C es derniers mois, des sénateurs LR et des députés RN ont déposé deux propositions de loi successives visant à empêcher les mineurs d’accomplir une transition de genre. Celle de LR vient d’être adoptée en première lecture par le Sénat. Elle prévoit d’interdire aux mineurs l’accès à des bloqueurs de puberté ou à des traitements hormonaux, et de créer un délit passible de 30 000€ d’amende pour tout médecin « contrevenant ». Au passage, la loi prévoit aussi de renvoyer automatiquement tout mineur concerné devant un psychiatre.

Offensive réactionnaire

Dans le rapport pseudo-scientifique que les sénateurs LR ont publié pour justifier leur proposition de loi, ils vont jusqu’à envisager d’interdire toute opération de transition avant l’âge de 25 ans ! Ils préconisent aussi de ne plus respecter les souhaits des enfants en termes de prénoms et pronoms d’usage. Il est évident qu’il ne s’agit pas là de « protéger » les jeunes transgenres, mais de nier purement et simplement leur existence.

Si cette loi était promulguée, cela ne pourrait que mettre en danger les droits et la santé des mineurs transgenres. Pour s’en convaincre, il suffit de penser à l’énorme pression que subissent déjà les jeunes transgenres durant l’adolescence. Une étude de 2022 publiée dans le Canadian Medical Association Journal a d’ailleurs souligné que les jeunes transgenres à qui on refuse l’accès aux parcours de transition voient leur risque de suicide multiplié par 7.

Les personnes transgenres font partie des couches les plus vulnérables de la jeunesse et de la classe ouvrière. En 2015, en France, 28 % d’entre elles rapportaient avoir perdu un emploi du fait de leur transidentité, et 24 % s’être vu refuser l’accès à un logement [1]. Cette oppression s’est aggravée ces dernières années. D’après SOS Homophobie, les actes anti-trans signalés en France ont même doublé entre 2022 et 2023 !

C’est une conséquence de la crise du capitalisme : pour distraire l’attention des masses, la bourgeoisie promeut autant qu’elle le peut le racisme, le sexisme et toutes les formes de discrimination, et attaque frontalement tous les acquis sociaux de ces dernières décennies. La proposition de loi des sénateurs LR ou la promotion récente du pamphlet transphobe Transmania par une bonne partie des médias français ne sont que des éléments de l’offensive transphobe menée à l’échelle internationale par la droite et les réactionnaires.

Pour une mobilisation de classe !

Aux Etats-Unis comme en France, cette aile ouvertement réactionnaire de la bourgeoisie a son pendant « progressiste », qui prétend défendre les droits des personnes trans et de toutes les minorités, mais ne le fait qu’en paroles. Aux Etats-Unis, le gouvernement de Joe Biden critique les lois réactionnaires des dirigeants trumpistes, mais ne fait rien de concret pour défendre ceux qui sont attaqués. Cette soi-disant « guerre culturelle » vise à canaliser la colère des masses pour les amener à soutenir les Démocrates, qui mènent en pratique la même politique que les Républicains.

En France, le rôle de Biden est assuré (entre autres) par le gouvernement Macron. Les macronistes prétendent qu’ils se préoccupent du sort des personnes LGBT, mais, au-delà de leurs beaux discours, la réalité est bien différente. Un grand plan gouvernemental de lutte contre l’homophobie et la transphobie a par exemple été annoncé avec fracas l’été dernier… Mais aucune des mesures qu’il prévoit n’a été encore mise en pratique !

Par contre, le gouvernement a spécifiquement exclu les hommes transgenres de la PMA et de la constitutionnalisation de l’IVG et a réduit les subventions aux associations, y compris à celles qui luttent contre l’homophobie et la transphobie. Pour ce qui est de la proposition de loi des sénateurs LR, plusieurs journaux ont rapporté que le gouvernement Macron a longuement hésité avant de donner à ses parlementaires l’ordre de s’y opposer.

Pour défendre les droits des personnes transgenres et de tous les LGBT, il ne faut accorder aucune confiance à la classe dirigeante, qu’elle se présente comme ouvertement réactionnaire ou comme « progressiste ».

Seule une mobilisation de masse de la classe ouvrière et la jeunesse peut repousser les attaques de la droite et entamer la lutte pour les droits vitaux des personnes transgenres : transition libre et gratuite avec un véritable accompagnement plutôt qu’une psychiatrisation forcée, réel accès à la PMA pour tous, arrêt des mutilations des enfants intersexes, etc.

D’une manière générale, cette lutte est intrinsèquement liée à celle qui est nécessaire pour repousser les politiques d’austérité que la bourgeoisie veut nous imposer. Il nous faut notamment lutter pour obtenir des investissements et des recrutements massifs dans les hôpitaux, l’éducation nationale et tous les services publics, pour permettre le meilleur accompagnement possible des besoins des personnes transgenres tout au long de leur vie. Cette lutte doit être une lutte contre le capitalisme.[


[1] Arnaud Alessandrin, La transphobie en France : entre insuffisance du droit et multiplication des expériences discriminantes, Cahiers du Genre, 2016, la production de la santé sexuelle, n°60, pp.193 - 212.

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