A l’approche des élections de 2017, la politique droitière du gouvernement et la concurrence du FN poussent tous les candidats à la primaire des Républicains à se radicaliser davantage – vers la droite
Une primaire très à droite
En lançant sa campagne, Sarkozy s’est dit prêt à remettre en cause le « droit du sol ». Il avance qu’il faut « une guerre extérieure et une guerre intérieure » contre l’Etat Islamique. Il vise évidemment les musulmans de France. Ces idées ne sont pas isolées chez les Républicains : Fillon justifiait l’interdiction du burkini par des maires de son parti comme une « attitude responsable dans un contexte d’état d’urgence », quand Guaino voit dans le voile en général « un problème de civilisation ».
En même temps, la primaire est surtout l’occasion, pour les différents dirigeants des Républicains, de se montrer les plus inflexibles sur la vraie « guerre » qu’ils entendent mener : la guerre de classe. Chaque candidat tente de se démarquer en défendant le programme le plus « austéritaire ». Sarkozy prévoit un plan de réduction de la dépense publique de 100 milliards d’euros et la suppression de 300 000 postes de fonctionnaires en cinq ans. Il annonce aussi que « toute notre politique économique devra désormais être focalisée pour et sur les entreprises » – entendez : les intérêts du grand patronat. Fillon table, lui, sur 110 milliards de coupes dans les dépenses publiques, mais aussi sur la retraite à 65 ans et le retour aux 39 heures, tandis que Bruno le Maire veut « la suppression d’un million de fonctionnaires en 10 ans ». Alain Juppé, qui avait provoqué le grand mouvement de grèves de 1995, se retrouve paradoxalement à incarner le « modéré » d’une primaire décidément très à droite. Mais ce « modéré » propose entre 85 à 100 milliards de coupes dans les dépenses publiques !
Jeu dangereux
L’impopularité du gouvernement Hollande renforce les chances de victoire, en 2017, du candidat de la droite, quel qu’il soit. Cette perspective est renforcée par le fait que le gouvernement s’enlise avec enthousiasme dans le même bourbier réactionnaire. Il s’agit d’un jeu dangereux pour le PS, mais aussi pour Les Républicains. Le discrédit de l’ensemble de la « caste » politique est tel que toute surenchère réactionnaire légitime et renforce le FN.
Ce discrédit est accentué par l’impuissance de tous les politiciens à empêcher les attentats. Le véritable but de l’état d’urgence – intensifier la répression du mouvement ouvrier – est apparu clairement lors du mouvement contre la loi Travail. Est apparue évidente, également, la contradiction entre la logorrhée verbale contre l’Etat Islamique et la réalité de l’aventurisme militaire de l’impérialisme français en Afrique et au Moyen-Orient. Ainsi, après l’attentat de Nice, un témoin dénonçait sur BFM l’hypocrisie du gouvernement, qui prétend combattre Daesh tout en vendant des armes à leurs principaux fournisseurs (Qatar, etc.).
Une frange de la population se tourne donc vers le Front National, qui est vu comme un parti « antisystème ». Son succès se nourrit avant tout de l’incapacité des politiciens bourgeois et réformistes à résoudre la crise. Mais leur force électorale ne se traduit pas par un soutien militant de masse ou une réelle adhésion à leurs idées. Dans un sondage récent, 69 % des électeurs du FN déclaraient voter pour ce parti afin de « s’opposer au gouvernement ».
Alternative
L’actuelle radicalisation de la droite est une façon de tenter de rivaliser avec le FN, sur fond de crise du capitalisme et des partis traditionnels. FN et Républicains restent « bien placés », à ce stade, mais uniquement par défaut. Cela souligne, une fois de plus, le potentiel et la nécessité d’une alternative crédible à gauche. L’approfondissement de la crise crée les conditions pour l’émergence d’une telle alternative à une échelle de masse, qui contribuera à balayer la caste politicienne au service des capitalistes, FN compris.