L’exploiteur du mois est un vieux de la vieille qui pourrait figurer chaque fois dans cette rubrique. Son nom est Mitt Romney, ex-candidat républicain à l’élection présidentielle des Etats-Unis. Il agit comme une ombre derrière le fonds d’investissement Bain Capital.
Pour ces gens, les lois n’existent pas. Ils peuvent user de tous les stratagèmes pour arriver à leurs fins. Bain Capital est propriétaire du bagagiste Samsonite. En 2005, Samsonite a annoncé la cession de son usine d’Hénin-Beaumont. L’objectif était purement financier, car l’usine était nettement rentable. Mais Bain Capital gagne bien plus d’argent grâce aux spéculations boursières.
Samsonite a cédé son usine d’Hénin-Beaumont en 2005, pour un euro symbolique. Il a alors trouvé les meilleurs des chefs d’entreprise. M. Goulletquer, secrétaire général, a déjà été condamné trois fois pour banqueroute ou détournement dans d’autres entreprises. Jean-Jacques Aurel est devenu le PDG de l’usine et Olivier Walter, un obscur consultant. Ensemble, ils ont créé l’entreprise « Energy Plast » et organisé une vaste opération frauduleuse de liquidation judiciaire de l’usine. Ces patrons-voyous ont reçu plusieurs millions d’euros d’aide de Samsonite pour la reconversion. Sur le papier, le site devait se lancer dans la fabrication de panneaux solaires. En réalité, nos trois loustics n’en ont produit aucun. Et ils ont alors détourné 2,5 millions d’euros.
Oliver Walter s’était fait payer 800 000 euros d’honoraires pour ses conseils, qu’on imagine très précieux. En 2007, les 205 employés ont été mis à la porte et jetés dans la précarité. En 2009, alors que 80 % des salariés étaient toujours sans emploi, la justice a réagi, enfin, et le tribunal de Béthune a annulé les contrats de cession. Samsonite doit payer des indemnités de licenciement. Dans la foulée, le secrétaire général de l’usine, Jean-Michel Goulletquer, a été condamné à deux ans de prison ferme, le PDG Jean-Jacques Aurel à un an ferme et le consultant Olivier Walter à 18 mois.
Si on peut se réjouir que les corrompus aient été condamnés, les corrupteurs de Bain capital sont tranquilles. Ils payent juste ce qu’ils auraient dû payer normalement. Depuis, les ex-ouvriers ont traqué les véritables responsables de cette liquidation frauduleuse jusqu’aux Etats-Unis, où ils poursuivent le fondateur et ancien actionnaire de Bain Capital, Mitt Romney. Grâce aux dons d’auditeurs de l’émissionLà-bas si j’y suis, ils ont pu assister à leur procès en 2012, mais celui-ci n’a rien donné. Ils ont donc attaqué en appel.
Toute la rédaction de La Riposte soutient leur combat. Bien qu’il ressemble à la lutte du pot de terre contre le pot de fer, il faut savoir que l’équipe d’Obama avait déjà utilisé cette histoire contre Mitt Romney. Et même si la justice est acquise aux capitalistes, il est possible qu’elle punisse ici l’un des siens. Croisons les doigts et continuons le combat !
F. L. (CGT La Poste/PCF 28)