Ce texte, achevé en janvier 2008, est la cinquième partie du document « Perspectives Mondiales » qui sera discuté et amendé lors du Congrès mondial de la Tendance Marxiste Internationale, en août.
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L’Amérique latine reste en première ligne de la révolution mondiale. C’est la réponse définitive à tous les réformistes, les lâches et les apostats qui ont accepté les arguments de la bourgeoisie, qui disait que la révolution et le socialisme n’étaient plus à l’ordre du jour. L’impérialisme américain est de plus en plus inquiet de ce qui se passe au sud du Rio Grande. La raison de cette inquiétude croissante est que le ferment révolutionnaire se répand d’un pays à l’autre.
Les révolutions ne respectent pas les frontières, et le ferment révolutionnaire se répand dans des pays comme l’Equateur, la Bolivie, etc. C’est pour cela que les impérialistes cherchent à isoler le Venezuela. L’impérialisme américain ne peut pas tolérer la révolution vénézuélienne. Mais comme cela s’est produit à Cuba, il y a un demi-siècle, les impérialistes pourraient pousser Chavez au-delà des limites du capitalisme. Si cela se produit, les effets s’en feront sentir dans tout le continent – et au-delà.
Dans les années 80, les guerres civiles au Guatemala, au Salvador et au Nicaragua ont propulsé la région en première ligne de la guerre froide. Mais par la suite, le Moyen-Orient a rétrogradé l’Amérique latine dans les priorités de la politique étrangère de Washington. Il n’en est plus ainsi. Les inquiétudes de Washington se sont reflétées dans la tournée de George Bush en Amérique latine – une région qu’il a négligée pendant la plus grande partie de sa présidence. Bien que son itinéraire ait été choisi avec le plus grand soin et se soit limité aux pays « amis », le président des Etats-Unis a été accueilli par des manifestations de protestation.
Washington voit partout la main de Chavez et de la révolution bolivarienne. C’est typique de la mentalité policière, qui considère les révolutions (et même les grèves) comme le résultat de conspirations sournoises, et non comme des processus objectifs. Il est vrai que Chavez et la révolution vénézuélienne agissent comme un catalyseur de révolution dans tout le continent. Mais même le plus puissant des catalyseurs ne peut agir que si les conditions objectives sont réunies. Or, les conditions objectives de la révolution socialiste sont réunies dans pratiquement tous les pays d’Amérique latine.
Pour garantir la victoire en un minimum de temps et avec un minimum de sacrifices, un parti et une direction marxistes et révolutionnaires sont nécessaires. Ceci est parfaitement exact. Mais la nature ne tolère pas le vide. Les masses ne peuvent pas attendre jusqu’à ce que nous ayons construit le parti révolutionnaire ! En l’absence d’un tel parti, Chavez sert de catalyseur. Il donne une voix aux aspirations des masses, qui veulent changer la société. C’est ce qui explique l’hostilité violente qu’il rencontre de la part de l’impérialisme américain, qui est déterminé à se débarrasser de lui d’une manière ou d’une autre.
Cependant, l’influence des Etats-Unis en Amérique latine est au plus bas. Ils n’ont même pas pu obtenir de l’Organisation des Etats Américains (OEA) qu’elle intervienne contre le Venezuela. L’attitude de l’Amérique latine envers son puissant voisin du nord s’est durcie. Dans un sondage récent de la BBC, 64% des Argentins, 57% des Brésiliens, 53% des Mexicains et 51% des Chiliens disaient avoir une vision « principalement négative » de l’influence américaine.
Par le passé, les Marines auraient débarqué depuis longtemps. Aujourd’hui, c’est impossible, politiquement – mais aussi physiquement. L’armée américaine est enlisée en Irak et en Afghanistan. Il est impensable qu’elle puisse s’embarquer dans une autre aventure militaire, à ce stade. Les Etats-Unis sont donc obligés de recourir à d’autres méthodes : la diplomatie et l’intrigue. Mais même sur ce terrain, Bush est limité par une popularité en chute libre.
Dans les années 70 et 80, les Etats-Unis ont soutenu des dictatures militaires. Mais ils ont changé de tactique après s’être brûlés les doigts avec Noriega et ses semblables. Aujourd’hui, Washington préfère généralement des régimes démocratiques faibles – même si cela ne l’a pas empêché d’organiser le coup d’Etat d’avril 2002, au Venezuela. L’attachement de Bush à la démocratie est très relatif, et purement dicté par des considérations tactiques. Cela ne signifie pas qu’ils n’attaqueront pas. Ils attaquent déjà. Mais ils ne peuvent pas envahir ouvertement. Ils doivent recourir à des méthodes indirectes : pressions diplomatiques, pressions économiques et intrigues politiques.
