En 2012, le Parlement mexicain a voté une loi réformant de fond en comble le système scolaire. Jusqu’alors, la Constitution mexicaine donnait un pouvoir très étendu aux enseignants dans la conception des programmes, la répartition des effectifs d’élèves et l’organisation logistique de l’enseignement. La contre-réforme mise en œuvre par le gouvernement de droite de Peña Nieto visait à détruire ce fonctionnement, à l’image de ce qui existe aux Etats-Unis : gestion centrale du système scolaire par les Etats fédéraux et relégation des syndicats à un rôle consultatif, et non plus décisionnaire.
Pour décourager la mobilisation contre cette loi, le gouvernement avait fait arrêter la principale dirigeante du CNTE, le syndicat majoritaire chez les enseignants. Mais cette manœuvre avait échoué et une lutte intense s’était alors engagée, ponctuée par des assassinats et des enlèvements perpétrés impunément par la police. Après des mois de lutte courageuse, la combativité des grévistes, isolés, a été temporairement brisée. Des milliers de professeurs ont dû payer de leurs emplois leur refus d’appliquer la réforme.
Cependant, en juin 2016, le combat contre cette réforme a repris de l’ampleur, relancé par la mobilisation contre la privatisation du secteur pétrolier. La grève des travailleurs du pétrole et des enseignants a réactivé l’opposition générale au gouvernement du PRI. Celui-ci a adopté de très nombreuses contre-réformes, ces dernières années, menant à la privatisation de biens publics et à une précarisation de l’emploi toujours plus grande.
Face à un tel mouvement de contestation, le président Peña Nieto a appliqué des méthodes extrêmement répressives : attaques des cortèges et des piquets de grève, utilisation de groupes de chocs pour provoquer les manifestants, arrestation et mise en examen de militants et de dirigeants syndicaux. Plusieurs militants du CNTE ont de nouveau été arrêtés et la menace d’une arrestation plane encore sur de nombreux autres, parmi lesquels nos camarades de la Izquierda Socialista, la section mexicaine de la TMI. Mais rien n’y a fait : la classe ouvrière mexicaine ne cédait pas. Alors, à un mois de la saison touristique, le gouvernement a voulu coûte que coûte briser le mouvement. Début juin, la répression a pris une tournure dramatique.
Oaxaca, cible privilégiée
Depuis plusieurs semaines, la ville de Nochixtlan, dans l’Etat d’Oaxaca, était le théâtre d’une puissante mobilisation unitaire des professeurs et des ouvriers du pétrole, mais aussi des paysans, des lycéens, des étudiants et des mineurs. Le gouvernement a décidé de concentrer la répression sur cet Etat, en raison de son rôle dans l’insurrection de 2006, pendant laquelle « la Commune d’Oaxaca » avait échappé au contrôle du gouvernement, pendant plusieurs mois.
Face à cette menace, les travailleurs de Nochixtlan ont cherché à protéger leur ville, bloquant les autoroutes pour empêcher l’arrivée de renforts policiers. La police mexicaine a réagi en ouvrant le feu sur les habitants avec des armes de guerre. Les tirs ont fait au total 8 morts et 60 blessés, dont 30 graves. Une vingtaine de personnes ont disparu. Les habitants qui cherchaient à emmener les blessés à l’hôpital en ont étés refoulés. Les autorités avaient donné l’ordre de soigner en priorité les policiers. Parmi les 8 morts, plusieurs auraient pu être sauvés sans cette complicité de l’administration hospitalière.
Comme souvent, ce massacre organisé par le gouvernement, pour briser le mouvement, a eu l’effet inverse : les travailleurs agricoles de la vallée de San Quitin, par exemple, ont annoncé leur soutien à la grève des professeurs.
Dix ans après le mouvement insurrectionnel de 2006, la crise du capitalisme mexicain prépare de nouvelles explosions de la lutte des classes dans ce pays aux grandes traditions révolutionnaires. La convergence des luttes contre l’ennemi de classe commun – la bourgeoisie nationale corrompue et ses maîtres impérialistes – doit être mise à l’ordre du jour. C’est ce que promeuvent nos camarades mexicains d’Izquierda Socialista.
Solidarité internationale avec les travailleurs et les paysans pauvres du Mexique !
A bas la répression ! Pour la libération immédiate de tous les syndicalistes !
Unité dans la lutte ! A bas le régime assassin de Peña Nieto !