La troisième édition de l’Ecole francophone de la Tendance Marxiste Internationale (TMI) s’est tenue près de Genève, en Suisse, les 14 et 15 décembre derniers. Plus de 70 militants et sympathisants de la TMI – venus de Suisse, de France et de Belgique – ont profité de ces deux journées pour partager leur expérience et se former politiquement.
La TMI accorde une place centrale à la formation théorique de ses militants. Il est impossible de combattre sérieusement le capitalisme sans d’abord le comprendre, c’est-à-dire l’analyser scientifiquement. Comme l’écrivait Lénine : « sans théorie révolutionnaire, pas de mouvement révolutionnaire ». L’efficacité de nos actions militantes en dépend, mais aussi notre capacité à construire une organisation solide, qui résiste aux pressions idéologiques du système capitaliste.
Le rôle du parti
Le samedi matin a débuté par deux ateliers complémentaires : l’un sur le rôle du parti révolutionnaire dans la lutte contre le capitalisme ; l’autre sur les différences entre le marxisme et l’anarchisme.
La question du parti est justement l’une des grandes divergences entre marxisme et anarchisme. Pour les marxistes, l’expérience du mouvement ouvrier international a démontré la nécessité, pour les travailleurs, de disposer d’une organisation ayant assimilé les leçons des luttes passées – et capable d’élaborer, sur cette base, un programme et une stratégie solides. Ainsi, c’est l’existence du parti bolchevik qui a permis aux travailleurs russes de prendre le pouvoir – à travers leurs soviets (« conseils ») – en octobre 1917. Inversement, c’est l’absence d’un parti de type bolchevik qui a déterminé les défaites des révolutions espagnole (1931-38), chilienne (1970-73) et allemande (1918-23), pour ne citer que ces exemples parmi bien d’autres.
Perspectives mondiales et thèmes historiques
L’après-midi, nous avons débattu en séance plénière des « perspectives mondiales », c’est-à-dire de la situation économique, politique et sociale à l’échelle internationale. L’imminence d’une nouvelle récession mondiale et les explosions révolutionnaires dans de nombreux pays (Chili, Irak, Liban, etc.) étaient au cœur des discussions. Cette séance a aussi analysé le rôle croissant de la jeunesse dans les mobilisations sociales, notamment sur la question du climat.
En fin d’après-midi, les deux ateliers portaient sur des thèmes historiques : d’une part la guerre d’Algérie, d’autre part la grande Révolution française de 1789-94 – révolution bourgeoise par excellence, mais dans laquelle on peut puiser d’importantes leçons pour nos luttes actuelles et à venir.
Après une collecte record (1 400 €), la soirée a permis aux participants de discuter dans un contexte plus festif et informel, avec notamment un tour de chants révolutionnaires.
La violence, l’Etat et Léon Trotsky
Le lendemain matin, un atelier a abordé la question de la violence, qui est d’actualité en ces heures de violences policières. L’autre atelier abordait un sujet complexe : le bonapartisme. Pour les marxistes, ce terme désigne un régime politique dans lequel l’Etat s’émancipe – dans une certaine mesure – de la tutelle immédiate de la classe dirigeante, tout en continuant à servir ses intérêts. C’est le type de régime qui existe actuellement en Iran ou en Chine (entre autres). La montée des mobilisations révolutionnaires nous oblige à étudier sérieusement ce phénomène.
L’école s’est conclue, le dimanche après-midi, par une séance plénière sur Léon Trotsky. Les idées du grand révolutionnaire russe sont souvent caricaturées, voire falsifiées, par les historiens bourgeois ou staliniens. Après avoir été l’un des dirigeants de la révolution d’octobre 1917, puis le chef de l’Armée rouge, Trotsky a été le plus important animateur de la lutte contre le stalinisme en URSS et à l’échelle internationale. Il l’a payé de sa vie.
Au-delà de son rôle de formation, cette école a aussi été l’occasion de démontrer l’enthousiasme et l’optimisme des camarades, deux éléments sans lesquels il est impossible de construire une organisation révolutionnaire à la hauteur des événements qui nous attendent.