Au Nicaragua, Daniel Ortega a gagné les élections présidentielles, bien que les officiels américains aient fait ouvertement campagne pour les candidats de droite. Washington était clairement impliqué dans la fraude électorale massive, au Mexique, pour empêcher l’élection du candidat du PRD, Lopez Obrador. Il a tenté – en vain – d’empêcher l’élection de Rafaël Correa, en Equateur. Cependant, il a réussi à installer son pantin Alan Garcia au Pérou, et veut maintenant le récompenser pendant qu’il complote contre le Venezuela, la Bolivie et l’Equateur.
L’impérialisme américain essaye de former un cordon sanitaire autour du Venezuela (mais aussi de la Bolivie et de l’Equateur). C’était la signification de la tournée de Bush en Amérique latine, et de sa tentative de signer des accords commerciaux bilatéraux avec certains pays (Colombie, Brésil, Panama, Pérou). Washington est hostile aux gouvernements d’Evo Morales (Bolivie) et de Rafaël Correa (Equateur) – et exerce des pressions. Il collabore avec les oligarchies de ces pays pour en faire tomber les gouvernements.
Il fut un temps où, pour Washington, tous les socialistes étaient des « communistes ». Mais aujourd’hui, l’impérialisme américain doit s’entendre avec les « bons » socialistes comme Lula au Brésil, Bachelet au Chili et Kirchner en Argentine – dans le but d’isoler Chavez. Les impérialistes ont même essayé d’entraîner Morales dans cette voie.
The Economist du 1er mai 2007 a donné la raison de la tournée de Bush en Amérique latine : « Les Etats-Unis sont impliqués dans une bataille contre l’influence régionale de l’autocrate du Venezuela intoxiqué au pétrole, Hugo Chavez. » Le véritable objectif était d’isoler le Venezuela en utilisant des pays comme le Brésil, où Lula est considéré comme un « modéré » fiable. Il y a une double tactique : Uribe dénonce et menace Chavez, pendant que Lula le cajole et intrigue dans les coulisses pour le persuader d’abandonner l’idée du socialisme, comme il l’a fait lui-même il y a bien longtemps. The Economist poursuit :
« Lula dit pousser prudemment son homologue vénézuélien à la modération, mais il n’y a aucune preuve que cela modifie la ligne directrice de Mr. Chavez. Si ce dernier continue sur la même voie, les démocrates d’Amérique latine devront bientôt se demander s’il fait toujours partie de leur club. »
Le Colombien Álvaro Uribe est le plus solide allié des Etats-Unis dans la région. Mais même en Colombie – de loin le premier bénéficiaire de l’aide américaine, dans la région, grâce au « plan Colombie » – à peine 39% des gens sondés par LatinoBarómetro, en décembre 2006, avaient une image positive du président américain. Le gouvernement d’Álvaro Uribe est connu pour être lié aux groupes paramilitaires de droite. Le Congrès américain a même proposé de couper l’aide à la Colombie. Mais cela ne semble pas inquiéter Bush et la CIA, en dépit de tous leurs discours sur la démocratie et les droits de l’homme – au Venezuela.
L’aide militaire des Etats-Unis a transformé la Colombie en un vaste camp armé et a complètement modifié l’équilibre militaire, dans la région. La prétendue guerre contre la drogue sert de feuille de vigne pour cacher les véritables objectifs de Washington : d’une part écraser les guérilleros colombiens, d’autre part préparer l’armée colombienne à une éventuelle intervention militaire contre le Venezuela.
Chavez s’est efforcé d’atténuer la menace de la Colombie, notamment en essayant d’amorcer un rapprochement avec Uribe. Mais cette politique est désormais en ruines. Uribe, clairement poussé par Washington, a brutalement coupé les ponts avec Chavez, prétextant des prétendus contacts de Chavez avec les FARC et des officiers militaires colombiens pendant sa tentative de négocier la libération des otages. Ceci montre les limites de la diplomatie bourgeoise pour défendre la révolution vénézuélienne. Les manœuvres diplomatiques sont nécessaires, mais ne peuvent jouer qu’un rôle subalterne. En dernière analyse, les seuls vrais amis de la révolution vénézuélienne sont les ouvriers et les paysans d’Amérique latine et du monde entier.
Mexique : la révolution a commencé !
Ce qui s’est passé au Mexique confirme ce que nous avons dit et répété : il n’y a pas un seul régime stable dans toute l’Amérique latine, de Tierra del Fuego au Rio Grande. Il n’y a pas si longtemps, le Mexique semblait stable. Mais nos perspectives ont été pleinement vérifiées par les événements des deux dernières années.
Le Mexique est entré dans la voie révolutionnaire : des millions de personnes dans la rue, une insurrection à Oaxaca, des éléments de double pouvoir et même des soviets (conseils) embryonnaires. Nous l’avions prévu. A l’inverse, les sectes sont restées bouche bée. C’est ce que Trotsky appelait la supériorité de l’anticipation sur l’étonnement.
