Dans une interview télévisée, le 26 octobre dernier, Macron se félicitait : « le taux de pauvreté ne s’est pas aggravé », en France, pendant la crise sanitaire. Cette affirmation reposait sur un seul chiffre – le pourcentage de personnes vivant sous le seuil de pauvreté – au détriment de tous les autres, dont celui-ci : plus de 1,4 million de personnes échappent aux statistiques de l’Insee. Par ailleurs, le taux de pauvreté est une donnée générale qui, souvent, cache des évolutions très importantes. [1]
Au seuil de la 38e campagne d’hiver des restos du cœur, fin novembre, son président signalait « une augmentation de 12 % des personnes inscrites et accueillies depuis avril dernier », dont « 15 % de familles supplémentaires ». Lors de la 37e campagne d’hiver (2021-2022), la fréquentation des restos du cœur avait déjà augmenté. 1,2 million de personnes y ont eu recours, dont un tiers pour la première fois. La moitié des bénéficiaires avaient moins de 25 ans, dont 110 000 enfants de 0 à 3 ans, un chiffre en hausse de 25 % par rapport à la campagne précédente.
De son côté, dans un rapport publié le 2 novembre dernier, Oxfam souligne qu’un million de personnes sont tombées dans la pauvreté pendant la crise sanitaire. Un étudiant sur deux déclarait ne pas toujours manger à sa faim. Par ailleurs, les 20 % les plus pauvres ont perdu 2 milliards d’euros d’épargne, cependant que les 10 % les plus riches en ont accumulé 25 milliards de plus.
Plus de 17 % de la population française – soit 11 millions de personnes – vit sous le seuil de pauvreté, c’est-à-dire avec moins de 1102 euros par mois. 5,5 millions de personnes vivent avec moins de 885 euros par mois. Comme toujours, les femmes sont les plus durement touchées : 40 % des mères célibataires et 70 % des mères sans emploi vivent sous le seuil de pauvreté. 35 % des personnes en situation de grande pauvreté sont mineures.
Pendant ce temps, Macron s’auto-congratule.
[1] L’Insee fixe le seuil de pauvreté à 60 % du salaire médian. Il définit la « grande pauvreté » par le cumul de deux critères : des revenus inférieurs à 50 % du salaire médian et « au moins 7 privations dans la vie quotidienne, sur une liste de 13 ».