Le 19 juin, neuf dirigeants de la Cellule de Coordination des Actions de Terrain (CCAT) ont été arrêtés par la police française. Cette structure a été mise sur pied il y plusieurs mois par les directions des différents partis indépendantistes néo-calédoniens pour organiser la contestation de la réforme du corps électoral voulue par Emmanuel Macron. Depuis sa création, la CCAT a été la cible d’une campagne de calomnies et de provocations orchestrée par les sommets de l’Etat français. Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a même été jusqu’à qualifier ce regroupement de partis politiques et de syndicats de « structure mafieuse ».
Le 22 juin, une nouvelle provocation est venue s’ajouter à l’arrestation de ces militants : sept d'entre eux ont été transportés dans des prisons de métropole, très loin de la Kanaky où ils habitent, de leurs familles et de leurs camarades. Cela a relancé la mobilisation du peuple kanak, qui s’essoufflait ces dernières semaines, faute de perspectives. L’insurrection a regagné en intensité dans la zone urbaine de Nouméa et s’est étendue pour la première fois à des zones rurales éloignées.
Cette provocation est une nouvelle démonstration de la volonté de Macron de résoudre par la répression la crise à laquelle l’impérialisme français est confronté en Nouvelle-Calédonie. Après l’organisation de milices de colons par l’Etat et le déploiement de parachutistes dans les rues de Nouméa, le transfert de prisonniers politiques en métropole est un nouvel exemple des méthodes de l’époque des guerres coloniales reprises par le gouvernement Macron.
Ce choix de la répression tous azimuts est sans doute aussi dicté par des considérations électorales, alors que le RN a beaucoup gagné en popularité parmi les colons de Nouvelle-Calédonie. Comme Jacques Chirac lors des « événements d’Ouvéa » en 1988, Macron met en scène sa « fermeté » face aux Kanaks pour essayer de capter une partie de l’électorat lepéniste. Et comme en 1988, les Kanaks en font les frais.
Pour une mobilisation révolutionnaire !
Cette nouvelle provocation est aussi une démonstration de l’impasse de la stratégie réformiste des dirigeants indépendantistes. Depuis le début du mouvement, les dirigeants kanaks, y compris ceux du FLNKS et de la CCAT, se sont contentés de demander le retour à la situation prévue par les Accords de Nouméa (1998), alors même que ces accords ont mené à la crise actuelle. Alors que la mobilisation s’étendait en Nouvelle-Calédonie, ils ont été jusqu’à appeler au « calme » et donc à la fin du mouvement. Leur passivité et leur défaitisme n’ont fait qu’encourager la répression.
Fin mai, nous écrivions : « La seule voie qui permettrait d’arracher le peuple kanak à l’oppression impérialiste et à la misère passera par une mobilisation de masse, dirigée contre le capitalisme et l’impérialisme français – et menée main dans la main avec les autres peuples opprimés de la région, mais aussi la classe ouvrière de métropole ». Ce constat est toujours d’actualité. Le mouvement de libération nationale de la Kanaky ne pourra l’emporter que par une mobilisation révolutionnaire de masse, et pas par d’illusoires négociations avec l’impérialisme français.
Le mouvement ouvrier français a une responsabilité écrasante de ce point de vue. Plutôt que de se taire ou de se cantonner à des dénonciations purement verbales de la répression coloniale déchaînée par le gouvernement Macron, les dirigeants de la FI et de la CGT devraient mobiliser aussi massivement que possible pour exiger la libération des prisonniers politiques, et défendre les droits démocratiques et le droit à l’autodétermination du peuple kanak. L’impérialisme français est l’ennemi des travailleurs de métropole tout autant que celui des Kanak.