Le Mexique est un bon exemple de la façon dont les masses se mobilisent. Des millions de pauvres et de paysans sont descendus dans la rue pour protester contre la fraude électorale et pour soutenir Lopez Obrador. Nos camarades ont lutté à leurs côtés, tout en expliquant notre programme, nos idées et en essayant de pousser le mouvement en avant. C’était exactement ce qu’il fallait faire !
Comme partout ailleurs, le problème central est celui de la direction. Nous devons comprendre comment la classe ouvrière se mobilise : à travers ses grandes organisations traditionnelles, et non de petites sectes. Le mouvement magnifique et spontané des masses a provoqué une crise de la direction. Tel un apprenti sorcier, Lopez Obrador a suscité des forces qu’il ne pouvait pas contrôler – et dont il ne savait que faire. Or il est impossible de maintenir indéfiniment des millions de personnes dans un état d’effervescence sans leur montrer une issue.
Après une longue phase d’intense mobilisation, il y a clairement un élément de fatigue. Contrairement à ce que s’imaginent les sectes gauchistes, les masses ne peuvent pas passer leur vie à ériger des barricades. Si aucun changement n’est en vue, le mouvement reflue pour un temps. C’est normal. Après presque deux ans de luttes et de soulèvements, c’était inévitable. Certaines sections du mouvement prennent du recul et font le bilan de la situation. Ceci dit, des couches fraîches et traditionnellement peu combatives de la classe ouvrière peuvent toujours passer à l’action. Il peut y avoir des pauses et des reculs temporaires, mais aucune stabilité durable n’est possible.
A la surface, il semble que Calderon l’ait emporté. Mais la guerre n’est pas terminée. Comme dans un match de boxe, l’important, ce n’est pas de savoir qui remporte le premier round, mais qui aura l’endurance pour se battre jusqu’au bout. Le gouvernement Calderon est faible et divisé. C’est un gouvernement de crise. D’un côté, la classe dirigeante est trop faible pour écraser les travailleurs, à ce stade – cependant que les travailleurs ne sont pas en situation de prendre le pouvoir faute d’une direction révolutionnaire. Le résultat, c’est un équilibre instable qui peut durer plusieurs années avant le dénouement final.
La lutte des classes se poursuit. Calderon a attaqué le système de retraites et de sécurité sociale du secteur public. Cela signifie une coupe franche dans le niveau de vie des travailleurs concernés – ce que demande la bourgeoisie mexicaine. Mais cela a provoqué des grandes mobilisations syndicales et politiques. Il y en aura d’autres.
Il est difficile de dire combien de temps l’actuel gouvernement peut tenir. Cela dépend avant tout de l’évolution des économies mondiale et américaine – le Mexique étant indissolublement lié à l’économie américaine. Un retournement de conjoncture, aux Etats-Unis, aura de profondes conséquences sur le Mexique. L’argent que des millions d’immigrés mexicains envoient des Etats-Unis joue un rôle très important : il soutient même l’économie de régions entières du Mexique.
Une récession américaine provoquerait une sévère augmentation du chômage parmi les travailleurs latino-américains – et une chute brutale du niveau des transferts d’argent vers le Mexique. La pauvreté s’aggraverait dans des régions déjà pauvres – et les tensions sociales s’exacerberaient. Mais même en l’absence d’une récession, la chute du dollar (et la chute correspondante du yuan chinois) continuera d’affecter gravement l’industrie et l’agriculture mexicaines.
Tous ces facteurs saperont les bases du gouvernement Calderon – y compris dans les classes moyennes, dont les illusions ne tarderont pas à s’évaporer. Dans ces circonstances, le PRD commencera à regagner du terrain. Il s’attirera le soutien de millions de travailleurs et de paysans – pour une raison simple : il n’y a pas d’alternative. Et à un certain stade, la bourgeoisie elle-même n’aura pas d’autre alternative que d’envoyer les masses à l’école du réformisme, où elles apprendront de dures leçons. La politique de Lopez Obrador n’implique pas de rupture avec le capitalisme. Mais le fragile capitalisme mexicain ne peut donner au peuple ce qu’il demande. Un gouvernement Obrador sera un gouvernement de crise.
Les travailleurs et les paysans feront pression sur un gouvernement du PRD pour qu’il mette en œuvre un programme conforme à leurs intérêts. D’un autre côté, l’attitude de la classe dirigeante vis-à-vis d’un gouvernement PRD se résumera par la formule : « user et discréditer ». Elle fera pression sur le PRD pour qu’il poursuive la politique de coupes et de contre-réformes dont le capitalisme mexicain a besoin – après quoi elle renversera le gouvernement et s’engagera vers un gouvernement de droite encore plus réactionnaire. Les réformistes seront pris en étau.
La prétendue « guerre contre la drogue » – qui n’est qu’un prétexte pour réprimer le mouvement révolutionnaire et la classe ouvrière – est une illustration de la faiblesse de la bourgeoisie et de l’Etat mexicains. La violence, les meurtres et autres horreurs sont devenus la norme. Dans ce pays d’à peine 100 millions d’habitants, il y a eu 1600 meurtres liés au crime organisé en 2005, puis 2200 en 2006 – et ce chiffre augmente encore. Il y a des éléments de désintégration sociale et de barbarie, qui peuvent engloutir la société si la classe ouvrière ne prend pas le pouvoir.
