L’homme qui s’est auto-proclamé « président en charge du Venezuela », Juan Guaidó, n’a aucun pouvoir. L’armée soutient toujours le président légitime du pays, Nicolas Maduro, élu en 2018. Les provocations organisées par Trump à la frontière du Venezuela et de la Colombie, le 23 février, n’y ont rien changé.
« Aide humanitaire » ?
Ceci dit, la tentative de coup d’Etat dirigée par l’impérialisme américain n’est pas terminée. De nouvelles provocations seront organisées, sous prétexte d’« envoyer de l’aide humanitaire » au Venezuela. L’aide humanitaire joue ici le même rôle que « les armes de destruction massive » en Irak avant son invasion en 2003. C’est un mensonge visant à justifier l’ingérence impérialiste au Venezuela, laquelle poursuit des objectifs évidents : placer à la tête du pays un gouvernement « ami des Etats-Unis », éliminer tout ce qu’il reste des conquêtes de la révolution vénézuélienne et faciliter l’accès des Etats-Unis aux énormes réserves pétrolières du pays.
Guaidó affirme que 300 000 personnes sont sur le point de mourir de faim au Venezuela. C’est un mensonge – que reprennent les grands médias français. Certes, il y a une grave crise économique au Venezuela, notamment du fait des sanctions imposées par les Etats-Unis, ces dernières années. Mais il n’y a pas la situation de famine dont parle Guaidó. Par ailleurs, depuis le début du mois de janvier, les Etats-Unis ont saisi 7 milliards de dollars d’avoirs vénézuéliens – et la Banque d’Angleterre refuse de restituer au Venezuela des réserves d’or lui appartenant (1,2 milliard de dollars). Qui peut croire un instant que les puissances impérialistes qui volent ainsi le Venezuela sont en même temps soucieuses de lui apporter de l’aide humanitaire ?
Intervention militaire ?
Donald Trump et d’autres officiels américains ont déclaré que « toutes les options sont sur la table » – y compris, donc, une intervention militaire américaine. Guaidó lui-même a déclaré qu’il n’excluait pas « d’autoriser une intervention militaire étrangère » au Venezuela.
Cependant, ce n’est probablement pas l’option privilégiée par Washington. Une intervention militaire directe serait très coûteuse en argent, en vies humaines et en conséquences politiques. Plus de 15 ans après l’invasion de l’Irak et de l’Afghanistan, les Etats-Unis ne sont toujours pas parvenus à en sortir. Une intervention terrestre au Venezuela nécessiterait un grand nombre de soldats, qui se heurteraient sans doute à une très forte résistance. Cela aurait aussi d’énormes conséquences dans toute l’Amérique latine, où les sentiments anti-impérialistes sont très enracinés dans les masses.
Pour chasser Maduro du pouvoir (soit par un coup d’Etat de l’armée vénézuélienne, soit par une démission de Maduro lui-même), l’administration américaine table sans doute sur une combinaison de sévères sanctions économiques, d’isolement diplomatique et de pressions militaires.
Pas touche au Venezuela !
La situation est donc très sérieuse. Nous devons combattre cette agression impérialiste de toutes nos forces. Malheureusement, en France et à l’échelle internationale, une partie de la gauche défend la position : « ni Maduro, ni Guaidó ». C’est un très mauvais point de départ. Il ne s’agit même pas de Guaidó, mais des ambitions de Trump au Venezuela. En 2003, tous les anti-impérialistes conséquents se sont opposés à l’intervention américaine en Irak, indépendamment du fait que Saddam Hussein était un dictateur qui massacrait son propre peuple. Le cas du Venezuela est encore plus clair. L’un des objectifs de l’agression américaine est précisément d’écraser la Révolution bolivarienne, ou ce qu’il en reste. Et il n’est pas nécessaire de soutenir le gouvernement de Maduro pour s’opposer de façon catégorique à l’agression impérialiste américaine – et à sa marionnette locale, Juan Guaidó.
Si Trump parvient à mener le coup d’Etat à son terme, non seulement ce qui reste des acquis de la révolution vénézuélienne sera détruit, mais seront également détruites les organisations révolutionnaires des travailleurs, des paysans et des pauvres. Comment peut-on se dire « de gauche » et ne pas comprendre cela ?
Est-ce que cela signifie que nous devons suspendre nos critiques à l’égard de la politique réformiste de Nicolas Maduro ? Pas du tout. Mais il ne faut pas critiquer abstraitement cette politique. Il faut tenir compte du contexte. Il faut donc exiger du gouvernement – et proposer aux masses révolutionnaires – que des mesures radicales soient prises pour combattre la tentative de coup d’Etat. C’est précisément ce que font nos camarades vénézuéliens de Lucha de Clases. Voici un extrait d’un de leurs récents tracts : « Prison pour Guaidó et ses complices ! Aucune impunité pour les putschistes ! Dissolution de l’Assemblée Nationale putschiste ! Armer les milices bolivariennes ! Expropriation des grandes entreprises et des multinationales impliquées dans le coup d’Etat ! Plus de concessions à la bourgeoisie parasitaire ! » Voilà comment il faut « critiquer » le gouvernement de Maduro, face à une tentative de coup d’Etat impérialiste.