Plus aucun économiste sérieux – même parmi les plus « sarkopathes » – n’ose affirmer que les objectifs du petit Nicolas, en matière de croissance économique, seront atteints. Les historiens futurs retiendront que seuls deux individus auront continué d’y croire jusqu’au bout : Sarkozy lui-même et Christine Lagarde !
L’endettement de l’Etat s’aggrave. Le chômage est reparti à la hausse, avec 11 600 demandeurs d’emploi en plus au mois d’août. Pour le troisième semestre consécutif, les embauches d’intérim sont en recul. La baisse du nombre d’intérimaires est particulièrement sensible dans le secteur industriel, qui emploie plus de 47% des salariés de ce type. C’est l’une des conséquences de l’effondrement de la balance commerciale du capitalisme français, de la pénétration toujours plus forte du marché intérieur par des produits étrangers et de la stagnation persistante des investissements.
La demande intérieure, qui demeure relativement soutenue, est le seul facteur qui maintient la croissance du PIB au-dessus de 0%. C’est notamment dû à la hausse spéculative des valeurs immobilières, qui a contribué à améliorer la situation d’une fraction de la population en facilitant le recours à des emprunts bancaires. Mais pour la vaste majorité, le pouvoir d’achat ne progresse pas. Au contraire : la flambée des prix et des loyers, fortement accentuée depuis l’introduction de l’euro, ronge le niveau de vie des ménages.
Aux Etats-Unis, aussi, la spéculation immobilière sous-tendait la croissance de la consommation, jusqu’à ce que l’effondrement de ce marché plonge subitement des millions de citoyens américains dans les abîmes du surendettement et de la pauvreté. Tôt ou tard, la même chose se produira en France. Déjà, la hausse des prix place l’achat d’un logement hors de la portée de nombreux acquéreurs potentiels. Par le biais de ristournes fiscales, le gouvernement cherche à prolonger la folie spéculative le plus longtemps possible. Mais à terme, un retournement du marché immobilier français est inévitable, comme aux Etats-Unis. Et le moment venu, les conséquences se feront ressentir dans toutes les branches de l’économie nationale.
Au demeurant, le fossé qui sépare les riches des pauvres ne cesse de s’élargir. En 2006, les entreprises du CAC 40 ont réalisé 100 milliards d’euros de bénéfices. Les riches s’enrichissent au détriment du reste de la population. Si les profits augmentent, c’est parce que les conditions de travail, la précarité de l’emploi et le niveau des salaires se dégradent. Le capitalisme français n’est pas en train de gagner du terrain sur les marchés national et international. Au contraire, il en perd. L’augmentation des bénéfices provient des restructurations, des délocalisations et tous les autres moyens par lesquels les capitalistes augmentent le taux d’exploitation des salariés.
Toutes les associations et officines publiques impliquées dans la gestion de la « grande misère » s’accordent à dire que le nombre de pauvres augmente et que le degré de pauvreté s’aggrave. Depuis la grande dépression des années 30, on n’avait jamais vu autant de personnes vivant – ou survivant – dans la rue, dans des sous-sols, dans des parkings, sous des ponts, sous des tentes et autres abris de fortune.
Le PS : une opposition « loyale »
Le capitalisme mène la société dans une impasse. Jamais la défense des idées et du programme du socialisme n’a été aussi nécessaires. Le problème fondamental auquel nous sommes confrontés, c’est que face aux assauts du patronat et du gouvernement, les travailleurs ont été politiquement désarmés. Les dirigeants des organisations qui sont censées défendre leurs intérêts se sont engagés dans une course vers le « réalisme » – c’est-à-dire la capitulation face à la réalité capitaliste. Sarkozy n’aurait jamais gagné les élections si les dirigeants du Parti Socialiste n’étaient pas aussi imprégnés d’idées bourgeoises et pro-capitalistes.
A l’université d’été du PS, à La Rochelle, les dirigeants du parti se sont succédés à la tribune pour clamer haut et fort leur attachement au système capitaliste, qui, pour eux, « est aussi naturel que de respirer », selon les termes de Ségolène Royal. « Comment peut-on encore douter du ralliement du PS à l’économie de marché », disent-ils, « quand Dominique Strauss-Kahn se trouve à la tête du FMI » ? Ainsi, les dirigeants du PS cherchent à se positionner comme une « opposition loyale », sans risque pour les capitalistes. En somme, ils n’ont rien à proposer aux travailleurs, mais s’adressent à la classe capitaliste en lui disant : « Vous pouvez nous faire confiance. Nous ne porterons jamais atteinte à vos intérêts. Et si jamais Sarkozy et l’UMP se trouvent en difficulté, nous sommes à votre disposition pour prendre la relève. »
Avec la droite au pouvoir et la faillite politique de la direction du Parti Socialiste, la voie parlementaire et « institutionnelle » est, dans l’immédiat, bloquée. En conséquence, la stagnation économique, la persistance et l’aggravation du chômage, la pression constante contre les conditions de vie des travailleurs, le harcèlement des immigrés et des pauvres – tout cela débouchera sur des mobilisations extra-parlementaires. La manipulation et l’intimidation médiatiques, l’utilisation de « l’opinion publique » pour décourager et diviser les travailleurs peuvent avoir un certain effet. Mais cet effet ne peut être que temporaire. L’avenir nous réserve des manifestations, des grèves, des luttes implacables, des émeutes et bien d’autres expressions de la révolte populaire. Cependant, cela ne suffira pas à résoudre les problèmes. Avant tout, il est nécessaire de gagner les travailleurs et les jeunes, à commencer par les plus militants, les plus politiquement conscients, aux idées et au programme du marxisme.
A cet égard, le PCF peut et doit faire face à ses responsabilités. La situation actuelle lui offre d’immenses possibilités. Mais il faut réorienter sa politique, changer son programme. Le PCF doit être de tous les combats pour défendre les travailleurs, pour les aider et les renforcer dans leurs luttes. Mais en même temps, l’axe central de politique du PCF doit consister à expliquer la nécessité d’exproprier les capitalistes, de mettre fin à leur emprise sur les banques, sur l’industrie, sur le commerce et sur l’économie en général. En un mot, le PCF doit redevenir un parti révolutionnaire, un parti marxiste, un parti qui ne se limite pas à dénoncer et critiquer le capitalisme, mais qui lutte pour la réalisation du socialisme.