Tôt ou tard, il y aura une confrontation ouverte entre les classes. Calderon essaye de renforcer l’appareil d’Etat en vue des luttes à venir. Récemment, 30 000 soldats ont été déployés à travers le pays. Amnesty International a évoqué une politique systématique de « détentions arbitraires, de tortures, de procès injustes et d’impunité ». Au lieu de lutter contre cette situation, Lopez Obrador a proposé d’accroître le recours à l’armée.
Les capitalistes mexicains comprennent, de leur point de vue de classe, ce que nous comprenons du nôtre. Mais les dirigeants réformistes du PRD, eux, ne comprennent rien et ne préparent rien. La situation au Mexique est très explosive – même s’il y aura des flux et des reflux. Nous avons une organisation solide, dans le pays, et une direction qui s’est forgée dans le feu des événements. Dans la période à venir, ils peuvent arriver à des résultats semblables à ce qu’ont réalisé nos camarades pakistanais. Désormais, nous devons être encore plus attentifs à la situation au Mexique et au travail de nos camarades mexicains.
La Bolivie
Evo Morales est au pouvoir depuis deux ans. Il a été élu après que la magnifique classe ouvrière bolivienne a lutté, pendant 18 mois, pour changer la société par des moyens révolutionnaires. Les travailleurs ont organisé deux grèves générales et deux insurrections, renversant deux présidents. Que peut-on demander de plus à la classe ouvrière ?
La bourgeoisie et les impérialistes craignaient que Morales mène la Bolivie sur une voie semblable à celle ouverte par Hugo Chavez, au Venezuela. Mais sa politique de « nationalisation » partielle du pétrole et du gaz a irrité les gouvernements et les investisseurs étrangers – sans pour autant apporter de solutions aux problèmes fondamentaux de la société bolivienne. La « révolution démocratique » promise par Morales a alarmé la bourgeoisie des provinces prospères, à l’Est du pays, sans pour autant satisfaire les travailleurs et les paysans.
En conséquence, la Bolivie penche chaque jour un peu plus vers la contre-révolution. La passivité et l’indécision de Morales ont permis une contre-offensive de la réaction. Le corps judiciaire a organisé une grève de 24 heures pour protester contre la tentative du gouvernement de « balayer le système judiciaire bolivien et de mettre en place un régime totalitaire. » La Cour Suprême est un nid de réactionnaires. Or, à ce jour, aucune mesure significative n’a été prise contre elle.
La jeunesse dorée – les étudiants contre-révolutionnaires et les enfants gâtés de la bourgeoisie – joue le rôle de « troupe de choc » de la réaction. Ils organisent de violentes manifestations de rue. Ils y a eu des affrontements avec des manifestations de travailleurs et de paysans révolutionnaires – avec morts et blessés. Il y a un an, des partisans du gouvernement ont tenté d’évincer le gouverneur de Cochabamba, qui proposait un référendum sur l’autonomie de la région. Trois personnes ont trouvé la mort dans des affrontements violents. Aujourd’hui, les forces réactionnaires sont en selle à Cochabamba, ce qui était impensable il y a tout juste un an.
Ces affrontements annoncent l’imminence d’une guerre civile. Selon The Economist, « ils sont le fait d’une révolution improvisée et aux objectifs incertains ». Ce n’est pas une mauvaise description de la situation actuelle. Une révolution a besoin d’objectifs clairs et d’une détermination à atteindre ces objectifs, quels que soient les obstacles et l’opposition. C’est précisément ce qui manque, en Bolivie.
Comme nous l’avions prédit, l’appel à former une Assemblée Constituante est un moyen de détourner le mouvement révolutionnaire vers le terrain parlementaire. Suite aux manifestations qui ont eu lieu dans l’est du pays, Morales a suspendu l’adoption à la majorité simple de nouveaux articles constitutionnels. Le Mouvement Vers le Socialisme (MAS) de Morales est majoritaire à l’Assemblée, mais il ne dispose pas des deux tiers requis pour adopter une nouvelle Constitution.
Le MAS propose de redéfinir la Bolivie comme un Etat « unitaire, plurinational et communautaire », qui accorderait une place à plus d’une trentaine de « nations » indigènes. Elles auraient le contrôle de leur territoire et de ses ressources naturelles. Elles devraient être représentées, comme communautés (aux côtés de citoyens individuels), dans une Assemblée monocamérale. L’entreprise privée serait protégée à condition de « contribuer au développement économique et socio-culturel ». Enfin, un quatrième pouvoir, le « pouvoir social », serait chargé de superviser les trois pouvoirs traditionnels.
