La contraction du commerce et la destruction de l’industrie, conjuguée aux effets socialement désastreux de la politique d’austérité du gouvernement, entraîne une augmentation massive du nombre de chômeurs. L’emploi, les salaires, les conditions de travail, les allocations et retraites : tout ce qui concourt, en somme, à créer les conditions d’une vie digne et supportable, est constamment miné et détruit. L’explication de cette régression est souvent présentée comme le résultat d’une « crise » dont on n’explique pas les causes, comme si elle existait indépendamment des intérêts de classe, comme si personne n’en était responsable. Pourtant cette « crise » n’affecte pas tout le monde. Alors que l’avenir s’assombrit pour la majorité, les riches et les puissants qui se trouvent au sommet de la pyramide sociale continuent de s’enrichir. Ils ne s’occupent que de leurs intérêts égoïstes.
Prenez n’importe quel aspect de cette « crise », que ce soit le chômage, la dégradation des salaires et des conditions de travail, les suppressions d’emploi et délocalisations, les loyers exorbitants, le démantèlement des services publics, l’endettement de l’Etat – sans parler de la corruption ou des scandales comme celui de la viande de cheval et autres trafics alimentaires –, et vous trouverez que l’explication réside, en fin de compte, dans la volonté d’entretenir et grossir les fortunes, les privilèges et le pouvoir de la classe capitaliste. C’est l’avarice sans bornes de la classe capitaliste et le chaos inhérent à leur système qui sont la cause de la crise. C’est une classe qui vit au détriment du reste de la société, une classe de parasites. Une fois qu’on a compris cela, l’objectif de « sortir de la crise » ne peut se concevoir qu’en s’attaquant à sa racine. Pour que la société se relève, pour que les travailleurs et la jeunesse aient un avenir digne, il faudrait en finir avec cette classe en lui privant de la source de son pouvoir : sa propriété.
Tout le monde voit que les gouvernements se succèdent, mais la politique mise en œuvre, elle, ne change que sur quelques détails. L’explication est simple : le problème qui se trouve au cœur de la « question sociale » n’est pas tant le personnel des ministères, mais le pouvoir économique, le contrôle des banques et des entreprises. Changer de gouvernement sans s’attaquer aux intérêts capitalistes n’offre aucune solution. Tout gouvernement, qu’il se qualifie de droite ou de gauche, qu’il se nomme « socialiste » ou même « communiste », qui ne veut pas s’attaquer au capitalisme – c’est-à-dire aux capitalistes – sera nécessairement réduit à en être l’instrument, le serviteur.
La question de la propriété des moyens de production et d’échange est la question centrale de notre époque. De sa résolution dépend celle de l’ensemble des problèmes sociaux et économiques. Si les capitalistes parviennent à conserver leur pouvoir économique, il ne sera pas possible d’empêcher la régression sociale et d’utiliser les ressources du pays dans l’intérêt de la majorité. Cette réalité a des implications majeures pour le mouvement ouvrier français – et même pour le mouvement ouvrier à l’échelle internationale. Elle signifie que la lutte pour défendre les intérêts des travailleurs est indissociable de la lutte pour le socialisme, et indissociable, en conséquence, de la lutte pour le renforcement et le réarmement politique des organisations syndicales et politiques de la classe ouvrière, et nous pensons particulièrement à la CGT et au PCF.
Les raisons pour détester le capitalisme et la droite ne manquent pas. Ce sont nos ennemis. Mais il faut savoir reconnaître les qualités d’un adversaire, et nos ennemis capitalistes et les politiciens qui les servent ont une grande qualité : ils ne reculent devant rien pour obtenir ce qu’ils veulent. Ils mènent la lutte des classes, de leur point de vue, avec une vigueur et une détermination implacable. Nous avons besoin de dirigeants ayant cette même qualité, et d’un programme qui ne se borne pas à résister aux seuls effets du système capitaliste, mais qui pose avec netteté la question de la propriété des banques, de l’industrie et de tous les secteurs décisifs de l’économie. Sur la base du capitalisme, l’avenir de la France, c’est ce qui se passe en Espagne actuellement. Et l’avenir de l’Espagne, c’est ce qui se passe en Grèce. Le réformisme – qui veut résoudre les problèmes créés par le capitalisme sur la base de ce même système – n’est pas à la hauteur des enjeux. Le mouvement ouvrier doit s’armer d’un programme pour en finir avec le capitalisme. Telle est la condition préalable de la victoire de la lutte pour la transformation révolutionnaire de la société.