15000 scientifiques ont récemment publié un manifeste alarmant sur l’état de la planète. Ils mettent en garde contre le danger de voir l’humanité pousser « les écosystèmes au-delà de leurs capacités à entretenir le tissu de la vie ».
En 25 ans, 1,2 milliard de km2 de forêts ont disparu. L’abondance des mammifères, reptiles, amphibiens, oiseaux et poissons a chuté de près d’un tiers. Près de 80 % des insectes volants ont disparu ; or ils sont indispensables aux écosystèmes. Dans l’océan, la superficie des zones étouffées par les effluents agricoles a cru de 75 % ; le dépérissement de la vie marine se poursuit.
Dans le même temps, les émissions de gaz à effet de serre (GES), la déforestation et les élevages intensifs engendrent un changement climatique dont les conséquences, à terme, seront catastrophiques.
En bref, l’humanité est menacée de plonger dans une barbarie généralisée.
Démonstrations d’impuissance
Les dirigeants politiques du monde entier semblent désormais conscients du problème (à l’exception de Donald Trump). Ils affichent de vertes ambitions et organisent des « Conférences des Parties » (COP). Mais ces COP vont de promesses creuses en désillusions.
Par exemple, la COP23 de Bonn, en novembre dernier, avait pour objectif officiel « d’accélérer la mise en œuvre des objectifs de l’Accord de Paris », adopté il y a deux ans à la COP21, et qui fixe l’objectif d’une limitation du réchauffement climatique à 1,5 °C d’ici 2100. Or les engagements de réduction des émissions de GES annoncés par les Etats aboutissent à un réchauffement de 3 °C pour l’ensemble de la planète. Et qu’a fait la COP23, face à ce constat ? Rien.
Ces conférences soulignent l’impuissance et l’hypocrisie des classes dirigeantes du monde entier. La principale source de catastrophes écologiques est la course au profit que se livrent les grandes multinationales et que défendent les différents gouvernements.
Les promesses de Macron et Hulot
Du côté du gouvernement français, les questions du glyphosate et de l’énergie nucléaire, par exemple, illustrent bien le problème.
Malgré les promesses de Macron et de Nicolas Hulot, ceux-ci se sont couchés devant le lobbying de Monsanto – le producteur du glyphosate – et les intérêts du patronat agricole français qui l’utilise. Résultat : l’interdiction de ce dangereux pesticide a été renvoyée aux calendes grecques.
Concernant les centrales nucléaires en fin de vie, leur démantèlement et le traitement des déchets posent des défis majeurs. Macron et Hulot s’étaient engagés à réduire d’au moins 50 % la part du nucléaire dans la production électrique à l’horizon 2025 – objectif déjà inscrit dans la loi de transition énergétique de 2015. Mais ils ont renoncé à cet engagement. Et ce n’est pas le Premier ministre – lobbyiste notoire d’Areva – qui le fera respecter. Pour couronner le tout, ils ont donné un avis favorable à l’enfouissement des déchets radioactifs.
Ce n’est pas simplement une affaire de mauvaise volonté, de la part du gouvernement ou des « écologistes » comme Hulot. Le problème, c’est le système capitaliste lui-même : l’écologie est incompatible avec ce gigantesque casino qu’est devenue l’économie mondiale. En fait, les grands capitalistes sont organiquement incapables de réaliser les énormes investissements nécessaires à la « transition écologique ». Demander au capitalisme de moins polluer signifie soit produire moins, soit investir dans de nouvelles technologies. Or, pour les grandes entreprises, cela signifie une baisse de leurs profits dans les deux cas. Dans une période de crise du capitalisme, cela signifierait la perte de marchés – et aucun capitaliste ne veut assumer ce choix.
Planification
Pour tenter d’y remédier, la France insoumise (FI) défend la « planification écologique ». C’est une nécessité ! Au niveau politique, c’est un pas en avant considérable par rapport à ce que pouvaient proposer les Verts. Mais la « planification écologique » doit reposer sur une planification de l’économie dans son ensemble. Cela suppose l’expropriation des grands capitalistes : on ne peut planifier ce qu’on ne contrôle pas – et on ne peut contrôler ce qu’on ne possède pas. Or le programme de la FI reste trop vague sur le périmètre des nationalisations à réaliser.
L’expropriation des grands capitalistes est une nécessité à la fois d’un point de vue écologique et d’un point de vue social. Une planification démocratique de l’économie permettra la plus grande rationalisation des rapports de l’homme à la nature, mais aussi des rapports sociaux eux-mêmes. Elle ouvrira la possibilité d’éliminer toutes les formes d’exploitation et d’oppression. Les marxistes soulignent souvent qu’une telle perspective ne pourra se réaliser pleinement qu’à l’échelle internationale. C’est évident en ce qui concerne la situation écologique : la pollution ne connaît pas de frontières. C’est un problème mondial que seul le socialisme mondial pourra résoudre.