Avec la mort de Chavez hier mardi 5 mars, la classe ouvrière et tous les exploités duVenezuela perdent un dirigeant et un défenseur dans la lutte contre le capitalisme et l’impérialisme. Dès l’annonce de son décès, des centaines de milliers de Vénézuéliens se sont dirigés vers la place Bolivar à Caracas, comme vers les places de toutes les autres villes et des centaines de villages à travers le pays. En dépit de tous les obstacles qui se sont dressés – et se dressent encore – sur le chemin de la révolution, les masses opprimées savent distinguer amis et ennemis. Non seulement au Venezuela, mais dans toute l’Amérique Latine et dans le monde entier, le nom d’Hugo Chavez sera à tout jamais associé à la cause des pauvres et exploités, aux victimes du système capitaliste.
C’est pour cette même raison que l’annonce de sa mort a fourni l’occasion aux politiciens et capitalistes réactionnaires de donner libre cours à leurs sentiments haineux à son égard. Ne nous attardons pas là-dessus. C’est dans l’ordre des choses. Nous ne pleurons pas non plus lorsque décède l’un des « champions » du monde capitaliste.
Le grand service rendu par Hugo Chavez aux travailleurs du monde, c’est d’avoir clairement désigné le système capitaliste comme la cause véritable de toutes les oppressions, et d’avoir désigné tout aussi clairement le socialisme comme la forme de société qui y mettrait un terme. Allant directement à l’encontre des exigences des puissances impérialistes et de la réaction interne, Chavez a refusé les privatisations, l’austérité et la régression sociale. Les ressources du pays ont été mobilisées pour répondre aux besoins du peuple. Dans les domaines de l’éducation, de la santé, des conditions de logement et bien d’autres, les mesures concrètes prises par Chavez ont considérablement amélioré les conditions de vie des masses.
Mais aucune de ces mesures n’aurait été possible sans l’élan et l’énergie révolutionnaire dont, à maintes occasions, ces masses ont fait preuve. A chaque fois que la contre-révolution relevait la tête, les masses se sont mobilisées pour assurer sa défaite. Ce fut le cas, en particulier, en avril 2002, lorsqu’un coup d’Etat militaire avait renversé le gouvernement de Chavez. Arrêté et embastillé loin de la capitale, Chavez n’a échappé au sort funeste que lui réservaient les putschistes que grâce à la mobilisation insurrectionnelle du peuple révolutionnaire. La force et la vigueur de Chavez, comme il l’a souvent dit lui-même, s’expliquaient avant tout par l’immense capacité de lutte du mouvement révolutionnaire vénézuélien.
Au lendemain de ce coup d’Etat avorté, et en solidarité avec la révolution vénézuélienne, menacée comme elle était par la possibilité d’une intervention américaine, la campagne internationale Manos Fuera de Venezuela !a été lancée. La section française de la TMI a immédiatement réagi en lançant la branche française de cette campagne Pas touche au Venezuela ! Au nom de cette campagne, nous avons organisé des dizaines de réunions publiques et publié un nombre considérable d’articles pour informer le mouvement ouvrier français de ce qui se passait au Venezuela. Nous savons que Chavez appréciait le travail de solidarité menée par la TMI et Pas touche au Venezuela ! Nous savons aussi qu’il citait souvent les livres, articles et déclarations de la Tendance Marxiste Internationale à laquelle Révolution est affiliée.
La mort de Chavez inaugure une phase nouvelle – et décisive – de la révolution vénézuélienne. Cette révolution n’a pas été menée à son terme. Une fois de plus, la contre-révolution passe à l’offensive. Les opérations de sabotage économique s’intensifient, et deux diplomates américains ont été expulsés du pays après avoir tenté de nouer des contacts avec des chefs militaires vénézuéliens dans le but d’organiser un nouveau coup d’Etat. Qui vaincra ? La réponse à cette question dépend du programme d’action mise en œuvre par les forces révolutionnaires. Il faut frapper la contre-révolution à la tête, en supprimant la propriété privée de tous les grands leviers de l’économie nationale, les plaçant fermement sous le contrôle des travailleurs. Il faut purger l’Etat des bureaucrates et des profiteurs pour qui la « révolution » n’est pas incompatible avec l’exploitation capitaliste. En un mot, il faut réaliser le projet de Chavez : « Pour abolir la pauvreté, disait-il, il faut donner le pouvoir aux pauvres ». Il est grand temps de supprimer le capitalisme et de procéder à la construction d’une société socialiste. La situation actuelle – celle d’une révolution à mi-chemin – ne peut pas durer. L’alternative au socialisme, c’est la contre-révolution. La meilleure façon de commémorer et d’honorer Hugo Chavez serait d’infliger une défaite décisive à ses ennemis !