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Dans l’odieux personnage de Nicolas Sarkozy, nous avons un concentré de tout ce que les capitalistes trouvent louable et vertueux. L’ambition personnelle de cet homme riche et arrogant se confond avec celle de la classe qu’il représente. Sarkozy plaît beaucoup au MEDEF, qui reproche à Raffarin sa « lenteur » et son « manque d’audace ».
Malgré tout ce que Raffarin a fait pour répondre aux exigences du patronat, pour les requins capitalistes comme Ernest-Antoine de Sellière, la démolition des conquêtes sociales et les attaques contre les droits des travailleurs ne vont ni assez loin ni assez vite. Pour eux, il est urgent de détruire tout ce qui constitue un obstacle au marché « libre » - c’est-à-dire complètement sous le joug des capitalistes -, de façon à ce que l’économie et la société soient entièrement soumises à la loi du profit.
Ils veulent mettre en vente les HLM et en finir avec le logement social. Ils veulent démolir la sécurité sociale en transformant l’assurance-maladie en une source de profit pour le secteur privé. Ils veulent démanteler ce qui reste des services publics. Ils veulent en finir avec la limitation de la semaine de travail. Tous les acquis sociaux qui servent de sauvegarde contre la paupérisation et la précarité constituent à leurs yeux autant de survivances du « socialisme », qu’il faut bannir définitivement de la société.
Il n’y a pratiquement aucun travailleur, aucun retraité et aucun jeune - en dehors de la sphère étriquée des familles capitalistes - qui n’ait rien à craindre face à cette offensive patronale. Tous les aspects de la vie sont concernés. Dans les entreprises, par exemple, les patrons favorisent de plus en plus des méthodes « musclées » pour intimider les salariés et les décourager de défendre leurs droits. Le cas des caissières de chez Auchan, flanquées à la porte comme des malpropres pour une histoire de bons de réduction, n’est qu’un exemple parmi des milliers d’humiliations et d’harcèlements semblables, dont les médias ne parlent jamais.
Ce n’est pas par hasard, non plus, que le MEDEF exige des mesures pour limiter le pouvoir des syndicats, et notamment le droit de grève et les prérogatives des délégués syndicaux. De nombreux exemples indiquent une volonté de plus en plus affirmée, chez les patrons, de saisir toutes les occasions pour criminaliser le syndicalisme. Dans le dernier numéro de La Riposte, nous avons évoqué le cas de René Fleurie (CGT Nortène), qui s’est trouvé, pendant deux ans, sous le coup d’une accusation de « menace de mort ». Il y aussi le cas de Daewoo-Orion, où des syndicalistes ont été faussement accusés d’incendie volontaire, ou encore celui du syndicaliste Mohamed Bedhouche, chez Carrefour.
Les représentants du capitalisme comprennent bien ce que, malheureusement, trop de travailleurs n’ont pas encore compris, à savoir que sans organisation, le salarié est sans défense et pratiquement réduit à l’état de matière première exploitable à volonté.
Une déclaration de guerre contre nos droits et nos conditions de vie
Du côté du gouvernement et du patronat, c’est donc une véritable déclaration de guerre qui est lancée contre nos droits et nos conditions de vie. En dépit de leurs petites chamailleries, Chirac, Raffarin, Sarkozy et Sellière savent ce qu’ils veulent. Ils s’arment idéologiquement et politiquement pour y parvenir.
Dores et déjà, selon les chiffres du gouvernement lui-même, 3,7 millions de personnes, en France, vivent sous le seuil de pauvreté. La réalité est sans doute plus grave encore. Le chômage et la précarité de l’emploi s’aggravent. Or ce n’est qu’un début, compte tenu des projets en cours. La régression sociale se poursuivra, et chaque travailleur a intérêt à s’en rendre pleinement compte.
Et de notre côté, sommes-nous prêts à faire face à cette offensive ? Nous l’avons dit assez souvent : au niveau confédéral, les dirigeants des grandes formations syndicales ne font pas leur travail comme il faudrait. On l’a vu au cours de la lutte pour la défense des retraites, en 2003. La direction de la CFDT a scandaleusement approuvé la « réforme » présentée par Raffarin. Quant à la direction de la CGT, elle a commis une faute grave en acceptant la nécessité d’une réforme et en se limitant à la demande de « négociations » sur son contenu. Il fallait rejeter la réforme en bloc et mener une campagne de grande envergure pour une grève générale des secteurs public et privé - de 24 ou 48 heures pour commencer - afin d’obtenir son retrait. Rien ne pouvait garantir le succès d’une telle démarche, mais elle aurait au moins contribué à rétablir nos traditions de combativité et de résistance syndicale.
Suite à cette défaite, l’opposition au gouvernement s’est exprimée sur le plan électoral, notamment avec le raz-de-marée en faveur de la gauche aux élections régionales. Mais quelle est l’alternative proposée par les partis de gauche ? Quels sont leurs programmes pour combattre le capitalisme ? Beaucoup de travailleurs, on le sait, sont extrêmement méfiants et sceptiques à l’égard des partis de gauche. Ils ont voté pour eux aux régionales et aux européennes pour porter un coup à la droite, mais sans grand enthousiasme, puisqu’ils ont déjà fait l’expérience de ces partis au gouvernement.
La vérité, c’est que l’abandon des idées et du programme du socialisme par les directions des partis de gauche nous a laissé politiquement désarmé face au patronat et au gouvernement. Il ne suffit pas de protester et de dénoncer les injustices. Il ne suffit pas de dire que les entreprises devraient créer des emplois, que les patrons devraient respecter les droits des travailleurs, payer de meilleurs salaires, etc. Car cela revient à demander aux capitalistes d’agir comme s’ils n’en étaient pas.
Ce qui manque, fondamentalement, non seulement dans le programme du PS, mais aussi dans celui du PCF, c’est un projet de société véritablement socialiste, dans laquelle les banques, l’industrie, la grande distribution et tous les autres centres du pouvoir économique ne seront plus entre les mains des capitalistes et des spéculateurs, mais seront propriété publique et gérés démocratiquement dans l’intérêt de tous. N’est-ce pas l’ABC du socialisme ?
La Riposte défend ce programme, et milite pour son adoption par l’ensemble de la gauche et du mouvement syndical. Il ne s’agit ni d’une utopie, ni d’un projet extrémiste. Il traduit au contraire une vérité incontournable : tant que les capitalistes détiendront le pouvoir économique, la vaste majorité de la population n’aura pas d’avenir digne de ce nom.