Il n’est pas vrai que personne ne pouvait prévoir la récession, comme le répètent aujourd’hui tous les « experts » qui, eux, n’avaient rien vu venir. La Riposte l’avait prévue et expliquée à l’avance. La récession actuelle est une crise classique de surproduction capitaliste. Comme nous l’avons expliqué dans nos publications, cette récession a pu être reportée de quelques années par l’injection massive de capitaux fictifs dans le système. Mais elle était inéluctable, à terme.
En juin 2000, en pleine période de « boom » économique, le journal Le Monde écrivait : « A Bercy comme à l’INSEE, on voit l’avenir en rose ». La presse était pleine d’« analyses » sur le soi-disant « cycle vertueux » de l’économie capitaliste.
En réponse, nous expliquions alors que la croissance ne durerait pas indéfiniment : « Il faut revenir brièvement sur quelques-unes des lois fondamentales de l’économie capitaliste. Celle-ci procède par des cycles successifs de croissance et de récession. Fondamentalement, ce cycle s’explique par le fait que les producteurs, à savoir les salariés, ne reçoivent qu’une partie de la valeur de ce qu’ils ont produit. Par conséquent, ils ne peuvent jamais racheter la totalité de ce qu’ils produisent. D’où le caractère convulsif de la production et les crises de surproduction. […] Une fois survenue, la crise de surproduction entraîne la destruction d’une partie des forces productrices (fermetures, licenciements, fusions), réduisant ainsi l’offre par rapport à la demande.
« Il faut en outre tenir compte de la fonction du crédit. Par le biais du crédit, la demande peut être artificiellement soutenue. Par conséquent, le crédit a pour effet de retarder temporairement la saturation du marché. L’expansion du crédit est une façon de puiser dans des valeurs non encore créées et de les injecter dans l’économie présente. Il s’agit là d’un élément très important pour la compréhension de la conjoncture économique actuelle.
« Le marché le plus important du monde est celui des Etats-Unis. Le marché américain consomme à lui seul 28% de toute la production mondiale. Ce qui se passe aux Etats-Unis, sur le plan économique, a un impact déterminant sur l’économie française, puisque c’est la croissance de la demande et de la production aux Etats-Unis qui constitue le facteur principal dans l’évolution de l’économie européenne.
Autant dire que les perspectives pour l’économie européenne et française, dans les années à venir, seront dans une large mesure conditionnées par celles de l’économie américaine. » [1]
Reprenant les chiffres de la hausse vertigineuse des valeurs boursières américaines, et tenant compte de la masse sans cesse grandissante de crédits accordés aux entreprises, aux administrations et aux ménages américains, nous expliquions que la croissance des Etats-Unis était « largement fondée sur une masse monétaire en plein dérapage par rapport aux richesses réellement créées. Elle ne se poursuit qu’en se dopant aux capitaux fictifs. Il s’agit d’une bombe à retardement économique qui, en explosant, plongera le monde entier dans une récession.
« Compte tenu des graves déséquilibres de l’économie américaine, la récession qui approche sera particulièrement sévère, et ses conséquences sociales colossales. […]Un krach boursier réduira d’emblée les revenus des 50% de ménages américains qui possèdent un portefeuille d’actions. Il plongera beaucoup de ces ménages dans les abîmes du surendettement. La consommation se ralentira fortement, entraînant des faillites et une recrudescence du chômage. Comme le miracle japonais ou sud-est asiatique avant lui, le nouveau rêve américain va se transformer en cauchemar. »
Cette analyse générale a été reprise et précisée dans une série de textes publiés par La Riposte, jusqu’en 2008, date à laquelle la crise économique internationale est venue confirmer nos perspectives.
[1] Les Etats-Unis et l’Europe : perspectives économiques. Juin 2000.