Début août, l’armée ukrainienne a lancé une offensive à travers la frontière russe et a pénétré de plusieurs kilomètres dans l’Oblast de Koursk. Sans surprise, la presse occidentale a lancé une salve de propagande pour accompagner cette attaque, parfois élevée au rang de possible « tournant » de la guerre. Mais, derrière leurs déclarations triomphales sur les « centaines » de prisonniers russes capturés par l’armée ukrainienne, ces médias s’interrogent pourtant sur l’opportunité de cette offensive qu’ils jugent, non sans raison, hasardeuse.

L’armée ukrainienne aux abois

Depuis l’échec sanglant de sa « contre-offensive » l’été dernier, l’armée ukrainienne est sur la défensive et accumule les défaites. Sa tentative très médiatisée de créer une tête de pont à Krynky, à travers le fleuve Dniepr, en est un bon exemple. Plusieurs centaines de ses soldats ont été tués pour tenir une petite zone complètement exposée au feu de l’artillerie russe, et qui ne pouvait être ravitaillée que de nuit et en canot pneumatique. Après s’être acharné pendant des mois, l’état-major ukrainien a finalement décidé d’abandonner cette coûteuse impasse.

La situation générale de l’armée ukrainienne a empiré dramatiquement avec la chute de la ville d’Avdiivka en février. Depuis, les forces russes sont passées à l’offensive dans tout le Donbass, c’est-à-dire sur le principal front de cette guerre. Elles y disposent d’une supériorité écrasante en termes d’aviation et d’artillerie. Le Figaro rapporte par exemple que certaines unités d’artillerie ukrainiennes ne peuvent tirer que quatre obus par jour, faute de munitions et de pièces détachées. Profitant de cet avantage, les troupes russes avancent lentement mais méthodiquement, sans que l’armée ukrainienne n’arrive à les arrêter.

Les Ukrainiens espéraient sans doute que leur offensive vers Koursk obligerait les Russes à retirer des forces du Donbass, voire même à y interrompre leur offensive, pour pouvoir renforcer les défenses de l’Oblast de Koursk. Il n’en a rien été. Après les précédentes – et infructueuses – incursions menées par les Ukrainiens dans les régions de Koursk et de Belgorod au printemps 2023, les Russes y ont accumulé d’énormes réserves, auxquelles s’ajoutent celles qu’ils ont stationnées en Biélorussie voisine ou dans d’autres régions de Russie.

Ils ont donc pu défendre l’oblast de Koursk tout en continuant à attaquer dans le Donbass, où leurs forces s’approchent de l’important centre logistique de Pokrovsk. Sa chute marquerait une nouvelle étape de l’effondrement du front ukrainien dans cette région.

Pour ce qui est du front de Koursk, il est peu probable que les Ukrainiens arrivent à avancer en territoire russe significativement au-delà de ce qu’ils ont pris par surprise au début de l’offensive. Nombre d’analystes estiment même qu’ils seront, tôt ou tard, obligés d’abandonner tous les territoires qu’ils ont conquis, et ce, sans avoir ne serait-ce que ralenti l’offensive russe dans l’Est du pays.

Le peuple ukrainien sacrifié par les impérialistes

On peut donc se demander pourquoi Zelensky et ses généraux ont choisi de sacrifier dans une opération aussi risquée des centaines de soldats, alors que ceux-ci manquent désespérément sur des portions cruciales du front.

L’explication est à chercher, non pas en Ukraine ou en Russie, mais en Occident.

L’armée ukrainienne ne tient encore debout que grâce à l’aide militaire colossale que lui ont fournie les puissances occidentales. Cette générosité n’a pas été dictée par de quelconques considérations humanitaires ou par le « devoir d’assistance à un peuple opprimé ». Si les dirigeants impérialistes étaient mus par de tels principes, les armes françaises et américaines afflueraient à Gaza pour aider les Palestiniens à se défendre contre le génocide perpétré par l’armée israélienne. Ce n’est pas le cas, au contraire : les dirigeants occidentaux aident les forces sionistes à massacrer les Gazaouis.

Les impérialistes occidentaux n’ont apporté leur soutien à l’Ukraine, après l’avoir poussée dans une confrontation avec la Russie, que parce que cela représentait un moyen de mener une guerre contre Moscou sans avoir à verser le sang de leurs propres soldats. Alors que la guerre semble de plus en plus irrémédiablement perdue, les « protecteurs » impérialistes du gouvernement de Kiev se préparent de plus en plus ouvertement à lâcher leur coûteux « allié » ukrainien. Dernier exemple en date : le gouvernement allemand vient d’annoncer le gel de toute nouvelle aide militaire à l’Ukraine.

La presse occidentale prépare aussi l’opinion publique à la défaite qui s’annonce. Alors qu’elle rangeait autrefois ce genre d’informations dans la catégorie « propagande russe », elle parle aujourd’hui ouvertement des désertions et des conscriptions « forcées » dans l’armée ukrainienne, qui ne datent pourtant pas d’hier.

Dans ce contexte, cette offensive est un acte désespéré de la part de Zelensky. Le gouvernement de Kiev essaie de montrer à ses mécènes impérialistes qu’il peut encore porter des coups à la Russie et qu’il mérite toujours d’être soutenu, quitte à miser la vie de centaines de soldats dans un pari tactique sans issue.

Quel qu’en soit le résultat, cette offensive ne marquera qu’une nouvelle étape du calvaire du peuple ukrainien, sacrifié dans une guerre sanglante entre deux impérialismes rivaux.

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