Le 4 février dernier, en Grèce, une grève générale de 24 heures a massivement mobilisé les travailleurs, les paysans, les artisans et toutes les couches les plus pauvres de la société. Elle avait été convoquée par les fédérations des syndicats du public et du privé, pour protester contre la politique d’austérité drastique mise en œuvre par le gouvernent d’Alexis Tsipras.
Ces trois dernières années, les appels à la grève générale étaient peu suivis. Mais celle du 4 février dernier fut un grand succès, non seulement du point de vue du nombre de grévistes, mais aussi en termes de participation aux manifestations de rue – à Athènes et Thessalonique, bien sûr, mais aussi à Patras, Heraklion, Larissa et d’autres petites villes. A Athènes, les deux manifestations ont regroupé autour de 100 000 personnes. Cette grève marque donc un développement important de la lutte des classes dans ce pays saigné à blanc par la crise économique et un troisième « Mémorandum ».
Fait remarquable de cette grève générale, les bataillons traditionnels de la classe ouvrière défilaient aux côtés de très nombreux paysans, retraités, chômeurs, artisans, ingénieurs, avocats, médecins et petits commerçants. Beaucoup participaient à une manifestation pour la première fois de leur vie. Les classes moyennes et les professions intermédiaires sont frappées de plein fouet par les coupes budgétaires et les contre-réformes. Un front commun est en train de se former entre les salariés, les classes moyennes, les retraités et les chômeurs – c’est-à-dire toutes les victimes de la crise et de l’austérité.
Le choc et le réveil
La trahison flagrante d’Alexis Tsipras, après la large victoire du « Non » le 6 juillet dernier, a d’abord laissé les masses dans un état de choc et de paralysie. C’était inévitable. Mais cet état commence à se dissiper : telle est l’importante signification politique de la grève du 4 février. C’est la meilleure réponse aux divers prophètes, oiseaux de mauvaises augures « de gauche » – en Grèce et ailleurs –, qui annonçaient des années de calme et de stabilité, en Grèce, comme si le peuple allait rester indifférents aux coups qui le frappent. Au contraire : suivant l’exemple du récent soulèvement des agriculteurs, les travailleurs ont repris le chemin de la rue.
Le capitalisme grec est au bord de la faillite. Pour survivre, il est obligé de constamment pressurer le peuple grec. En conséquence, depuis 2009, ce pays n’a pas bénéficié d’une seule longue phase de stabilité sociale et politique. Confrontés à des attaques à répétition, les travailleurs sont obligés de passer sans cesse à l’action.
La bourgeoisie grecque est inquiète – et elle a toutes les raisons de l’être. La possibilité d’une nouvelle série de mobilisations massives constitue une épée de Damoclès sur le gouvernement SYRIZA-ANEL. Le « capital politique » de Tsipras s’épuise rapidement, mais les partis bourgeois traditionnels sont en crise et toujours discrédités. La bourgeoisie va rapidement se retrouver dos au mur.
Montée en puissance
Le succès de la grève générale du 4 février souligne la nécessité d’organiser une montée en puissance de la lutte des classes. Les syndicats, les comités d’agriculteurs et les différentes organisations de travailleurs doivent se coordonner pour préparer une nouvelle grève générale, cette fois-ci de 48 heures. De leur côté, les forces de la gauche anti-mémorandum et anti-capitaliste – Parti Communiste (KKE), Unité Populaire, Antarsya, etc. – doivent impulser la création de comités de lutte dans chaque entreprise et dans chaque quartier, pour organiser sérieusement cette grève.
Si une telle grève parvenait à mobiliser largement dans la classe ouvrière, ce qui est très probable, il faudrait passer à l’étape suivante, c’est-à-dire à la grève générale illimitée, jusqu’au retrait du troisième Mémorandum. De nouvelles élections devront être imposées pour élire un gouvernement prêt à abolir le Mémorandum, à annuler la dette et à éradiquer le pouvoir politique et économique des banques et de l’oligarchie capitaliste grecque.