Les « Marches pour le climat » du 8 septembre, auxquelles ont participé plus de 100 000 personnes, prouvent qu’un nombre croissant de jeunes et de salariés se préoccupent des questions environnementales. Ils exigent un changement des politiques gouvernementales dans ce domaine. Ces mobilisations marquent aussi une étape importante dans la prise de conscience du fait que le capitalisme est incapable de mener une réelle « transition écologique ».
En réaction à ces mobilisations, les capitalistes répliquent en insistant sur la prétendue responsabilité des individus. Ils cherchent à faire culpabiliser tout un chacun, pour détourner nos regards des véritables responsables. Ainsi, le 8 septembre, le vieil idéologue réactionnaire Jacques Attali écrivait au sujet des Marches pour le climat : « Combien de ces manifestants sont végétariens ? Combien ont banni l’usage du plastique ? Combien trient leurs déchets ? Combien vérifient qu’ils ne consomment aucun objet ou service dont la production est gaspilleuse d’énergie ? Combien sont "positifs" ? »
Rappelons à Mr. Attali que selon l’Agence Internationale de l’Energie, la part des ménages dans la production mondiale de gaz à effet de serre est de 22 %. Ce n'est donc pas la principale source du réchauffement climatique. Par ailleurs, les comportements individuels ne peuvent pas être la clé pour résoudre les problèmes environnementaux. Les appels moralistes au comportement « éco-responsable » entrent en contradiction directe avec la situation matérielle des travailleurs, qui leur est imposée. Par exemple, beaucoup de salariés sont obligés de se rendre à leur travail en voiture, faute d'un bon réseau de transports publics leur offrant une alternative viable et bon marché. De même, il serait naïf de penser que tout le monde a accès aux meilleurs produits. Les travailleurs touchant le Smic peuvent-ils « choisir » d’acheter seulement du « bio » et de rouler en voiture électrique ? Leur choix est nécessairement limité par les ressources dont ils disposent. Or on sait que les produits les plus abordables sont rarement les plus « éco-responsables ».
Le saccage de l'environnement et le réchauffement climatique sont d'abord et avant tout des conséquences du système capitaliste. La course au profit qui caractérise ce système est organiquement incompatible avec les préoccupations environnementales. Par exemple, il faudrait investir des sommes colossales dans les énergies renouvelables. Mais de tels investissements seront beaucoup moins profitables, à court terme, que l'exploitation actuelle des énergies fossiles. Or le grand Capital va où il y a du profit à faire, comme un requin attiré par l'odeur du sang. Les capitalistes ne s'intéressent aux questions environnementales que dans la mesure où ils peuvent en retirer un profit – ou s'en servir de prétexte pour taxer davantage les travailleurs. Ainsi en va-t-il, par exemple, de la « taxe carbone », qui a pour seul effet de renchérir le prix des marchandises. De même, la société e-loue a profité en 2015 de la restriction de l’automobile à Paris pour y louer des véhicules habilités à y circuler.
Le programme de la France insoumise affirme la nécessité d’une planification écologique. Nous sommes d'accord. Mais une planification écologique ne sera possible que sur la base d'une planification économique, sous le contrôle démocratique de la population. Cela suppose l'expropriation des grands capitalistes des principaux secteurs de l'économie : énergie, transports, banques, industrie, grande distribution et agro-alimentaire. Bref, la planification écologique ne sera possible que dans la foulée d'une révolution socialiste.