Depuis le 1er janvier 2023, l’emblématique timbre rouge n’existe plus. Il n’est désormais plus possible d’envoyer par ce moyen un courrier prioritaire avec l’assurance qu’il sera distribué dès le lendemain. A la place, La Poste a mis en place une « e-lettre rouge », qui suppose une démarche en ligne – ou d’aller faire scanner son courrier en agence postale.
Les timbres rouges en circulation peuvent toujours être écoulés, mais le courrier mettra désormais jusqu’à trois jours pour arriver à destination.
Avec ce passage au numérique, La Poste prétend répondre à « l’évolution des usages des clients ». Dans les faits, cela réduira encore l’accessibilité du service postal auprès de toute une partie de la population, notamment les plus âgés, qui ne maîtrisent pas toujours les outils numériques ou ne disposent pas de l’équipement informatique adéquat. Ce sont les mêmes qui sont déjà les plus impactés par la destruction des services publics de proximité.
Comme le note la CGT FAPT, la direction de La Poste, une fois de plus, « priorise la productivité sur la qualité du service et le service public ». De fait, l’objectif réel de la suppression du timbre rouge est classique : faire de nouvelles économies.
Depuis mars dernier, La Poste teste aussi la suppression des tournées quotidiennes dans 68 zones. Sous couvert d’une adaptation à la baisse du volume du courrier (qu’elle encourage elle-même), la direction de La Poste prépare la suppression de milliers d’emplois. Ces réorganisations auront pour conséquence une détérioration des conditions de travail des facteurs, car si le volume du courrier diminue effectivement, il y a toujours autant de boites aux lettres. Donc la charge de travail globale des facteurs, qui sont de moins en moins nombreux, ne diminue pas dans les mêmes proportions.
Destruction méthodique
Cela fait des décennies que La Poste mène une politique de privatisation de ses services. Depuis 2011, les activités de courrier sont ouvertes à la concurrence. De nombreux bureaux de poste, surtout dans les territoires ruraux, ont été fermés parce qu’ils étaient insuffisamment rentables. Le rôle social de La Poste, sa fonction de service public maillant l’ensemble du territoire, a été brisé au profit d’une gestion libérale : l’usager est devenu un client et la profitabilité l’objectif central.
Avec la fin du timbre rouge, La Poste poursuit sa politique de destruction de ses missions de service public. Des innovations telles que le timbre numérique – sans suppression du timbre classique – pourraient être utiles si elles servaient à réduire la charge de travail des facteurs et à leur dégager du temps pour d’autres missions utiles aux usagers. Mais pour cela, il faudrait une Poste qui se donne comme objectif d’assurer un service public de qualité et ne sacrifie pas ses missions et les conditions de travail de ses agents sur l’autel de la rentabilité. Ce qui implique de renationaliser intégralement La Poste et de la placer sous le contrôle démocratique de ses salariés.