Des élections législatives se sont tenues, au Venezuela, le 26 septembre dernier. Il s’agissait de renouveler les 165 membres de l’Assemblée nationale, qui étaient tous originellement
« pro-Chavez », du fait du boycott des élections par l’opposition, en 2005.
Le PSUV (Parti Socialiste Unifié du Venezuela) a gagné ces élections en remportant 98 sièges, contre 65 pour l’opposition. Cependant, si l’on compare le nombre de votes exprimés, l’écart entre le PSUV et l’opposition est faible : 5,22 millions de voix pour le PSUV (46,62 %) contre 5,05 millions pour l’opposition (45,10 %).
Si on analyse les résultats Etat par Etat, il est clair que la révolution a perdu du terrain dans plusieurs Etats importants. Dans celui d’Anzoátegui, par exemple, où le gouverneur Tarek William est officiellement chaviste, le PSUV a subi une sérieuse défaite, avec 5 fois moins de députés que l’opposition. Les régions les plus peuplées sont tombées aux mains de l’opposition. Dans celles où le PSUV a remporté l’élection, c’est souvent d’une courte tête, comme à Caracas où l’un des candidats du parti, par exemple, n’avait que 4000 voix d’avance.
Le soutien électoral au camp de Chavez, qui était de 58 % des voix aux élections municipales et régionales de 2008, est tombé à 54 % des voix au référendum de 2009, puis à 46,6 % aux législatives de septembre dernier. C’est donc un nouvel avertissement très sérieux. Autant Chavez et la révolution disposent toujours d’une vaste réserve de soutien, dans la masse des Vénézueliens, autant ces résultats traduisent clairement une lassitude et une désillusion qui minent le camp de la révolution. Or, ce phénomène a des explications très claires.
La baisse des cours mondiaux du pétrole a privé de financement de nombreux programmes sociaux. Le prix des produits importés augmente. Ils représentent 70 % des produits alimentaires. L’inflation galopante (30 %), la plus élevée d’Amérique latine, la dévaluation monétaire, le sabotage et la pénurie alimentaire affectent durement le niveau de vie des Vénézuéliens.
La corruption endémique de nombreux dirigeants « bolivariens » et l’incompétence de la bureaucratie administrative ajoutent aux difficultés auxquelles la population doit faire face. Par exemple, Luis Pulido, l’ancien dirigeant de PDVAL (entreprise publique de distribution alimentaire) avait créé un réseau de détournement de conteneurs alimentaires pour les revendre au secteur informel, une fois la date de péremption dépassée. Et ce n’est qu’un exemple flagrant. A tout cela s’ajoute la gestion catastrophique du réseau électrique, qui, faute d’investissements, a connu de très longues pannes.
Cette situation découle du fait que la révolution n’a pas été menée à son terme. Elle n’a pas exproprié les capitalistes pour mettre un terme à leur pouvoir économique. Quand le gouvernement s’efforce de contrôler les prix, les capitalistes organisent le détournement ou l’arrêt de la production réglementée. Le gouvernement nationalise des entreprises, mais il confie la gestion des entreprises aux anciens propriétaires ou à leurs semblables. Les méthodes de gestion restent les mêmes qu’auparavant. Lorsqu’ils tentent de mettre en place un contrôle ouvrier de l’entreprise nationalisée, les salariés se heurtent à la bureaucratie – voire même, dans certains cas, aux forces de police. Aujourd’hui plus que jamais, la révolution vénézuélienne ne peut être victorieuse que par l’élimination du capitalisme et la mise en place d’une économie et d’un Etat sous le contrôle démocratique des travailleurs.