Pendant près de huit ans, les étudiants et les salariés de Paris 3 ont attendu leur nouveau campus, situé près de la Place de la Nation, dans le 12e arrondissement de Paris. En fin d’année dernière, une petite partie du déménagement a pu s’effectuer. Puis, à la rentrée, tous les étudiants s’attendaient à quitter le vieux campus amianté de Censier pour, enfin, profiter des locaux du nouveau campus de Nation. Mais leurs attentes ont été rapidement déçues.
Problèmes de salles et rentrée décalée
Dans un contexte économique déjà très difficile pour la jeunesse étudiante (qui a dû débourser 2527 euros pour cette rentrée, en moyenne), les étudiants de la Sorbonne Nouvelle ont été tardivement prévenus du fait que la rentrée serait décalée de deux semaines. Seuls 335 étudiants qui préparent les concours de l’enseignement ont fait leur rentrée début septembre. 10 900 étudiants et 850 doctorants n’ont pu arriver qu’à partir du 3 octobre. La raison ? La direction a « découvert » que le nouveau campus – avec ses 26 000 m² réparti sur sept niveaux, mis en valeur pour faire augmenter le nombre des inscriptions – n’est pas en mesure d’accueillir l’ensemble des étudiants inscrits à la Sorbonne Nouvelle. Par conséquent, une réorganisation générale des emplois du temps et des espaces a dû être décidée en urgence, ce qui a induit une surcharge de travail pour les employés administratifs et, surtout, une délocalisation des cours à l’autre bout de Paris.
Une partie des étudiants et des professeurs s’est vue imposer – via un simple mail de la Présidence – une délocalisation des cours à Puteaux, à la Cité Internationale Universitaire, mais aussi dans un lycée situé Porte de Vanves. Les étudiants concernés seront donc éloignés de leur campus, du restaurant universitaire (aux prix accessibles), ainsi que de la bibliothèque et des espaces de convivialité. Ils seront pénalisés sur un plan économique, mais aussi pédagogique : une doctorante du département des Etudes anglophones explique qu’on lui a demandé de n’envoyer que le PDF de son cours, selon le modèle d’enseignement en distanciel asynchrone. Cela renforce le risque de décrochage chez des étudiants qui espéraient suivre leurs études dans de bonnes conditions.
Malgré tout cela, la direction de l’université a maintenu la Contribution à la Vie Etudiante du Campus de ces étudiants, qui ont dû débourser 95 euros !
Les incidents se multiplient
Ce n’est pas tout. Pour ceux qui ont eu la chance de suivre les réunions de pré-rentrée dans les amphis tout neufs de l’université, les problèmes sont surtout venus du plafond. Le 12 septembre, une poutre est tombée au sol, juste à côté d’une étudiante choquée. Le 21 septembre, c’est une dalle métallique qui s’est détachée d’un faux plafond et a chuté dans un des bureaux. Après ces incidents, la colère monte parmi les étudiants et le personnel, qui craignent que la fac ne leur tombe sur la tête.
Les mails envoyés pour rassurer la communauté universitaire se multiplient. Le 28 septembre, le président de l’université, Jamil Jean-Marc Dakhlia, a tenu une conférence de presse pour expliquer que des enquêtes sont en cours et que la situation est sous contrôle. Or c’est loin d’être évident : à l’heure actuelle, deux amphithéâtres de 500 et 120 places, ainsi que la salle de spectacle, sont fermés pour des raisons de sécurité. Des travaux supplémentaires doivent y être réalisés, notamment pour répondre aux normes de désenfumage et de géothermie. Tous ces imprévus engendrent des dépenses : en plus du budget initial de 135,3 millions d’euros, une rallonge de 9 millions d’euros a d’ores et déjà été nécessaire.
Coupes budgétaires
La situation de la Sorbonne Nouvelle n’est pas un cas isolé. C’est une illustration éclatante de la dégradation générale des conditions d’études et de travail, en France, dégradation qui est la conséquence d’années de coupes dans les budgets de l’Education nationale et de l’Enseignement supérieur. Dans ce domaine comme dans tant d’autres, Macron a poursuivi la politique de ses prédécesseurs.
L’université doit être un lieu ouvert, gratuit et accessible à tous. Elle doit être un lieu de formation dans de bonnes conditions. Mais le capitalisme n’est plus capable de garantir de telles conditions. Dans le même temps, le patrimoine des plus fortunés augmente plus rapidement que la croissance mondiale.
Cette rentrée cauchemardesque et aggravée par l’inflation marquera les consciences de milliers de jeunes et de travailleurs. Pour sortir du cauchemar, il faut sortir du système qui l’engendre.