étudiants ont un nombre de crédits à miser sur chaque matière pour suivre leurs cours. Par exemple, les cours de management réclament une forte mise car ils sont très demandés, alors qu’on peut miser beaucoup moins sur les cours de japonais ! Sous couvert d’apprendre l’audace et « l’esprit d’entreprise » aux étudiants, l’école prend l’allure d’un casino.
L’ESSEC – qu’a dirigée le ministre de l’Education Nationale, Jean-Michel Blanquer – aime l’entreprise. Chaque année, elle organise un « incubateur » : le « Start-up shaker ». En 33 heures, les étudiants doivent monter un projet de start-up, prétendument pour « bousculer les géants du CAC 40 »...
Dénonçons aussi les méthodes de contrôle des étudiants : au-delà de deux absences (même justifiées) à un cours, ils sont sanctionnés de 4 points sur la note de leur partiel. Par ailleurs, les résidences de l’ESSEC sont très surveillées et ne permettent pas l’hébergement, même pour une nuit, d’autres personnes que les étudiants. Ces derniers sont donc confinés dans un environnement clos, où la cantine de l’école propose des tarifs bien plus élevés que dans d’autres écoles de commerce.
Contre une éducation qui n’est ouverte qu’aux privilégiés ! Pour une éducation gratuite, ouverte à tous et de qualité !