Mayotte a atteint ces dernières années un triste record : l’île connaît le plus haut taux de mortalité infantile de tous les départements français. Entre 2019 et 2021, pour 1000 naissances vivantes, 8,9 enfants sont décédés avant leur premier anniversaire (contre 3,7 en France métropolitaine). En mars dernier, la situation sanitaire s’est encore aggravée avec l’apparition d’une épidémie de choléra, qui a déjà touché 85 personnes et tué un enfant de trois ans. La situation économique de l’île n’est pas plus brillante. Mayotte détient à la fois le record du plus haut taux de chômage de France (35 % de la population) et celui du plus fort taux de pauvreté (77 %).
D’après les politiciens bourgeois, ces problèmes sont causés par l’immigration illégale en provenance des Comores. La « solution » trouvée par Gérald Darmanin est donc simple : la suppression du droit du sol à Mayotte et des campagnes régulières de répression violente contre les migrants.
Mauvaise gestion et sous-investissement
S’il est vrai que l’île est la destination d’une forte immigration en provenance des Comores, l’un des pays les plus pauvres du monde, la cause des souffrances des habitants tient en réalité à l’abandon du département par l’Etat français, en termes d’infrastructures, de services publics et de développement économique.
La mortalité infantile a ainsi été aggravée par le délitement des services publics hospitaliers de l’île : 70 % des postes de praticiens hospitaliers n’y sont plus pourvus. Cela a naturellement un impact sur le suivi médical des nouveau-nés.
L’épidémie de choléra a été favorisée par une pénurie d’eau potable qui dure depuis des décennies, sur fond de mauvaise gestion et de sous-investissement. Une usine de dessalement de l’eau de mer inaugurée en 1998 n’a ainsi jamais été capable de tourner à plein régime du fait de ses défauts de conception. Quant aux canalisations, elles sont tellement décrépites que 35 % de l’eau potable serait perdue avant d’arriver jusqu’aux habitations. C’est au final près d’un tiers de la population de l’île qui n’est pas approvisionnée en eau potable.
Dans les années 1970, l’impérialisme français a séparé arbitrairement Mayotte du reste des Comores pour conserver le contrôle de l’île, position stratégique dans l’océan Indien. Depuis, Paris traite Mayotte comme une possession coloniale, cantonne sa population à la misère, et, pour tenter de faire oublier ses responsabilités, attise le racisme et la xénophobie.