Le 12 mai dernier, se tenaient les épreuves de spécialité SES [1] du baccalauréat. Cette année, il s’agissait – une fois de plus – de bien réciter la scolastique libérale et de « montrer » en quoi « l’innovation peut aider à repousser les limites écologiques de la croissance », mais aussi que « l’action des pouvoirs publics en faveur de la justice sociale peut avoir des effets pervers », ou encore que « l’approche en termes de classes sociales pour rendre compte de la société française peut être remise en cause ».

Avec de tels sujets, il est difficile de développer une réflexion un tant soit peu critique de l’ordre établi. Qu’importe : depuis la réforme imposée par Jean-Michel Blanquer en 2018, les programmes de SES ont été expurgés de nombreuses thématiques – telles que les inégalités ou les classes sociales – pour correspondre aux attentes de la « start-up nation ». Les nouveaux programmes font la part belle à l’économie (de marché) au détriment de la sociologie. Les élèves sont invités à ingurgiter passivement les théories des économistes bourgeois. 

Les sujets du bac SES 2022 sont en phase avec les contre-réformes promues par l’ancien ministre de l’Éducation nationale. Ce dernier était profondément détesté par une majorité d’enseignants, ce qui a contraint Macron à ne pas le reconduire. Son remplaçant, l’historien Pap Ndiaye, est présenté comme « de gauche ». Avec cette nomination, Macron réalise un de ces petits « coups de com » dont il a le secret. En réalité, M. Ndiaye appliquera la même politique que son prédécesseur : la casse de l’enseignement public, pour réduire toujours plus son « coût » et répondre aux exigences du patronat. 


[1] Sciences économiques et sociales.

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