Le deuxième congrès du Parti Socialiste Unifié du Venezuela (PSUV) se tiendra du 21 novembre au 13 décembre prochains. Sa durée – 3 semaines ! – est déjà une indication du fait qu’il ne s’agira pas d’un congrès « normal » dans un pays « normal ». C’est le congrès du parti des masses vénézuéliennes, dans un pays en pleine révolution. D’autres chiffres l’illustrent. Sur les 29 millions d’habitants que compte le Venezuela, le PSUV en organise officiellement 7 millions, parmi lesquels 2,5 millions ont adhéré aux « patrouilles socialistes », un nouveau type de structure de base. Lancées en août dernier, elles doivent permettre une plus grande participation des travailleurs, des pauvres et des paysans à la vie et l’action du parti. Ces chiffres impressionnants laissent loin derrière eux les plus puissantes organisations politiques des travailleurs des pays développés.
Ces derniers temps, il y a eu un développement très significatif des sections du PSUV, dans les usines et les entreprises. Dans l’aciérie SIDOR, par exemple, 40 « patrouilles » ont été constituées, auxquelles participent activement 502 travailleurs. Nos camarades vénézuéliens du Courant Marxiste Révolutionnaire (CMR) ont eux-mêmes travaillé à la construction de sections du PSUV dans les usines de Mitsubishi (MMC), SIDOR, INVEVAL, INAF et Gotcha – entre autres. A l’échelle nationale, on recense pas moins de 16 000 sections d’entreprise, qui organisent un total de 250 000 ouvriers. Le nombre de sections locales du PSUV s’élève à 104 000 ! Face à de telles données, qui peut encore douter qu’un processus révolutionnaire est en cours, au Venezuela ?
La bureaucratie
Le PSUV, cependant, reflète les contradictions fondamentales de la révolution vénézuélienne. L’aspiration des masses se heurte à des éléments qui, dans la direction du mouvement, veulent freiner le processus révolutionnaire. Par exemple, l’aile gauche du PSUV s’inquiète de la méthode retenue pour la désignation des 780 délégués du congrès. En effet, il est prévu que les dirigeants régionaux du PSUV opèrent une sélection selon leurs propres critères, entre deux phases de votes. Cela risque d’affaiblir la représentation des délégués issus de la base.
La bureaucratisation du mouvement bolivarien est un fait. Dans l’Etat de Carabobo, par exemple, de nombreux militants de base du PSUV se plaignent du fait que les élus municipaux du PSUV n’ont strictement rien changé à la politique locale, depuis leur élection. En fait, ils mènent une politique contraire aux principes du PSUV. Il y a peu, Marío Silva, de la direction nationale du parti, critiquait cette situation et demandait que la direction du parti intervienne, dans cet Etat. Mais en réalité, le même problème se pose, à des degrés divers, dans tous les Etats du pays.
Socialisme ou réformisme
Il ne suffit pas de parler de socialisme. Il faut le réaliser dans l’action. Si le socialisme n’est qu’un mot, les masses risquent de se fatiguer des parades, des discours et des élections. Rien de tout cela ne résout leurs problèmes brûlants. Depuis 10 ans, elles ont systématiquement défendu la révolution. Mais elles ne peuvent pas indéfiniment sacrifier aujourd’hui pour demain. Si la révolution n’avance pas de façon décisive, si elle n’apporte pas de solution au chômage, à l’inflation, au sabotage économique, à la corruption, etc., une atmosphère d’apathie peut commencer à s’installer, ce qui ouvrirait la voie à la contre-révolution.
Plusieurs signes indiquent que ce processus est engagé. Par exemple, les derniers scrutins électoraux ont été marqués par une abstention massive de l’électorat bolivarien. Le congrès du PSUV doit discuter des moyens de conjurer cette menace. Comme nos camarades du CMR l’expliquent, le meilleur moyen serait d’exproprier l’industrie, les banques, la terre – et de poser ainsi les bases d’une authentique économie socialiste, qui doit être démocratiquement planifiée, à tous les niveaux.
La question de la « transition vers le Socialisme » a été mise à l’ordre du jour du congrès. Nos camarades vénézuéliens lutteront avec toute l’aile gauche du PSUV pour mettre en échec la droite du parti. Leur objectif principal sera de proposer aux délégués un programme authentiquement socialiste, pour mener la révolution à son terme. Nous sommes convaincus que c’est précisément ce qu’attend la majorité des militants du PSUV.