Pour préparer le Congrès extraordinaire du PCF de décembre prochain, la direction du parti propose aux adhérents de remplir un long questionnaire. Voici les réponses de La Riposte à une partie de questions.

Comment qualifier le capitalisme aujourd’hui ? A-t-il changé et en quoi ?

Les banques, l’industrie et pratiquement tous les moyens de production, de communication et d’échange sont toujours entre les mains des capitalistes. Nous sommes donc dans une société capitaliste. Le capitalisme a « changé » en ce sens qu’il est devenu plus rapace, plus parasitaire et plus réactionnaire que jamais.

Quelles sont les nouvelles formes d’exploitation, d’aliénation et de domination ?

L’exploitation et l’oppression font partie intégrante du capitalisme. Elles peuvent prendre diverses formes. Il en a toujours été ainsi. Il est difficile de dire s’il y en a de véritablement « nouvelles ». Mais la racine du problème est toujours la même. Il s’avèrera impossible d’en finir avec l’exploitation et toutes les formes d’oppression tant que l’économie et l’Etat resteront sous le contrôle de la classe capitaliste. Il ne peut y avoir d’égalité entre exploités et exploiteurs.

Le combat pour le dépassement du capitalisme est-il nécessaire ? Est-il possible ? Est-il suffisant ?

Il est impossible de « dépasser » graduellement le capitalisme, comme le croient – ou font semblant de croire – les milieux dirigeants du PCF. Le capitalisme se dresse comme un obstacle incontournable sur la voie du progrès social. C’est un système qui, à notre époque, interdit toute avancée sociale conséquente, et ne peut même pas tolérer les conquêtes sociales du passé.

L’expression « dépassement du capitalisme » est inappropriée. Il faut renverser le capitalisme, le supprimer, par l’expropriation des capitalistes et l’instauration d’une planification démocratique de l’économie, soumise au contrôle et à la direction des travailleurs à tous les niveaux. Ceci n’est possible qu’au moyen d’une mobilisation massive et consciente du salariat et de la jeunesse.

Ce renversement serait-il « suffisant » ? Drôle de question ! Suffisant au regard de quoi ? Cela suffirait pour abolir le capitalisme, et ce n’est déjà pas mal !

La classe ouvrière a-t-elle disparu, sa structuration s’est-elle modifiée ? Comment la définir aujourd’hui ?

Au fond, la classe ouvrière, ou le « prolétariat », c’est le salariat. On définit cette classe comme Marx l’a définie : une classe qui n’est pas propriétaire des moyens de production, et ne vit que de la vente de sa force de travail. Aujourd’hui, loin d’avoir disparu, cette classe constitue une proportion plus importante que jamais de la population active (86% au dernier recensement national). Les métiers changent – il en a toujours été ainsi – avec l’évolution de la technologie, mais cela ne change pas les caractéristiques fondamentales du salariat. Les « intellectuels » farfelus qui prétendent que la classe ouvrière n’existe plus feraient bien de se demander d’où viennent les bâtiments, l’éclairage, l’approvisionnement en eau et tous les services et marchandises qu’ils consomment quotidiennement.

La société française a-t-elle « glissé à droite » ? Les Français partagent-ils majoritairement les idées de la droite, ou n’y sont-ils pas perméables devant la faiblesse de celles de la gauche ?

La « société française » est composée de classes sociales antagoniques. La classe dirigeante dispose de moyens considérables pour manipuler l’opinion publique. Comme l’expliquait Marx il y a bien longtemps, les idées dominantes, dans une société, sont celles de la classe dominante, du moins dans toutes les périodes historiques « normales », en dehors des périodes de révolution.

Les travailleurs ne « glissent » pas vers la droite. Sarkozy a gagné du fait de la faillite politique des dirigeants du PS. Quinze ans de gouvernement socialiste, depuis 1981, dont huit ans avec la participation du PCF, ont convaincu des millions de travailleurs que le programme de la gauche n’offre pas une alternative sérieuse au capitalisme. Et ils ont raison sur ce point. La théorie du « glissement vers la droite de la société », véhiculée par certains dirigeants du PCF, vise à fournir une « explication » de l’affaiblissement du parti par des raisons extérieures à celui-ci, alors que les causes résident dans le programme du parti et le comportement de ses dirigeants. Un PCF dont les dirigeants ont cautionné et mis en œuvre le plus grand programme de privatisations jamais réalisé dans l’histoire de France (31 milliards d’euros entre 1997 et 2002) ne sert pas à grand-chose aux yeux de son électorat traditionnel. Si on cherche un « glissement vers la droite », en voilà un bel exemple !