Le vice-président bolivien, Álvaro García Linera, a appelé à un « élargissement des élites » et à ce que « place soit faite aux développements capitaliste et post-capitaliste ». C’est directement tiré du livre de recettes réformistes de Heinz Dieterich. Il n’y a aucune perspective socialiste, aucune proposition d’exproprier l’oligarchie. Même dans ce domaine, les dirigeants semblent prêts aux compromis.
Le gouvernement veut trouver un compromis avec la réaction. García Linera a déclaré : « Nous ne voulons pas d’une constitution qui soit approuvée par 60 ou 70% des habitants et rejetée par le reste de la population ». Le texte final de la Constitution sera soumis à référendum, puis à l’interprétation des tribunaux – que Morales ne contrôle pas. Cela donnera aux réactionnaires la possibilité de poursuivre leur stratégie d’obstruction, de sabotage et de déstabilisation.
En dernière analyse, l’économie est le facteur décisif. Or l’économie bolivienne n’est pas en bon état, et croît moins vite que la moyenne des économies latino-américaines. Plus de la moitié de la population est pauvre. 80% des travailleurs vivent de l’économie informelle. L’émigration se poursuit. Abstraction faite des mines et du gaz, l’investissement privé représente à peine 2 à 3% du PIB – un chiffre misérable. Si Morales ne parvient pas à créer des emplois stables et à améliorer les conditions de vie des masses, toutes les manœuvres constitutionnelles au monde ne pourront pas le sauver.
Les travailleurs et les paysans vont vite se lasser d’une situation qui n’améliore pas fondamentalement leurs conditions de vie. Au final, si aucun changement décisif ne se produit, ils tomberont dans une attitude passive qui permettra à la contre-révolution bourgeoise de reconquérir toutes ses positions. Les réactionnaires reprennent confiance. Ils deviennent de plus en plus insolents et agressifs, car ils voient bien que les travailleurs perdent de plus en plus confiance dans l’avenir de la révolution.
La réaction prépare l’éviction d’Evo Morales. Elle aura peut-être recours à l’armée. Mais elle pourrait aussi utiliser les moyens « constitutionnels » – puisqu’elle contrôle une large partie de l’Etat et du pouvoir judiciaire. Tel est le résultat inévitable d’une politique réformiste et de compromis. D’un autre côté, si les réactionnaires agissent de façon précipitée, ils risquent de provoquer une explosion des masses, qui ouvrirait une nouvelle période de grande turbulence.
Le Venezuela
Contrairement aux sectes ignorantes, les impérialistes comprennent ce que nous comprenons : il y a une révolution, au Venezuela, et les masses se mobilisent pour changer la société. Cela explique les campagnes hystériques sur des sujets comme la RCTV et le référendum constitutionnel. Les impérialistes maintiennent la pression sur Chavez dans le but de bloquer la révolution. Ils s’appuient sur l’aile droite de la direction du mouvement bolivarien et sur la bureaucratie contre-révolutionnaire. Mais les travailleurs et les paysans font pression d’en bas. L’issue de cette lutte déterminera le sort de la révolution – dans un sens ou dans l’autre.
L’ascension rapide et apparemment irrésistible de Chavez ne peut s’expliquer uniquement par ses qualités personnelles. Un mécontentement fermentait déjà dans les masses, mais ne trouvait aucun véhicule à travers lequel s’exprimer. Dès qu’elles eurent trouvé un moyen d’expression, les masses se sont massivement mobilisées dans un mouvement irrésistible qui dure depuis près de 10 ans.
Il y a une relation dialectique entre Chavez et les masses. En donnant une voix aux profondes aspirations des masses, Chavez intensifie ces aspirations révolutionnaires. Les masses poussent en avant, demandent du changement. Cela réagit sur Chavez, le pousse encore plus vers la gauche. Les stratèges du Capital ont observé ce processus, et en sont arrivés à la conclusion qu’il fallait éliminer Chavez d’une façon ou d’une autre. C’est pour cela qu’ils ont mis tant d’énergie dans la campagne pour un vote « non » au référendum constitutionnel.
Ce fut la première vraie défaite de Chavez. Pour la première fois en près d’une décennie, l’opposition a remporté une victoire. Il y a eu des scènes de jubilation dans les quartiers huppés de Caracas. Cependant, la joie des réactionnaires est à la fois prématurée et exagérée. Par rapport aux présidentielles de 2006, l’opposition n’a progressé que de 200 000 voix, alors que Chavez en a perdu 2,9 millions. Les voix perdues par Chavez ne sont pas allées à l’opposition, mais à l’abstention.
Le résultat du référendum sur la réforme constitutionnelle le montre. Le « non » l’a emporté d’une très courte tête, avec 4 521 494 voix (50,65), contre 4 404 626 pour le « oui » (49,34). La question qu’il faut se poser est de savoir pourquoi un si grand nombre de chavistes ne sont pas allés voter. La grande majorité des masses soutient Chavez et la révolution, mais il y a des symptômes clairs de fatigue.
