Après avoir facilité les licenciements (loi Travail), le gouvernement Macron s’en prend aux chômeurs à travers une nouvelle réforme de l’assurance chômage. Les « négociations » avec les syndicats devraient s’achever mi-février. L’adoption de la loi est prévue pour cet été.
Culpabilisation
Dans son édition du 27 décembre, Le Canard enchaîné dévoilait l’intention principale du gouvernement : durcir les sanctions contre les chômeurs. Ils sont pointés du doigt, accusés de ne pas vouloir travailler et de profiter du système. Ils seraient donc coupables et devraient être sanctionnés : tel est le message repris en boucle par les différents porte-voix de la Macronie. Castaner, chef de LREM, soupçonne les chômeurs de profiter des allocations chômage « pour partir deux ans en vacances ». Le député macroniste Damien Adam est encore plus précis : les chômeurs partiraient en vacances « aux Bahamas » ! Dans des hôtels cinq étoiles ?
Aujourd’hui, une recherche d’emploi estimée insuffisante – ou un refus de formation – peut entraîner la réduction de 20 % des allocations pendant 2 à 6 mois. Et si un chômeur refuse deux offres d’emploi dites « raisonnables », l’allocation est suspendue pendant deux mois. Puis, en cas de nouveaux refus, l’allocation peut être supprimée définitivement.
Le gouvernement propose de durcir ces règles. D’abord en réduisant de 50 % les allocations (au lieu de 20 %), mais aussi en obligeant le chômeur à remplir un rapport d’activité mensuel. Pierre Gattaz proposait un contrôle quotidien des demandeurs d’emploi. Pourquoi ne pas mettre les chômeurs sous contrôle judiciaire, tant qu’on y est ?
En revanche, personne n’ira contrôler si les offres d’emploi sont valables. Or selon différentes sources, dont la CGT-Chômeurs, un grand nombre d’offres d’emplois sont illégales ou fictives. Pôle Emploi préfère contrôler et radier les chômeurs plutôt que de contrôler les offres d’emploi qui sont directement mises en ligne par des boites privées.
Avec le durcissement des sanctions, Macron cherche à faire baisser les chiffres du chômage (et non le chômage lui-même) en réduisant le nombre d’inscrits à Pôle Emploi. Bien sûr, il veut aussi faire des économies budgétaires sur le dos des chômeurs.
Chômage organique
Le fond du problème, c’est le système économique qui produit un chômage de masse et organique. Malgré l’actuelle « reprise économique », le chômage stagne à des niveaux élevés. Sur l’année 2017, le nombre de chômeurs de catégorie A n’a reculé que de 0,4 % – soit 13 000 chômeurs en moins. Une goûte d’eau.
Mais en réalité, le chômage augmente ! Voici comment la CGT résume les chiffres de Pôle Emploi : « les demandeurs d’emploi en catégorie A sont au nombre de 3 451 400. Les catégories B (personnes ayant travaillé moins de 78 heures dans le mois) et C (personnes ayant travaillé plus de 78 heures dans le mois) forment 2 160 900 travailleurs précaires, en augmentation de 8,2 % sur un an. C’est plus 4 % pour la catégorie B et plus 10,6 % pour la catégorie C. La catégorie D (entrée en formation) est toujours en baisse de 18,3 % sur un an, pour concerner aujourd’hui 277 400 personnes ; la catégorie E baisse de 8 % sur un an. Le total ABCDE porte à 6 278 000 le nombre d’inscrits à Pôle Emploi, soit plus 0,8 % sur un an ! »
Le projet de réforme porte aussi sur la suppression des cotisations chômage versées par les salariés, dont le salaire « net » augmentera d’autant (très peu). Mais cette suppression entraînera, à terme, une modification des règles de calcul des indemnités. Macron va la compenser par un autre impôt (la CSG). Mais la cagnotte de l’assurance chômage ne sera plus gérée par l’UNEDIC (patronat et syndicats) ; c’est l’Etat qui en prendra le contrôle et qui décidera de ce qu’il en fait. Cela signifie que le montant des allocations finira par baisser.
Travaux publics et partage du travail !
Le système d’indemnisation du chômage est très insatisfaisant. La pauvreté frappe des millions de chômeurs. Or ce n’est pas aux travailleurs de faire les frais de la crise du capitalisme. En attendant de trouver un emploi, les chômeurs doivent bénéficier d’un revenu qui ne soit jamais inférieur à 80 % du SMIC, quels que soient leur âge (dès 18 ans) et leur expérience professionnelle.
L’Etat paye (mal) une masse de chômeurs – pendant que dans les entreprises, on oblige les travailleurs à faire des heures supplémentaires. C’est l’économie d’une maison de fous ! D’un point de vue capitaliste, c’est logique. Mais nous rejetons la folle logique du capitalisme. Contre le fléau du chômage, nous avançons les mots d’ordre de travaux publics dont la société a besoin (écoles, hôpitaux, logements, etc.) et de partage du travail disponible entre tous les travailleurs, sans perte de salaire.