Suite au refus des autres « candidats à la candidature » de reconnaître la majorité obtenue par la candidate du PCF dans les « collectifs antilibéraux », les membres du parti sont invités à voter sur le maintien, ou pas, de sa candidature. Pour sa part, La Riposte s’associe à la recommandation du Conseil National du parti et appelle les communistes à voter massivement pour entériner la candidature de Marie-George Buffet aux élections présidentielles.
Lors de la consultation des collectifs, une très nette majorité s’est dégagée en sa faveur. Les arguments avancés par José Bové, Clémentine Autin et Yves Salesse pour bloquer sa candidature sont d’une mauvaise foi absolument évidente. Ils dénoncent une prétendue tentative, de la part du PCF, d’« imposer » la candidature communiste. Marie-George Buffet « ne fait pas consensus », disent-ils. Mais quel est le candidat qui fait consensus ? Il n’y en a pas. Cependant, avec 62% des voix, on dirait que MGB fait davantage « consensus » que tous les autres candidats réunis !
Les petites formations représentées dans le Collectif national – et dont le public n’a, pour la plupart, jamais entendu parler – prétendent que ratifier la candidature de Buffet serait un passage en force, au mépris des « droits des minorités ». Cet argument ne tient pas la route. Il est vrai que des minorités, aussi faibles soient-elles, ont des droits. Mais les majorités en ont, elles aussi ! Après des mois de débats pendant lesquels les uns et les autres ont pu avancer leurs idées et défendre leurs candidats, le vote a eu lieu. Les minorités ont non seulement des droits, mais aussi des devoirs, comme par exemple celui de respecter des décisions majoritaires.
Le PCF est une organisation dont les effectifs et l’implantation sociale sont incomparablement plus importants que la plus grande des autres formations impliquées dans les collectifs. Le poids du vote des communistes dans les collectifs reflète cette réalité – d’ailleurs très incomplètement, car seule une faible minorité des communistes est allée voter dans les collectifs. Selon les règles les plus élémentaires de la démocratie, c’est la majorité qui décide. Tout le baratin sur le thème du consensus est une manœuvre cynique pour permettre à une minorité de bloquer indéfiniment la volonté de la majorité. Bové, Salesse et Autin auraient bien voulu se servir du PCF pour faire avancer leurs propres carrières politiques. Mais il est très peu probable, en revanche, qu’ils accepteraient de tous mener campagne pour un candidat issu du PCF.
La démarche de la LCR se voulait « unitaire ». Mais en réalité il s’agissait d’une stratégie de division, qui posait comme préalable à toute alliance avec le PCF le refus de tout type d’accord avec PS. Cette exigence était parfaitement inacceptable. Pour battre la droite, le PCF doit soutenir la candidate du PS au deuxième tour des présidentielles et apporter systématiquement son soutien aux candidats socialistes arrivés en tête au premier tour des législatives. La politique sectaire de la LCR sur cette question revient à laisser passer la droite. Le désistement en faveur des candidats socialistes n’implique en aucune manière de cautionner la politique du PS. Les alliances électorales et la participation gouvernementale sont deux questions distinctes. La Riposte s’oppose à la participation du PCF dans un prochain gouvernement dominé par le PS – car dans ce cas, il servirait de caution à la politique pro-capitaliste de la direction actuelle de ce parti.
Marie-George Buffet a exprimé sa colère face à l’attitude déloyale des autres candidats, et cette colère est tout à fait légitime. Mais il faut reconnaître que les dirigeants du PCF ont commis une erreur en entraînant le parti dans ce bourbier « consensuel ». Trop de temps a été perdu à tourner en rond avec ces soi-disant « anti-libéraux » – dont bon nombre sont surtout « anti-PCF », comme le montre leur comportement dans les collectifs. Si, au cours de ces derniers mois, notre temps et notre énergie avaient été consacrés à mener campagne pour le parti sur un programme véritablement communiste, le PCF serait certainement en meilleure position, aujourd’hui, pour affronter la campagne électorale.
De nombreux communistes, marqués par le mauvais score du parti en 2002, ont été séduits par la stratégie des collectifs, dont ils pensaient qu’elle permettrait de renouer les liens entre le PCF et une partie de son électorat potentiel, et de reconquérir ainsi du terrain perdu. Mais à quelques exceptions de près, l’expérience montre que la création des « collectifs » n’a pas mis le parti en contact avec une couche plus large de la population, mais seulement avec une flopée bigarrée d’ex-communistes, d’ex-socialistes, de gauchistes divers et autres « indépendants » plus ou moins petits-bourgeois, qui n’ont apporté au mouvement que démoralisation et confusion. Mais ce qui est fait est fait. Il faut maintenant tourner la page, déclarer la candidature du PCF et démarrer immédiatement la campagne.
Le capitalisme signifie la régression sociale permanente. Il condamne des millions de personnes au chômage, à la précarité, à la misère. Dans ces conditions, le PCF dispose de réserves sociales potentiellement massives. L’idée que le PCF ne peut renforcer sa position qu’en se cachant derrière une « personnalité » non-communiste est complètement insensée. Le renforcement du PCF et la reconquête de son électorat ne dépend pas du nombre de non-communistes « anti-libéraux » qu’il aligne sur les estrades de ses meetings, mais avant tout de son programme et de son action concrète. Son mauvais score de 2002 fut la conséquence de sa participation au gouvernement Jospin, qui, malgré un certain nombre de réformes positives, axait l’essentiel de sa politique sur la défense des intérêts capitalistes (privatisations massives, etc.). Si le PCF n’avait pas été dans le gouvernement, il aurait certainement renforcé sa position, au détriment du PS, aux élections de 2002.
Mais la question de la participation au gouvernement ne règle pas tout. Encore faut-il que le programme du parti exprime clairement la nécessité d’en finir avec le capitalisme, au moyen de l’abolition de la propriété privée du secteur bancaire, des compagnies d’assurance et de crédit, ainsi que des grands groupes industriels et de la distribution. Tant que le programme général du PCF ne dépassera pas le réformisme timide qui le caractérise actuellement, il ne pourra pas offrir à la jeunesse et aux travailleurs une alternative sérieuse au système capitaliste.