Après neuf ans de mobilisation, les masses commencent à se lasser des discours, des parades et des manifestations – ainsi que des élections et des référendums. Le plus étonnant est que le mouvement ait duré aussi longtemps avant que n’apparaissent les premiers symptômes de fatigue. Les élections de décembre 2006 ont montré qu’après neuf ans de processus révolutionnaire, 63 % de la population soutenait toujours Chavez. Cela indique un très haut niveau de conscience révolutionnaire. Cependant, personne ne doit s’imaginer que cela durera indéfiniment.
Les masses veulent moins de paroles et plus d’actes décisifs : des actes contre les propriétaires terriens et les capitalistes, des actes contre les gouverneurs et les officiels corrompus. Surtout, elles veulent des actes contre la Cinquième Colonne des « Chavistes » de droite, qui portent des T.Shirts rouges et parlent du socialisme du XXIe siècle, mais sont opposés au véritable socialisme et sabotent la révolution de l’intérieur.
Lors du référendum, tous les efforts de l’opposition ne sont parvenus qu’à mobiliser 200 000 voix de plus qu’en décembre 2006. Qui plus est, cette lutte ne peut être gagnée seulement par les seuls votes. Le bourgeois bedonnant, sa femme et ses enfants ; le petit commerçant ; l’étudiant « fils à papa » ; les fonctionnaires effrayés par la « cohue » ; les retraités nostalgiques du « bon vieux temps » de la IVe République ; les spéculateurs, les escrocs ; les vieilles dévotes des deux sexes manipulées par la hiérarchie de l’Eglise ; les petits-bourgeois fatigués de « l’anarchie » : tous ces éléments constituent une force formidable en termes électoraux, mais leur poids réel, dans la lutte des classes, est pratiquement nul.
Le rapport de force entre les classes
Le véritable rapport de force est apparu lors des manifestations qui ont clôturé la campagne référendaire. Comme en décembre 2006, l’opposition a remué ciel et terre pour mobiliser sa base de masse, et elle est effectivement parvenue à rassembler une large foule. Cependant, le lendemain, les rues du centre de Caracas étaient inondées de T.Shirts rouges. Les deux manifestations ont montré que la base active des chavistes est cinq à huit fois plus importante que celle de l’opposition.
C’est encore plus évident dans le cas de la jeunesse. Les étudiants réactionnaires sont les troupes de choc de l’opposition. Ils ont organisé de violentes provocations contre les chavistes. Leur plus grande manifestation a réuni 50 000 personnes. Cependant, les étudiants chavistes ont organisé une manifestation de 200 à 300 000 personnes. Dans ce domaine crucial de la lutte qu’est la jeunesse, les forces de la révolution dominent très largement celles de la contre-révolution.
La révolution a l’appui de la grande majorité des travailleurs et des paysans. C’est la question décisive ! Pas une ampoule ne brille, pas une roue ne tourne, pas un téléphone ne sonne sans la permission de la classe ouvrière. C’est une force colossale, dès lors qu’elle est organisée et mobilisée pour transformer la société.
L’opposition a décidé d’adopter un ton prudent et conciliant parce que la situation n’est pas mûre pour une opération du type d’avril 2002. Toute tentative de lancer un coup d’Etat, à ce stade, provoquerait une puissante mobilisation des masses, qui seraient prêtes à se battre et mourir pour défendre la révolution.
Dans ces circonstances, l’armée vénézuélienne ne serait pas un instrument fiable pour tenter un coup d’Etat. Cela mènerait à une guerre civile que la contre-révolution ne serait pas sûre de gagner. Et on ne peut douter qu’une nouvelle défaite de l’opposition, dans une lutte ouverte, signifierait la liquidation immédiate du capitalisme au Venezuela.
L’armée vénézuélienne et l’Etat
L’armée reflète toujours les tendances existant à l’intérieur de la société. L’armée vénézuélienne est passée par près d’une décennie de tempête révolutionnaire. Cela y a forcément laissé des marques. Il est clair que la grande majorité des soldats de rang – des fils de travailleurs et de paysans – sont loyaux à Chavez et à la révolution. Cela vaut également pour nombre de sergents et d’officiers juniors. Mais plus on monte dans la hiérarchie militaire, moins la situation est claire. Dans les semaines précédant le référendum, il y a eu des rumeurs de conspiration, et des officiers ont été arrêtés. C’est un avertissement sérieux !
La seule façon de s’assurer que tous les officiers réactionnaires du genre de Manuel Baduel soient écartés de l’armée, c’est d’introduire la démocratie dans l’armée, et de donner aux soldats – comme d’ailleurs à tous les officiels publics – la liberté totale de rejoindre des partis politiques et des syndicats. Ceux qui sont loyaux à la révolution n’auraient rien à craindre.
