L e 16 novembre dernier, la direction de la faculté Schuman, à Aix-en-Provence, annonçait la suppression de 332 places (sur 1032) en première année de psychologie. Cette coupe drastique devait être effective dès la rentrée de septembre 2024.
La raison d’une telle décision est – ô surprise – budgétaire. La filière de psychologie de cette fac a beau avoir une excellente réputation à l’échelle nationale, cela ne pèse rien face à l’argument suivant : « il faut faire des économies ». En outre, comme chacun le sait, les études de psycho ne peuvent guère contribuer au « réarmement de la France ».
Au lieu d’assumer la logique bassement budgétaire de sa décision, la direction de l’université a expliqué, sans sourciller, que le nombre de places supprimées correspondait au nombre d’abandons en première année. Magnifique argument ! A la limite, la direction de la fac rend un fier service à tous ceux qui auraient commis l’étourderie de s’inscrire en psycho, à la rentrée prochaine, alors qu’ils étaient statistiquement prédestinés à l’abandon.
La puissance de cette démonstration mathématique aurait désarmé toutes les oppositions si la direction de la faculté n’avait pas cru bon de formuler un deuxième argument, que voici : il y a trop d’étudiants inscrits en psycho au regard des moyens dont dispose la faculté Schuman.
Mais voilà qui change tout ! Car dès lors, la théorie des « abandons prévisibles » s’effondre au profit d’une nouvelle perspective, et même d’une alternative claire à la suppression de places : l’allocation de moyens supplémentaires.
Mieux encore : l’argument portant sur le manque de moyens offre un début d’explication aux abandons eux-mêmes – car il est vrai que les conditions d’étude, en psycho, sont loin d’être idéales : les amphithéâtres sont tellement bondés que les étudiants doivent arriver au moins 15 minutes en avance pour avoir une chance de ne pas être assis… par terre.
Le 28 novembre, une trentaine de militants syndicaux – dont une majorité de la Fédération syndicale étudiante (FSE) – envahissaient et interrompaient la réunion de la « Commission de la formation et de la vie universitaire » censée ratifier les suppressions de places. Quelques semaines plus tard, on apprenait que 100 places, et non plus 332, seraient supprimées. Il n’y a pas de quoi crier « victoire ». C’est une régression inacceptable qui, plus que jamais, souligne l’urgence d’une lutte massive pour un enseignement supérieur de qualité et accessible à tous.