Avec les 30 milliards offerts aux capitalistes par François Hollande – sous prétexte que cela ferait du bien aux chômeurs ! – et les autres dispositifs rétrogrades du « pacte de responsabilité », le chef de l’État a fait un pas de plus vers l’adoption de la politique de l’UMP et du MEDEF. Mais Jean-François Copé rejette comme très insuffisantes les concessions faites à son parti. Elles ne représentent selon lui « que 10 % du projet de l’UMP ». Il fustige ainsi le camp qui a gagné les élections de 2012 parce qu’il n’applique pas l’intégralité du programme de celui qui a perdu ! Dans les « 90 % » restants des mesures en discussion au sein de l’UMP, il y a non seulement la fin de la semaine de 35 heures, une réduction des indemnités chômage et de nouvelles attaques contre les retraites, mais aussi la suppression du SMIC.
Un groupe d’économistes travaillant pour l’UMP vient de lui remettre un rapport intitulé : Salaire minimum et bas revenus : comment concilier justice sociale et efficacité économique ? Le point de départ de ce rapport est de qualifier le SMIC et les « minima sociaux » de scandaleux. Non pas parce qu’ils sont trop bas, mais parce qu’ils sont trop élevés. Et pour ce qui est du SMIC, il ne devrait même pas exister ! L’évolution du SMIC au fil des décennies a été excessivement favorable aux salariés, selon les auteurs du rapport, pour qui « cette situation, où l’État se substitue aux partenaires sociaux pour organiser le fonctionnement du marché du travail, réduit de fait le champ d’exercice du dialogue social. Elle a en conséquence un effet délétère sur les relations sociales. » Selon le rapport, qui a été bien accueilli par les dirigeants de l’UMP, l’existence d’un salaire minimum « défavorise considérablement les jeunes ».
L’inclusion de l’abolition du SMIC dans le programme de l’UMP ne fait pas l’unanimité. Non pour des raisons de principe. Mais certains, comme Alain Juppé, jugent que ce n’est pas le moment de mettre l’accent là-dessus. Le MEDEF, quant à lui, n’est pas contre le maintien d’un salaire minimum symbolique, mais il fait pression pour multiplier les dérogations, sur la base du « volontariat ». Il a la même position sur la semaine des 35 heures.
L’argument est que si un travailleur accepte « volontairement » de travailler pour moins que le SMIC, pourquoi l’en empêcher ? Les contrats de travail et les rémunérations devraient faire l’objet d’une libre discussion entre l’employeur et le salarié. Il y va du « libre choix » de chacun. Mais les travailleurs – avec ou sans emploi – ne choisissent pas. Le SMIC est déjà un salaire de misère. Et beaucoup de travailleurs, malgré la loi, gagnent moins que le SMIC ou travaillent à temps partiel faute d’avoir trouvé un temps complet. Les travailleurs ne « choisissent » pas de travailler pour des salaires de misère, pas plus qu’ils ne choisissent de perdre leur emploi, de payer des loyers exorbitants ou de ne pas subvenir correctement aux besoins de leurs proches. Cette « liberté » dont on nous parle, c’est celle des agneaux au milieu de la meute de loups.
Toutes les concessions que fera Hollande aux loups capitalistes seront acceptées. Mais elles ne suffiront jamais. On n’a jamais encore vu un capitaliste estimer qu’il fait trop de profits. Ils en veulent toujours plus. Pour eux, tout salaire, même minimum, est trop élevé. Par contre, les profits doivent sans cesse grimper.
Le capitalisme est un système où l’économie et les conditions de vie de la population dépendent des intérêts égoïstes d’une petite minorité : la classe capitaliste. Ce système a épuisé son potentiel de développement. Son existence tire les conditions d’existence de la vaste majorité de la population vers le bas et en condamne une fraction grandissante à la misère. Une conclusion finira par s’imposer dans l’esprit des militants du mouvement ouvrier, des jeunes exploités (dont 25 % n’ont pas de travail) et des retraités : si le système capitaliste ne peut plus s’accommoder des conditions d’une existence digne et vivable pour nous, alors peut-être que nous ne devrions plus tolérer l’existence du capitalisme.
Sommaire :
Projet d’orientation pour l’UL CGT de Roissy-CDG : un document exemplaire
Un système intolérable - Edito du n°71
Le ministre Sapin sort du bois : l’Inspection du Travail en danger !
Combativité et solidarité sur le port de Rouen
Taxis : 60 000 emplois en danger !
La loi d’avenir pour l’agriculture
Nouvelles agressions fascistes à Lyon
La situation des femmes en France
Pacte de responsabilité : Hollande sert le Medef sur un plateau d’argent
Sur la manifestation du Front de Gauche/NPA du 12 avril
Perspectives pour l’économie mondiale
Crise de l’UE et fausses solutions
Où va l’Ukraine ?
Un « modèle » allemand ?
Danger d’un nouveau coup d’Etat au Venezuela
L’homme qui aimait les chiens, de Leonardo Padura
Activités
Succès du congrès de la « Fédération des étudiants marxistes » de Grande-Bretagne
L’exploiteur du mois : Mitt Romney