Il y a 10 ans, l’économie mondiale entrait en récession après la faillite de Lehman Brothers, une des plus vieilles et plus grandes banques du monde. L’ensemble du système bancaire international fut touché. Aujourd’hui encore, nous en payons le prix : les politiciens du monde entier se sont empressés de renflouer les banques – avec de l’argent public – à coup de centaines de milliards, tout en conduisant une sévère politique d’austérité. Pour quel résultat ?
Crise de surproduction
Malgré les coupes drastiques dans les conditions de vie, les dettes atteignent des records, en particulier les dettes des Etats (qui ne pourront pas être payées, quoiqu’en disent les politiciens). Le patronat est passé à l’offensive sur les salaires et les conditions de travail, pour défendre ses profits. L’investissement et la productivité stagnent. La croissance s’élève à peine au-dessus de la stagnation, car les plans d’austérité ont miné la demande.
La plupart des économistes bourgeois n’ont toujours pas compris les causes fondamentales de la crise de 2008. Même Alan Greenspan, ancien dirigeant de la Réserve Fédérale américaine, a dû admettre qu’il n’avait « toujours pas compris pourquoi c’était arrivé ».
La crise de 2008 fut, fondamentalement, une crise de surproduction (conformément aux analyses de Marx). Le système capitalisme a atteint ses limites. Ses capacités productives ont dépassé les limites du marché, qui ne peut plus absorber les marchandises produites. Pendant toute une période, les capitalistes ont eu massivement recours au crédit pour étendre artificiellement les limites du marché. Mais ce faisant, ils ont seulement préparé une crise encore plus sévère.
La soi-disant « reprise » de ces dernières années est la plus faible de l’histoire. En France, la croissance n’a progressé que de 0,8 % sur les trois premiers trimestres 2018. En réalité, la « reprise » économique est déjà épuisée. Une nouvelle récession se prépare.
Certes, les places boursières n’ont jamais connu un tel succès depuis l’après-guerre. Mais elles ne reflètent pas l’économie réelle. C’était déjà le cas avant le krach de 2008. L’actuelle envolée des Bourses est le résultat d’une spéculation énorme sur « l’argent à bas prix » que les Banques Centrales prêtent aux banques privées – à des taux d’intérêt proches de 0 %.
Montagnes de dettes
La croissance mondiale est menacée sur plusieurs fronts. Par exemple, la dette colossale de l’Italie (131 % du PIB) et les actifs pourris que détiennent ses banques privées pourraient précipiter une crise de l’ensemble du système bancaire européen. Au Royaume-Uni, en Espagne et en France, le volume total de la dette (publique et privée) s’élève à plus de 300 % du PIB. C’est insoutenable.
Au niveau mondial, la bulle spéculative qui a éclaté en 2008 a été regonflée. La dette mondiale s’élève désormais à plus 237 000 milliards de dollars, soit plus de 330 % du PIB. Autrement dit, aucun des problèmes structurels n’a été réglé.
D’ores et déjà, la crise qui frappe la Turquie et l’Argentine a des répercussions sur les marchés « émergents », ce qui terrifie les classes dirigeantes.
Menaces protectionnistes
Enfin, les tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine (entre autres) pourraient se développer en une guerre commerciale aux effets dévastateurs. On voit apparaître des mesures protectionnistes, par exemple des augmentations des tarifs douaniers de l’ordre de 25 % sur un certain nombre de marchandises, notamment l’acier et l’aluminium. Cela pourrait plonger l’économie dans une dépression, comme ce fut le cas après la crise de 1929.
Une nouvelle récession mondiale est inévitable, même si l’on ne peut prévoir quand elle interviendra. Nous avons souligné quelques facteurs susceptibles de la précipiter. Les mesures d’austérité et les contre-réformes actuelles ne sont rien comparées à ce qui nous attend. Bricoler ce système en faillite n’y changera rien. Il doit être renversé.