En novembre dernier, le niveau estimé du risque de diffusion de la grippe aviaire est passé de « modéré » à « élevé », après être passé en octobre de « négligeable » à « modéré ». Cette rapide évolution marquait la fin de l’accalmie qui avait suivi la terrible saison 2021-2022, marquée par près de 1400 foyers de contamination et plus de 20 millions de bêtes abattues.
Chaque année, depuis 2017, la France connaît un épisode de grippe aviaire. Il est toujours plus intense. Le virus est désormais endémique dans la faune sauvage française. Le processus est simple : les grandes exploitations agro-industrielles où s’entassent des milliers de volailles servent de clusters, et les transports réguliers de ces bêtes et les déplacements des professionnels diffusent le virus. C’est ce que prouve la concentration des foyers de contamination dans l’Ouest du pays, où sont aussi concentrées les grandes exploitations.
Les différents gouvernements de Macron ont tous suivi la même « méthode » : la « mise à l’abri » des bêtes, c’est-à-dire le confinement des exploitations en plein air, et l’abattage préventif du cheptel de nombreux élevages sains. Ce sont surtout les petits paysans qui trinquent, car ils sont majoritaires dans l’élevage en plein air. La grande industrie agro-alimentaire est épargnée, alors qu’elle est la première responsable de l’extension de l’épidémie.
Par ailleurs, si les abattages préventifs sont indemnisés, il n’en résulte pas moins une pénurie de jeunes têtes, ce qui empêche les éleveurs – qu’ils soient touchés ou non par l’épidémie – de reconstituer leurs élevages.
Au demeurant, ces mesures ont des effets sanitaires très douteux. En 2021-2022, l’épidémie s’est même accélérée après leur mise en place. Le virus touche aussi les oiseaux sauvages, notamment migrateurs, et franchit donc les frontières nationales.
Cette année, la mesure de « mise à l’abri » a été prise sans que l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire et de l’Alimentation ait pu examiner les données de l’épidémie. L’objectif des mesures gouvernementales est clair : il ne s’agit pas tant d’éradiquer le virus que de l’endiguer temporairement, tout en protégeant autant que possible les profits de l’agrobusiness.
En France, 80 % de la production de volailles est « intensive » : il s’agit de véritables fermes-usines où les animaux sont entassés dans des conditions sanitaires déplorables, ce qui favorise les épidémies, mais rapporte des fortunes à quelques multinationales. Seule une planification démocratique de la production agricole permettra d’en finir avec cette situation et de garantir à tous une alimentation de qualité.