Le taux de chômage vient d’atteindre le record historique de 11 % de la population active. Si on rajoute à cette statistique officielle les « chômeurs partiels » et les non-inscrits, le taux se situerait autour de 17 %. Chez les moins de 25 ans, selon les chiffres minimisés du gouvernement, le taux est de 22,7 %. Or, l’un des arguments les plus courants pour justifier le capitalisme est que la recherche du profit est génératrice de progrès technologiques et d’efficacité économique. Les inégalités sociales seraient le prix à payer pour ce bienfait. Mais que penser de « l’efficacité économique » d’un système qui n’offre aucune activité productive à une fraction aussi massive de la population ? C’est en réalité un énorme gâchis de puissance productive, mais aussi d’intelligence et de créativité potentielle de millions de personnes.
Le MEDEF nous sermonne sur la nécessité de réaliser des « gains de productivité ». Le rapport Gallois martèle ce même thème. Selon cette propagande patronale, c’est la clé de la lutte contre le chômage. Mais des gains de productivité ne signifient pas la création de richesses supplémentaires ou d’emplois. Ils ne répondent qu’à l’avarice capitaliste. Il s’agit d’augmenter la plus-value générée par les salariés dans chaque heure de travail, pour pouvoir réduire le nombre de salariés dont ils ont besoin. Un « gain de productivité » est avant tout un gain de profit. Le rapport de Louis Gallois indique une évolution de la productivité de 0,8 % par an. Et pourtant, la production globale stagne – et passera prochainement, sans doute, dans le négatif. Le nombre de chômeurs augmente massivement, mois après mois. Le « gain » n’est donc pas pour tout le monde.
Quant aux « inégalités sociales », à bien réfléchir, cette expression est très en-dessous de la réalité actuelle. Elle laisse entendre qu’il suffirait de quelques réformes, de quelques modifications marginales pour aplanir les différences de niveau de vie. Mais le problème n’est pas l’existence de simples inégalités. L’inégalité, au fond, ne serait pas aussi grave si les moins favorisés pouvaient s’en sortir. Le capitalisme nous a amené à une situation autrement plus désastreuse.
Une misère mordante est en train de ronger la santé et le moral d’une masse sans cesse grandissante de citoyens. Cette pauvreté ne concerne pas que les chômeurs. Parmi les milliers de personnes qui, tous les soirs, à Paris comme dans pratiquement toutes les grandes villes, ne mangent que grâce aux « camions de la Mairie » et autres « soupes populaires », il y a un nombre important de salariés, souvent avec leurs enfants. Ce sont des travailleurs surendettés, fichés à la Banque de France. Il y a des familles qui viennent là quand ce qu’elles ont pu acheter au supermarché n’a pas suffi à les nourrir. Or, en même temps, nous avons les capitalistes. Jamais, dans toute l’histoire de la France, on n’a connu une concentration aussi forte de richesses entre les mains d’une minorité aussi restreinte. Dans ses villas, ses châteaux, ses jets privés et ses bateaux, cette minorité parasitaire vit dans une opulence sans limite. Elle prend des décisions qui peuvent ruiner des entreprises, des industries et des communautés entières.
Personne – en dehors de la petite coterie élyséenne – n’ose prétendre que cette situation va s’améliorer. Les grandes institutions bancaires et commerciales, comme le FMI et l’OMC, craignent un « décrochage » de l’économie française dans un avenir proche. Il semblerait que le gouvernement allemand soit du même avis. Cette perspective repose sur des faits bien réels : désindustrialisation, fuite de capitaux, restriction du crédit et des dépenses publiques, augmentation massive de la dette publique, déficit commercial record, recul sur les marchés européen et mondial, demande intérieure stagnante… Par contre, quand Hollande nous assure que la « reprise » sera pour 2013 ou 2014, il ne se base sur rien. La France est à 0 % de croissance et tous les pays qui ont des liens commerciaux forts avec elle sont en récession ou, au mieux, connaissent une croissance faible ou un ralentissement. D’où viendra la reprise ? Des aubaines fiscales accordées aux plus riches, peut-être ? Non, le déclin se poursuivra.
Cette situation signifie que les capitalistes, le gouvernement et tous ceux qui profitent de l’ordre établi sont assis sur un volcan. Peut-être qu’ils le savent. Peut-être qu’ils ne le savent pas. On imagine bien des bourgeois se moquer de l’idée d’une révolution. On imagine tous ces politiciens « modérés », confortablement installés dans le décor impérial des institutions parlementaires, afficher un sourire narquois à l’idée d’un « grand soir ». Après tout, Louis XVI et Marie-Antoinette ne se croyaient menacés que par la noblesse. Quant à nous, nous ne pensons ni à une soirée, ni même à une semaine ou un mois. Mais nous pensons que le déclin du système ouvrira toute une époque de conflit entre les classes, qui finira inéluctablement par remuer la conscience et l’esprit de révolte dans la jeunesse et la classe ouvrière.
Notre rôle, en tant que communistes, est de fournir des idées et un programme révolutionnaires pour aider les travailleurs à comprendre que le vrai pouvoir en France n’est ni à l’Assemblée Nationale, ni au Sénat, ni dans les Mairies, mais dans la propriété capitaliste des banques, de l’industrie et du commerce. L’emprise des capitalistes sur les institutions, l’économie et tous les aspects de notre vie vient de là. C’est cette propriété capitaliste qu’il faut abolir.