Ramon Muchacho, dirigeant du parti vénézuélien de droite Primero Justicia, a animé le 4 novembre dernier une conférence de presse de son parti, au cours de laquelle il a prétendu que notre camarade Alan Woods (photo) était « le principal conseiller idéologique » du Président Hugo Chavez et le « principal idéologue » du PSUV. S’appuyant sur l’un des nombreux articles d’Alan Woods sur le Venezuela, Muchacho a affirmé que la politique actuelle du gouvernement bolivarien, et notamment les récentes expropriations, est une conséquence des « conseils » d’Alan.

Cette conférence de presse a été diffusée sur Globovision (la plus grosse chaîne TV de l’opposition) et a été suivie par une avalanche d’articles, dans la presse de droite, reprenant la thèse de Muchacho. La vidéo de cette conférence de presse est disponible, en deux parties, ici et ici (en espagnol).

Alan Woods, dirigeant de la Tendance Marxiste Internationale et de la campagne Pas touche au Venezuela !, a répondu à ces mensonges par un long article et un communiqué de presse, qui ont été largement diffusés par la presse bolivarienne. Dans son communiqué de presse, Alan explique qu’« il n’y a pas un atome de vérité dans les affirmations » de Muchacho. « Je ne suis pas et je n’ai jamais été un conseiller, formel ou informel, du Président de la République Bolivarienne. Je ne conseille ni Chavez ni personne d’autre. J’exprime simplement mes opinions, que chacun est libre de partager ou de ne pas partager. Et j’ai autant le droit d’exprimer mes opinions sur le Venezuela que Mr. Muchacho a le droit d’exprimer ses opinions sur Alan Woods – ce qu’il a fait, avec beaucoup d’imagination. »

Alan poursuit : « J’ai beaucoup écrit sur le Venezuela, d’un point de vue marxiste. J’ai systématiquement défendu le Président Chavez contre les attaques calomnieuses dont il est l’objet de la part des impérialistes et de l’opposition contre-révolutionnaire. Je soutiens fermement la révolution vénézuélienne. Mais je suis complètement indépendant du gouvernement vénézuélien – comme de tout autre gouvernement. […]

« Tout en forgeant des légendes sur des "conseillers étrangers de Chavez", l’opposition ne dit rien du rôle de CNN et des médias bourgeois qui, à l’échelle internationale, organisent depuis une décennie une violente campagne de mensonges et de diffamations contre le Président Chavez, y compris par des appels à le renverser ou à l’assassiner. Ce genre d’interférence dans les affaires internes du Venezuela rencontre l’approbation enthousiaste de l’opposition vénézuélienne.

« J’en profite pour rappeler que si un journaliste de Grande-Bretagne ou des Etats-Unis appelait au renversement violent des gouvernements de ces pays, ou encore à l’assassinat de leur chef d’Etat, il devrait immédiatement en répondre devant la Justice.

« Mr. Muchacho prétend que je souhaite pousser le Venezuela vers un "communisme" du type de l’ex-URSS. C’est encore un mensonge. Le peuple vénézuélien décidera de son modèle de socialisme suivant sa volonté, son histoire, ses traditions et son caractère national propres. En outre, j’ai toujours été opposé à la caricature bureaucratique et totalitaire de socialisme que Mr. Muchacho appelle – incorrectement – "communisme".

« Je suis partisan du socialisme démocratique, fondé sur le contrôle démocratique et la participation des travailleurs à tous les niveaux de l’économie et de l’Etat. A l’inverse, l’attachement de Mr. Muchacho et de l’opposition vénézuélienne à la démocratie n’est pas aussi clair. Ils n’ont jamais accepté la volonté populaire – et ne l’acceptent toujours pas.

