Les élections législatives du 26 septembre prochain, au Venezuela, sont un enjeu crucial pour l’avenir de la révolution bolivarienne. Depuis plusieurs mois, la contre-révolution est à l’offensive. Elle utilise son pouvoir économique pour provoquer des pénuries alimentaires et une inflation rampante. Le gouvernement tente de résoudre certains problèmes, mais les mesures prises sont timides et d’une efficacité limitée. L’un des facteurs clés de la situation est le mécontentement croissant des masses vis-à-vis de la bureaucratie chaviste – c’est-à-dire de tous ces éléments qui ont rejoint le mouvement, non pour en finir avec le capitalisme, mais pour faire carrière dans l’appareil d’Etat ou les sommets du PSUV. Tout ceci n’est pas de très bon augure, pour les candidats du PSUV aux élections.
Le Président Chavez a souligné à maintes reprises que le genre humain fait face à l’alternative : socialisme ou barbarie. Mais onze ans après l’arrivée de Chavez au pouvoir, la révolution n’a toujours pas été menée à son terme. Chavez lui-même a admis que le Venezuela demeure un Etat capitaliste. De larges pans de l’économie restent sous le contrôle de l’oligarchie. La plupart des terres sont entre les mains des grands propriétaires terriens, alors même que 70 % de la nourriture est importée.
Le cancer de la bureaucratie ronge la révolution de l’intérieur. Prenons le cas de PDVAL, l’entreprise d’Etat qui, chaque jour, distribue plus de 1000 tonnes de nourriture. Fin mai, les services secrets vénézuéliens ont découvert que des dirigeants corrompus de l’entreprise avaient stocké 2334 conteneurs de nourriture dans une réserve secrète. L’ancien directeur de PDVAL, Luís Pulido, a été arrêté. D’après un rapport remis à Chavez, douze dirigeants de l’entreprise publique organisaient la rétention systématique de conteneurs, qu’ils revendaient ensuite sur le marché noir. Quiconque s’opposait à ces magouilles était réduit au silence par des menaces. Heartfriend Peña, un travailleur qui avait dénoncé ce système, a été immédiatement licencié par les managers corrompus.
Cette affaire – après tant d’autres – rappelle qu’il est impossible de construire une société socialiste en laissant intact le vieil appareil d’Etat bourgeois. Sans le contrôle démocratique de la classe ouvrière, la corruption et le bureaucratisme sont inévitables. Et si la révolution ne détruit pas la bureaucratie, c’est la bureaucratie qui détruira la révolution.
Mener la révolution à son terme !
Dans son livre classique sur la révolution espagnole, le marxiste américain Felix Morrow rapportait une discussion typique entre un milicien et un paysan pauvre, pendant la guerre civile. Le milicien essaie de convaincre le paysan qu’il doit défendre la République espagnole. Mais le paysan lui répond simplement par cette question : « Qu’est-ce que la République nous a donné à manger ? ».
Cette anecdote a une signification profonde pour la révolution vénézuélienne. Il ne suffit pas d’avoir de bonnes intentions et de défendre l’idéal socialiste en paroles. Pour la masse des pauvres, le socialisme doit signifier du beurre, du pain et du lait. Il doit signifier la fin de la criminalité rampante, de l’inflation et de la pauvreté.
Pendant que des officiels et des ministres passent leur temps à faire de longs discours sur la « démocratie populaire », l’opposition attaque le gouvernement sur les vrais problèmes : l’inflation, la pénurie alimentaire, la criminalité, etc. Bien sûr, l’opposition – qui est financée par l’impérialisme américain – est parfaitement cynique. Son seul objectif est de détruire la révolution. Si elle revient au pouvoir, les choses n’iront pas mieux : elles seront bien pires. Mais il est dangereux de nier les vrais problèmes. Certains dirigeants réformistes dénoncent les attaques de l’opposition sur la situation économique comme de la simple « propagande ». Mais en refusant de voir ce que tout le monde peut voir, ces dirigeants se coupent des masses – qui, elles, ressentent les effets de la crise économique.
La campagne internationale Pas touche au Venezuela ! et les marxistes vénézuéliens militent activement pour la victoire des candidats du PSUV, aux élections du 26 septembre prochain. La tâche la plus urgente est de battre la contre-révolution ! Mais il sera impossible de la battre définitivement sans une lutte implacable contre la bureaucratie et l’aile droite du mouvement bolivarien. Les grands leviers de l’économie vénézuélienne doivent être nationalisés. Le contrôle ouvrier doit être généralisé. Les grands propriétaires terriens doivent être expropriés. L’Etat doit être purgé de tous les éléments contre-révolutionnaires. Car une chose est certaine : soit la révolution bolivarienne triomphera comme révolution socialiste – soit elle sera vaincue.