Suite aux menaces de la direction de fermer Sanitarios Maracay, une entreprise vénézuélienne spécialisée dans la production de salles de bains, les 800 employés se sont organisés pour l’occuper et relancer l’activité sous leur contrôle.

Sanitarios Maracay existe depuis 47 ans. Elle payait de très bas salaires, et les conditions de travail y étaient très précaires. De nombreux accidents de travail étaient provoqués par des cadences trop élevées et des mesures de sécurité très insuffisantes.

Après une grève de 15 jours, en décembre de 2005, pour obtenir le paiement des jours de congés, les travailleurs de Sanitarios Maracay réclamaient, en mars 2006, le respect des 19 clauses de la convention collective sur les mesures de sécurité. Face à cette revendication légitime, le patron de l’entreprise, Álvaro Pocaterra, décidait de fermer l’entreprise. Pocaterra est un proche de Carlos Andrés Pérez, l’ex-président vénézuélien qui a ordonné la répression du Caracazo, en 1989, laquelle a fait entre 3000 et 5000 morts. Il a participé à la grève patronale de 2002 : pendant 63 jours, il n’a pas versé les salaires. Lors du référendum révocatoire d’août 2005, il a ouvertement menacé les travailleurs de licenciement, s’ils votaient pour Chavez.

Face aux menaces de fermeture, la réaction des travailleurs ne s’est pas faite attendre. Ils ont organisé une grève avec occupation pendant 42 jours, en surveillant les installations et le matériel de production. Après la grève, la direction a consciemment saboté l’activité : les carnets de commandes n’étaient plus alimentés, et l’entreprise ne fonctionnait qu’a 40% de sa capacité. A cela s’ajoutait les retards de payement des salaires. Des rumeurs sur un potentiel « investisseur » avaient été mises en circulation. Mais le 14 novembre dernier, le masque tombait : le patron de Sanitarios notifiait la fermeture de l’usine pour une durée indéterminée, laissant sur le carreau les 800 travailleurs et leurs familles. Immédiatement, les travailleurs se sont organisés pour défendre leurs droits. Ils ont crée un Comité d’Entreprise de 21 membres, éligibles et révocables à tout moment par l’assemblée des travailleurs, qui est l’organe suprême des décisions, dans l’entreprise. Production, distribution et vente des produits : tout est soumis au contrôle ouvrier.

Avec l’aide de leurs camarades d’Inveval – une entreprise qui construit des valves pour l’industrie pétrolière et qui a été nationalisée, en avril 2005 – ils ont décidé à l’unanimité de prendre le contrôle des installations et de maintenir la production, pour garantir les emplois et développer l’économie vénézuélienne. La fermeture de Sanitarios Maracay est inconcevable dans un pays où on estime qu’il manque 1 800 000 logements, et où les conditions de logement de l’immense majorité des vénézuéliens sont extrêmement précaires.

La production économique doit satisfaire les besoins sociaux de la population, et non contribuer à l’enrichissement d’une poignée de parasites capitalistes. Conscients de cela, les travailleurs de Sanitarios Maracay se sont mobilisés pour la nationalisation de l’usine, sous contrôle ouvrier – car c’est la seule voie possible vers le « socialisme du XXIe siècle ».

I.S

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