Les primaires de la droite ont donné le spectacle d’un concours de surenchère, c’était à celui qui aurait le programme le plus réactionnaire. A ce jeu, Fillon l’a emporté avec un programme qui est ni plus ni moins qu’une déclaration de guerre à l’immense majorité de la population.
Fillon et le déclin du capitalisme français
Ce faisant, Fillon répond aux besoins objectifs de la classe dirigeante française. Avec la crise du capitalisme, la compétition mondiale pour des marchés s’intensifie. Or depuis de nombreuses années, le capitalisme français perd du terrain, en particulier au profit de l’Allemagne. Pour restaurer sa « compétitivité », il a besoin d’imposer des contre-réformes drastiques à la classe ouvrière. Dans ce domaine, la bourgeoisie française a pris du retard par rapport à ses compétiteurs. Elle doit passer à l’offensive, tout attaquer : le temps de travail, les conventions collectives, la Sécurité sociale, l’indemnisation du chômage, les congés payés, les services publics, les retraites, etc.
Mais pour être élu, il ne suffira pas à Fillon de s’adresser à la seule base traditionnelle de la droite, car la société est majoritairement composée de salariés. C’est pour cela que Fillon « modère » ses discours, nuance certaines de ses mesures les plus brutales. Par ailleurs, les médias ont célébré la victoire éclatante de Fillon, mais son parti, Les Républicains, demeure discrédité auprès de larges couches de la population, notamment du fait du bilan catastrophique du mandat de Sarkozy (2007-2012).
Macron : ni de gauche, ni de gauche
La candidature de Macron, qui est promue par nombre de grands médias, s’inscrit dans la même logique. Macron tente de profiter de la crise du PS et des Républicains. Derrière une façade « hors partis », il cache mal un programme très similaire à celui de François Fillon. Les capitalistes qui soutiennent Macron jouent un jeu dangereux, de leur point de vue, car sa candidature pourrait affaiblir le PS et Les Républicains – sans pour autant parvenir à les dépasser.
Le Front National
Le Front National continue de profiter de la crise des grands partis traditionnels. Marine Le Pen se présente comme une alternative « sociale » et « souverainiste » au PS et à Fillon. Pour cela, elle doit masquer son programme économique et social archi-réactionnaire. Par exemple, elle n’hésite pas à se déclarer pour la retraite à 60 ans et contre la remise en cause de la Sécurité sociale, en complète rupture avec le programme traditionnel – mais aussi le programme réel – du FN. Cela provoque une crise interne au parti, car une fraction de celui-ci, autour de Marion-Maréchal Le Pen, cherche à défendre les positions « traditionnelles » du FN sur les questions sociétales, comme l’IVG, mais aussi dans le domaine économique et social.
Malgré les efforts de Marine Le Pen pour « normaliser » son parti, la classe dirigeante française n’est pas prête à lui ouvrir les portes du pouvoir, car elle se méfie du rejet massif – et potentiellement explosif – du FN dans la population, en particulier dans la jeunesse. En avril 2002, la qualification de Jean-Marie Le Pen au second tour de la présidentielle avait provoqué de gigantesques manifestations.
Au final, le meilleur moyen d’affaiblir la droite et l’extrême droite, c’est de développer une gauche radicale dotée d’un programme social ambitieux, qui s’en prenne fermement au « système ».