Quels sont les espaces de résistances à la mondialisation capitaliste ?

Si on nous explique ce qu’est un « espace de résistance », on tentera de répondre à cette question !

Quel sens donner aujourd’hui au mot de communisme ?

Aujourd’hui comme hier, le communisme, c’est l’émancipation sociale des travailleurs, sur la base de leur conquête du pouvoir d’Etat et de la propriété collective des moyens de production.

Quelle est l’image de ce mot dans l’opinion ?

Dans l’« opinion » bourgeoise – et donc dans la presse, les médias, etc. –, son image est négative, naturellement. Il va de soi que les capitalistes ont intérêt à discréditer les idées communistes. Mais leur tâche a été facilitée par cette caricature monstrueuse du « communisme » qu’était le stalinisme, et aussi par le fait que, pendant des décennies, les dirigeants du PCF ont nié ou justifié les pires atrocités du stalinisme. Aujourd’hui, « se dissocier » du stalinisme ne suffit pas. Pour combattre efficacement l’idée que le communisme mène au totalitarisme, il faut expliquer le stalinisme d’un point de vue marxiste.

Le PCF est-il encore marxiste ?

Il existe des marxistes dans le PCF, et beaucoup de militants du parti aimeraient mieux comprendre le marxisme. La Riposte s’efforce de répondre à l’attente de ces camarades. Mais les idées défendues par la direction actuelle du parti ne sont pas marxistes. Les révisions successives du programme du PCF ont fini par le vider de son contenu communiste, à la faveur d’une vague panoplie de mesures dites « anti-libérales ». Il ne contient pratiquement aucune nationalisation, aucune mesure s’attaquant à la propriété capitaliste. Si ce réformisme insipide s’installait durablement dans les orientations du PCF, celui-ci ne serait jamais autre chose que la cinquième roue du carrosse social-démocrate, et son déclin se poursuivrait.

La forme « parti » est-elle à revisiter ?

Non. Le parti est l’instrument indispensable pour l’élaboration, la défense et la propagation de notre programme et de nos idées, ainsi que pour l’organisation pratique de notre activité politique en général. Mais l’existence du parti ne suffit pas. Ce qu’il faut, c’est mettre le programme du PCF en conformité avec son nom.

Qu’est-ce qui explique l’échec de la stratégie de rassemblement et celui de la candidature commune aux élections présidentielles ?

Comme La Riposte l’expliquait à l’époque, il était tout simplement exclu, dès le départ, que la LCR ou Bové mènent campagne pour le PCF. Leur seul intérêt était de mettre les forces du parti – largement supérieures à celles de toutes les autres formations réunies – à la remorque de leurs propres candidatures. Dès qu’ils ont compris que ceci ne se produirait pas, ils lui ont tourné le dos. Pour le parti, tout ce cirque était une perte de temps et d’énergie.

Quels rassemblements et alliances pour demain ? Le PCF doit-il passer de nouvelles alliances pour retrouver une crédibilité politique ?

Au lieu de courrir après des alliances avec de petites formations « anti-libérales », dans l’espoir de paraître plus forts, devenons réellement plus forts en construisant une alliance entre le PCF et les travailleurs et les jeunes les plus militants, les plus politiquement conscients, en leur proposant un programme communiste.

Le programme revendicatif du parti doit donner une expression générale à leurs besoins et aspirations dans différents domaines : semaine du travail, salaires, loyers, logements sociaux, droit de vote des étrangers, etc. Mais en même temps, il faut combattre les illusions réformistes – plutôt que de les répandre, comme c’est le cas actuellement – en expliquant qu’il sera impossible d’empêcher la régression sociale tant que le pouvoir économique restera entre les mains des capitalistes, c’est-à-dire sans la nationalisation, sous le contrôle et la direction des travailleurs eux-mêmes, de toutes les banques, des compagnies d’assurance et de crédit, ainsi que de tous les grands groupes du secteur industriel, du commerce, des services et des communications. C’est cela, le communisme.

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