Nous étions sur le point de publier l’article ci-dessous lorsque nous avons appris que le siège du PCF du Rhône a été victime d’une attaque de la part d’une bande fasciste se réclamant des Jeunesses Nationalistes, mercredi 26 septembre. Cette agression prouve encore ne fois qu’une réponse sérieuse et organisée à la violence fasciste est nécessaire et urgente.
Depuis quelques années, les habitants de Lyon font face à une recrudescence de provocations et d’actes violents de la part des militants d’extrême droite locaux, organisés en différents petits groupes aux noms évocateurs tels que Jeunesses Identitaires, Jeunesses Nationalistes ou encore « Bunker Korps ». Le point commun entre ces différents groupes ? La haine de l’autre et la volonté de s’imposer dans l’espace public, par l’intimidation et la violence si besoin.
La situation a connu une certaine médiatisation au niveau national suite à l’ouverture d’un local à vocation « culturelle » dans le quartier de Gerland : le fameux Bunker Korps. Entre la salle de musculation, la salle télé pour permettre aux hooligans interdits de stades de voir les matchs de l’Olympique Lyonnais et les entraînements au combat de rue, on ne sait pas trop où la culture trouvait un endroit pour se réfugier mais ce qui est sur, c’est que ceux qui y entraient n’en sortaient pas plus ouvert sur le monde qui les entoure. Les multiples agressions à caractère raciste ou homophobe commises aux alentours de ce local ont amené des partis de gauche, des syndicats et des associations à se regrouper au sein d’un collectif de vigilance contre l’extrême droite et à obtenir la fermeture administrative du local auprès de la mairie.
Cependant, on ne vainc pas le fascisme avec des mots d’ordre ou des décisions administratives. Pour preuve, après cette fermeture, les provocations ont continué avec l’organisation de différentes manifestations « identitaires », telle la marche des cochons, souvent émaillées de violences. Les agressions aussi ont continué, avec le saccage de plusieurs restaurants tenus par des personnes d’origine immigrée dans le Vieux Lyon où, justement, un nouveau local a récemment été ouvert par les Jeunesses Identitaires. Il faut également signaler l’intimidation systématique à l’encontre des militants de gauche ou syndicalistes « repérés », voire les agressions perpétrées au cutter ou à la batte contre ces mêmes militants, s’ils ont le malheur de croiser seuls ces courageux « défenseurs de la patrie » qui ne frappent qu’en groupe et de nuit.
Face à ces violences, les militants qui se sont regroupés au sein du collectif de vigilance ont eu un sain réflexe. C’est en s’organisant tous ensemble que les travailleurs peuvent riposter à la violence des fascistes. Cependant, on peut regretter que l’Union Départementale CGT du Rhône ait choisie de rester à l’écart de ce collectif pour ne pas « faire le lit des anars », même si différents syndicats CGT y ont adhéré de leur propre initiative. On peut regretter aussi la manière dont le collectif se limite à demander à la mairie ou au préfet de « faire appliquer la loi » alors que nous avons constaté plus d’une fois qu’elle était insuffisante, voir que certains policiers pouvaient faire preuve de complaisance à l’égard des militants d’extrême droite. Les travailleurs doivent compter sur leurs propres forces pour vaincre les fascistes. S’ils menacent les manifestations, il faut un service d’ordre solide pour les chasser. S’ils attaquent des passants ou des commerçants depuis leurs locaux, il faut organiser la surveillance de leurs QG et la protection des personnes par une véritable garde populaire, appuyée sur les organisations de masse des travailleurs.
Faute d’organiser une riposte concrète, on se priverait du moyen d’éradiquer la violence fasciste à Lyon, qui n’est l’œuvre que d’un petit nombre d’individus. Ce serait justement faire le « lit des anars » en leur abandonnant la lutte de terrain contre le fascisme, que la plupart d’entre eux considèrent comme une affaire de spécialistes devant être menée selon un code d’honneur. La lutte contre le fascisme devient alors une suite d’escarmouches entre groupuscules d’extrême droite et d’extrême gauche par laquelle les travailleurs ne se sentent nullement concernés.
Au contraire, il faut que les masses s’impliquent dans la lutte contre les provocations fascistes pour réellement anéantir cette menace dans l’œuf. Cela passe nécessairement par l’implication sérieuse des organisations de masse dans cette lutte.