Le 22 juin était un jour de colère à Argenteuil. Une foule silencieuse d’un millier de personnes s’est rassemblée devant la sous-préfecture pour dénoncer une recrudescence d’actes islamophobes dans la ville. Le 13 juin, Leila, une jeune femme habitant la ville, s’est fait lâchement agresser par deux hommes âgés de 20 à 30 ans. La jeune femme était voilée. Durant son agression, elle a crié aux deux hommes qu’elle était enceinte de quatre mois. L’un des deux hommes lui a alors donné un coup de coude au ventre avant de s’enfuir avec son acolyte. Quelques jours plus tard, Leila a perdu l’enfant qu’elle portait.
La veille, une adolescente en niqab, Sofia, a subi un contrôle « musclé » de deux policiers. Une foule d’une soixantaine de personnes s’est alors formée autour de la scène – et un début d’émeute a éclaté. Les deux policiers ont appelé des renforts et ils ont été rejoints par plusieurs dizaines de leurs collègues qui ont fait usage de flash-balls et de gaz lacrymogènes sur la foule, allant jusqu’à asperger de ce gaz toxique des enfants en bas âge dans des poussettes. Le 20 mai déjà, Rabia, une jeune femme portant le foulard, avait été sauvagement tabassée par deux hommes, à tel point qu’elle a été déclarée en incapacité temporaire totale par le médecin qui l’a examinée.
« Cela fait quelques années que j’habite ici, et on entend de plus en plus de propos injurieux envers les musulmans », témoigne Karina Helary, 42 ans. « Personnellement, je commence à avoir peur de tout ce qu’il se passe », ajoute-t-elle. « Ces actes racistes et islamophobes ne sont plus supportables », lance Mohamed Chanaï, militant associatif local. Selon lui, ces faits « doivent être pris en compte, dénoncés au plus haut niveau de l’Etat et faire l’objet de mesures spécifiques ».
Mais de telles mesures se font attendre. Les autorités demandent aux victimes de ne pas ébruiter l’affaire et se contentent d’ouvrir des informations judiciaires avec le risque évident qu’à chaque fois l’affaire soit classée sans suite. Les habitants se sentent tellement peu aidés qu’ils se sont constitués en comités d’autodéfense, à juste titre. Le mouvement ouvrier doit leur apporter son soutien.
Ces actes barbares contre la population musulmane d’Argenteuil se caractérisent par leur violence extrême et leur lâcheté, car à chaque fois on s’attaque aux éléments les plus fragiles de cette communauté. Sous couvert de « défendre la laïcité », des individus appartenant à des groupuscules fascistes de plus en plus actifs sur la scène nationale lâchent leur haine contre des jeunes femmes sans défense. Cette situation n’est pas sans rapport avec l’islamophobie d’Etat initiée par l’ex-président Sarkozy, qui a instrumentalisé la question du voile musulman pour détourner l’attention du public de sa politique au service du patronat.
Les militants communistes et syndicaux d’Argenteuil et de toutes les villes où la communauté musulmane est menacée doivent soutenir et intégrer les comités d’autodéfense qui se constituent. Lorsque la communauté musulmane est attaquée, c’est toute la classe ouvrière dans sa diversité qui est visée.