En France, le pouvoir économique est concentré entre les mains des capitalistes des secteurs bancaire, industriel et de la distribution. Le vrai gouvernement du pays, c’est eux. Au nom des intérêts égoïstes de cette minorité, des entreprises sont fermées ou délocalisées, les services publics sont privatisés, des millions de travailleurs sont pris dans l’étau de l’emploi précaire et du chômage. Plus les conditions de retraite e dégradent, plus les banquiers, les organismes de crédit et les compagnies d’assurance se frottent les mains. Chaque coup porté aux services publics leur ouvre de nouvelles sources de profit.
Chaque jour, l’idée fondamentale du mouvement communiste, selon laquelle les intérêts de la vaste majorité de la population sont incompatibles avec ceux de cette minorité parasitaire, trouve une confirmation éclatante dans la réalité. La solution est là : il faut exproprier les capitalistes. Il faut remplacer ce système chaotique, injuste et destructeur par le socialisme. Les banques, l’industrie et la grande distribution doivent être nationalisées et placées entre les mains des travailleurs eux-mêmes. L’économie nationale doit être planifiée et gérée démocratiquement dans l’intérêt de la collectivité. En défendant ce programme, La Riposte ne fait que reprendre le flambeau des grandes idées qui étaient à l’origine du PCF.
Aubry, Strauss-Kahn, Royal et la direction du PS dans son ensemble sont acquis au capitalisme– ou à « l’économie de marché », ce qui est la même chose. Ils excluent d’office toute nationalisation. Ils croient – ou feignent de croire – que le capitalisme peut encore assurer le « progrès social ». N’oublions pas que c’est un gouvernement « socialiste » de Lionel Jospin qui détient le record de privatisations. La valeur des biens publics privatisés, à l’époque, dépassait celle des privatisations réalisées par les gouvernements Balladur et Juppé réunis. Tout gouvernement qui accepte de faire bon ménage avec le capitalisme, qui ne veut pas ou n’ose pas prendre des mesures d’expropriation décisives pour briser le pouvoir des capitalistes, est contraint de s’y soumettre. C’est ce que prouve l’expérience des gouvernements « socialistes » qui, en Espagne, en Grèce et au Portugal, mettent en oeuvre une politique de rigueur draconienne.
Chez les communistes, la nationalisation des banques et l’extension massive du secteur public font pratiquement l’unanimité. Les militants du PCF sont en première ligne des combats pour défendre le secteur public. Mais cette combativité ne trouve pas une expression claire dans le programme du parti. Face au scandale des subventions massives accordées aux banques (qui ont aggravé d’autant la dette publique), Marie-George Buffet avait expliqué la nécessité de lutter pour la nationalisation du secteur bancaire. Cependant, elle n’a pas été suivie par le reste de la direction du parti. La position officielle du PCF est la constitution d’un « pôle public bancaire », qui reposerait – semble-t-il – sur les banques publiques déjà existantes, telles que la Caisse des Dépôts et la Banque Postale.
L’essentiel du secteur bancaire resterait donc entre les mains des capitalistes. Quant à savoir comment ce « pôle public » modifierait en quoi que ce soit le fonctionnement du système bancaire, c’est un mystère que les dirigeants du parti ne s’empressent pas d’éclaircir. Enfin, le programme officiel du parti ne réclame pratiquement aucune nationalisation dans les autres secteurs de l’économie. La Riposte ne propose pas de se limiter aux nationalisations partielles et bureaucratiques que nous avons connues par le passé, comme par exemple en 1981. Cette expérience a montré qu’en l’absence d’un contrôle démocratique des salariés sur l’entreprise nationalisée, celle-ci est toujours gérée selon des critères capitalistes et au service du capitalisme en général. Le socialisme, ce n’est pas seulement la nationalisation des grands leviers de l’économie. C’est également le contrôle démocratique de l’économie – et de l’Etat – par les salariés et leurs organisations. Les travailleurs, les jeunes et les retraités en lutte contre Sarkozy et la classe dirigeante ont besoin de revendications et d’un programme clairs. Tant que les capitalistes conservent leur emprise sur les moyens de production, de distribution et d’échange, il ne sera pas possible d’en finir avec le chômage et les problèmes qui pèsent plus lourdement que jamais sur le monde du travail. A tous les niveaux, le PCF et L’Humanité devraient proclamer haut et faut la nécessité d’en finir avec le capitalisme, et affirmer clairement que cela signifie l’abolition de la propriété privée dans tous les secteurs clés de l’économie nationale.