« L’opposition prétend "défendre la Constitution". Mais en avril 2002, le premier acte des putschistes contre-révolutionnaires fut d’abolir la Constitution et d’arrêter les ministres du gouvernement démocratiquement élu. Tout le monde sait que ce coup d’Etat était activement soutenu par l’opposition et FEDECAMARAS [le principal syndicat patronal vénézuélien. ndt].

« Le dirigeant de Primero Justicia prétend défendre la classe moyenne et déclare que les marxistes (et par implication, Chavez) veulent "tout nationaliser". C’est un autre mensonge. Je défends la nécessité d’exproprier les grands propriétaires terriens, les banques et les grands capitalistes : c’est la seule façon de défendre la révolution. Mais je suis opposé à l’expropriation des petites entreprises.

« J’approuve les expropriations décidées par le gouvernement bolivarien. Mais approuver quelque chose ne signifie pas nécessairement qu’on en est responsable. Par exemple, j’approuve la théorie de l’évolution de Darwin, mais je n’ai pas contribué à la rédaction de son livre L’Origine des Espèces.

« Tout le monde sait que le principal problème de l’économie vénézuélienne est le manque d’investissements privés. Il s’agit au fond d’une grève du capital, qui a des conséquences très négatives (chute des investissements, fuite des capitaux, fermetures d’usines, inflation et chômage).

« Les nationalisations sont des mesures défensives destinées à maintenir la production. Ce que j’ajoute, c’est qu’un programme de nationalisations partielles, petit à petit, ne peut pas résoudre les problèmes fondamentaux de l’économie vénézuélienne. On ne peut planifier ce qu’on ne contrôle pas – et on ne peut pas contrôler ce qu’on ne possède pas.

« L’opposition ne défend pas les intérêts des classes moyennes. Elle défend les intérêts des grands propriétaires terriens, des banquiers et des gros capitalistes. C’est la raison fondamentale de ses attaques furieuses contre la tendance marxiste et moi-même.

« Pendant que les capitalistes sabotent l’économie, leur représentants politiques s’efforcent de créer une atmosphère de peur dans le but de déstabiliser le gouvernement démocratiquement élu. La campagne contre des soi-disant "conseillers étrangers" fait partie de cette stratégie.

« Je pense que la révolution bolivarienne a atteint un point critique où elle est obligée de prendre des décisions sérieuses. Soit le processus révolutionnaire s’accélère, ce qui signifie la liquidation, une fois pour toutes, du pouvoir économique de l’oligarchie – soit la révolution fera face à de graves dangers.

« L’opposition cherche à semer la panique. En agitant le spectre du "communisme", elle cherche à diviser le mouvement bolivarien. Elle sait que si elle parvient à isoler et à détruire l’aile gauche du mouvement, elle privera la révolution de ses éléments les plus militants et les plus déterminés. Son objectif est de diviser le mouvement pour qu’il abandonne ses aspirations socialistes et cherche un accord avec la bourgeoisie contre-révolutionnaire.

« Si l’opposition parvient à ses fins, l’axe de la révolution se déplacera nettement vers la droite, ouvrant la voie aux réformistes, qui n’ont jamais été favorables au socialisme et rêvent d’un "chavisme sans Chavez". Cela démoraliserait la base réelle de la révolution : les travailleurs et les paysans. Cela garantirait la victoire de l’opposition, en 2012, et préparerait le terrain de la contre-révolution. Ainsi, les véritables cibles de ces attaques ne sont pas moi-même et la Tendance Marxiste Internationale, mais Chavez et la Révolution Bolivarienne.

« Messieurs, vos manœuvres sont transparentes. Vous ne réussirez pas ! Comme l’a dit le Président Chavez : "Cette révolution ne fera pas marche arrière. Il n’y aura plus jamais d’accord avec la bourgeoisie." Ou encore : "Il n’y a plus de place pour des demi-mesures, dans notre vie civile et militaire. Une seule voie : radicaliser la révolution." »


Alan était à Paris, il y a peu, pour une réunion publique sur l’actualité du marxisme.

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