Parmi les officiers, bon nombre sont certainement loyaux à Chavez ; d’autres sympathisent avec l’opposition ou sont des contre-révolutionnaires cachés. La plupart sont probablement plus ou moins apolitiques : ils peuvent pencher dans un sens ou dans l’autre suivant le climat général dans la société.
La question de l’Etat et des forces armées occupe désormais une position clé dans l’équation révolutionnaire. Cela fait un moment que l’Etat capitaliste subit une désintégration. Mais aucun nouveau pouvoir d’Etat n’a été créé pour le remplacer. C’est une situation dangereuse. La formation d’un nouvel appareil d’Etat implique nécessairement un nouveau type d’armée : une armée du peuple, une milice ouvrière et paysanne.
La nouvelle version de la Constitution prévoyait la mise en place d’une Milice Populaire Bolivarienne « comme partie intégrante des Forces Armées Bolivariennes », et composée « d’unités de la réserve militaire » (Art. 329). Cela représente plus d’un million et demi de Vénézuéliens. Une telle force serait un puissant instrument révolutionnaire pour lutter contre les ennemis intérieurs et extérieurs de la révolution.
Si les syndicats avaient des dirigeants à la hauteur de la situation, ils s’appuieraient sur cette proposition pour prendre immédiatement l’initiative de constituer des milices ouvrières dans chaque usine et chaque entreprise du pays. Les travailleurs doivent apprendre à se servir des armes pour défendre leurs conquêtes, défendre la révolution contre ses ennemis et la faire avancer. Mais l’Union Nationale des Travailleurs (UNT) a été divisée et sévèrement affaiblie par des luttes fractionnelles au sein de la direction, dont les membres sont plus intéressés par la lutte pour des postes que par la défense des intérêts de la classe ouvrière. C’est le problème principal !
La faillite des sectes gauchistes
Heureusement que les sectes gauchistes (qui tombent souvent dans l’opportunisme le plus complet) sont faibles, au Venezuela. Leur impatience habituelle, leur formalisme organique et leur façon abstraite de raisonner les rend incapables de comprendre la psychologie des masses. Malheureusement, par un accident de l’histoire, certains de ces gauchistes ont hérité de positions dirigeantes dans certains syndicats, qu’ils ont utilisées pour désorienter des militants ouvriers.
Après avoir empêché l’UNT de devenir une force révolutionnaire, ils l’ont divisée sur la question du Parti Socialiste Unifié du Venezuela (PSUV). L’aile de l’UNT dirigée par Orlando Chirino a non seulement refusé de rejoindre ce parti de masse de la classe ouvrière, mais elle a rallié les contre-révolutionnaires dans leur campagne contre la réforme constitutionnelle. C’était une politique criminelle. Ces pseudo-marxistes sont tellement aveuglés par leur haine de Chavez qu’ils sont incapables de distinguer la révolution de la contre-révolution. Ils se sont coupés du mouvement vivant des masses et se sont condamnés à l’impuissance.
Les soit-disant trotskistes qui ont appelé à voter « non » ou à s’abstenir, lors du référendum, ont joué un rôle absolument pernicieux. Ils ne peuvent même plus être considérés comme une force progressiste – sans parler d’être une force révolutionnaire.
Les contre-révolutionnaires et les impérialistes comprennent la situation bien mieux que les sectes gauchistes. Les masses ont été éveillées à la vie politique par Chavez et lui sont profondément loyales. La bourgeoisie a tout tenté pour écarter Chavez – en vain. Chaque tentative contre-révolutionnaire s’est brisée sur le rocher du mouvement des masses.
En conséquence, la réaction a décidé de s’armer de patience et de « jouer la montre ». Chavez a été élu pour six ans, et dispose donc de près de cinq années supplémentaires avant le terme de son mandat. La bourgeoisie s’est d’abord assurée qu’il ne pourrait pas se représenter. Tel était l’enjeu de la réforme constitutionnelle, de son point de vue. Elle prévoit que si elle parvient à se débarrasser de Chavez, d’une façon ou d’une autre, le mouvement scissionnera et se désintègrera, ouvrant la voie à une reprise en main du pouvoir par la réaction.
L’opposition est prudente car elle connaît sa faiblesse. Elle sait qu’elle n’est pas assez forte pour lancer une offensive. Mais sur la base d’un « accord national », elle cherche à pousser Chavez à limiter son programme. Si elle y parvient, cela démoralisera la base chaviste, et renforcera les réformistes et les bureaucrates.
Sabotage économique
Comment se fait-il que l’opposition se soit relevée de si cuisantes défaites ? Parce que la révolution n’a pas été menée à son terme, parce que d’importants leviers de l’économie sont toujours entre les mains des ennemis acharnés de la révolution, et aussi parce qu’il y a une limite à ce que les masses peuvent tolérer sans tomber dans l’apathie et le désespoir.
