Selon une propagande bien rodée, il n’y aurait rien de plus scandaleux que de demander aux contribuables de financer le secteur public, avec ses hôpitaux trop coûteux et en surnombre, avec ses enseignants incompétents et paresseux, ou encore le secteur culturel et autres "mammouths". Et pas question de construire des HLM, tout le monde sait que cela coûterait bien trop cher à la collectivité !
Implacables sur les questions budgétaires quand il s’agit de soigner ou d’éduquer, les médias sont nettement moins regardants concernant les budgets militaires.
Or, les crédits accordés au seul poste de dépense de rééquipement militaire en France, excluant donc tous les frais de fonctionnement qui en découlent, s’élèvent à 757 milliards de francs depuis 1991. Les dotations budgétaires consacrées au perfectionnement des moyens de tuer et de détruire sont proprement scandaleuses, au regard de la politique "pique-sous" appliquée dans des secteurs à vocation plus nobles.
Pour se faire une idée des priorités budgétaires de ceux qui nous gouvernent depuis cette date, il suffit de comparer ces 757 milliards à la misérable somme d’un milliard de francs à partager entre 3 millions de chômeurs au titre de la prime de Noël !
Les dépenses militaires de la France sont l’équivalent de 642 dollars annuels par habitant, derrière les États-Unis (804 dollars), mais devant la Grande-Bretagne (484 dollars) et l’Allemagne (355 dollars). Le seul programme Rafale, qui devait coûter 117 milliards de francs, est passé à 280 milliards lors de la dernière estimation.
Les gens sont-ils au courant de ces chiffres ? En tout cas, on en entend parler bien moins souvent que du "fardeau insupportable" du déficit de la sécurité sociale, qui tourne autour de 20 milliards de francs seulement, soit une petite somme en comparaison.
Sur le marché mondial de l’armement, la France est l’un des plus importants "marchands de la mort" dans le monde, avec 3 milliards de francs réalisés en ventes d’armes en 1998, essentiellement à des dictatures en Afrique ou au Moyen Orient, qui doivent surtout s’armer contre leurs "propres" populations. La France n’est devancé sur ce marché que par les États-Unis et l’Allemagne. Le régime de Milosovic, avant d’être diabolisé par la presse et la télévision à des fins guerrières, a pu compter sur le concours de l’État français pour s’armer convenablement contre la Croatie et ... les Kosovars.