Comme nous l’écrivions dans Thèses sur la révolution et la contre-révolution au Venezuela :
« C’est une erreur de s’appuyer exclusivement sur la détermination des masses à faire des sacrifices. Les masses peuvent sacrifier aujourd’hui pour demain jusqu’à un certain point. Il faut garder cela à l’esprit. En dernière analyse, la question économique est décisive. »
Cette remarque est désormais d’une actualité brûlante. La pénurie de produits de base – tels que le lait, le bœuf et le sucre – est devenue intolérable, ces derniers mois. Cela rappelle la situation au Chili, dans les années 70, lorsqu’un sabotage économique généralisé était organisé contre le gouvernement de Salvador Allende.
La bourgeoisie vénézuélienne a lancé une campagne de sabotage systématique de l’économie. Il y a de sérieuses pénuries et une inflation de 19%. Les masses sont loyales à la révolution, mais elles n’accepteront pas cette situation indéfiniment. Elle doit être tranchée tôt ou tard. Chavez a pris des mesures importantes, mais il hésite toujours sur des questions fondamentales telles que l’armée. L’issue n’est toujours pas claire.
Pour les masses, la question du socialisme et de la révolution n’est pas abstraite. Elle est au contraire très concrète. Les travailleurs et les paysans du Venezuela ont été extraordinairement fidèles à la révolution. Ils ont fait preuve d’un haut degré de maturité révolutionnaire et d’une grande détermination à se battre et faire des sacrifices. Mais si la situation traîne trop longtemps sans une rupture décisive, les masses vont commencer à se fatiguer. L’apathie et le scepticisme vont s’installer – en commençant par les couches les plus inertes et les moins conscientes du mouvement.
S’il n’y a aucune conclusion décisive en vue, les gens vont commencer à se dire : « On a déjà entendu tous ces discours, mais rien de fondamental n’a changé. Dès lors, à quoi bon manifester ? A quoi bon voter, si c’est pour vivre à peu près comme avant ? » C’est là le principal danger, pour la révolution. Lorsque les forces contre-révolutionnaires constateront un reflux, elles passeront à l’offensive. Les éléments les plus conscients de la classe ouvrière se trouveront isolés. Les masses ne répondront plus à leurs appels. Alors, la contre-révolution frappera.
Ceux qui prétendent que la révolution est allée trop loin, trop vite, qu’il est nécessaire de marquer une pause, qu’il faut trouver un compromis avec Baduel pour sauver la révolution – ceux-là se trompent complètement. Si une section des masses commence à se fatiguer, ce n’est pas parce que la révolution est allée trop vite, mais au contraire parce qu’elle est trop lente et n’est pas allée assez loin.
Les élections et la lutte des classes
Les marxistes – à la différence des anarchistes – ne refusent pas de participer aux élections. De façon générale, la classe ouvrière doit utiliser toutes les possibilités démocratiques qui existent pour rassembler ses forces, arracher des positions à l’ennemi de classe et se préparer à la conquête du pouvoir.
La lutte électorale a joué un rôle important au Venezuela en unissant, en organisant et en mobilisant les masses. Mais elle a ses limites. La lutte des classes ne peut se réduire à des statistiques abstraites ou à une arithmétique électorale. Le sort de la révolution n’est pas, non plus, déterminé par des lois ou des constitutions. Les révolutions ne se gagnent pas dans des chambres d’avocats ou dans des débats parlementaires – mais dans les rues, les usines, les villages, les quartiers, les écoles et les casernes.
Même après la défaite du référendum, Chavez a toujours assez de pouvoir pour exproprier les banquiers, les propriétaires terriens et les capitalistes. Il a le contrôle de l’Assemblée Nationale et le soutien des sections décisives de la société vénézuélienne. Une loi d’habilitation décrétant l’expropriation des terres, des banques et de la grande propriété privée recevrait le soutien enthousiaste des masses.
Le haut niveau de l’abstention est un avertissement. Les masses demandent des actes – pas des discours ! Par conséquent, cette défaite aura un effet bénéfique : celui d’élever les masses à des niveaux supérieurs de lutte révolutionnaire. Marx expliquait que la révolution, pour avancer, a besoin du fouet de la contre-révolution. Depuis neuf ans, on l’a constaté plus d’une fois, au Venezuela.
La victoire du « non » agira comme un choc salutaire. La base chaviste est furieuse et accuse – à juste titre – la bureaucratie bolivarienne. Elle demande une purge des éléments droitiers du mouvement.
Nous devons suivre concrètement la révolution dans chacune de ses étapes, nous devons étudier tous les faits et chiffres, nous devons participer activement à tous les débats, et jouer un rôle dirigeant dans la construction du PSUV. Mais nous devons faire tout cela comme tendance marxiste clairement délimitée.
Nous avons un peu de temps – mais pas tout le temps. Nous devons construire nos propres forces. Nous avons déjà beaucoup accompli, mais ce n’est que le début. Il reste encore beaucoup à faire. La clé de la révolution vénézuélienne, c’est de parvenir à construire le plus rapidement possible une puissante organisation de cadres révolutionnaires.
Janvier 2008