Ces derniers mois, les médias annoncent que la crise économique s’atténue et que le pire est derrière nous. Le discours du gouvernement va dans le même sens. Mais est-ce la vérité ?
On ne saurait exclure une très légère hausse du taux de croissance du PIB par rapport aux chiffres catastrophiques de 2012. Mais les statistiques de l’INSEE, de la Banque Mondiale et du FMI ne permettent pas de parler de « reprise ». La production et l’investissement industriel sont toujours en recul. Sur l’ensemble de l’année, la croissance du PIB sera sans doute nulle – ou en très faible hausse par rapport à 2012. Le ministre de l’Economie lui-même prévoit une croissance « entre – 0,1 % et + 0,1 % ».
La plupart des économistes disent que l’infléchissement de la courbe du chômage ne serait possible qu’avec un taux de croissance supérieur à 1,5 %. Même dans ce cas, l’immense majorité des emplois créés seraient des emplois précaires. Il est donc clair que les « signaux positifs » que le gouvernement s’efforce de nous envoyer ne servent qu’à embellir la réalité désastreuse du capitalisme et de sa propre politique. La seule croissance dont on est certain pour les années à venir, c’est celle du chômage, de la « grande misère », du nombre de fermetures d’entreprises et des difficultés matérielles que vivent les travailleurs sur tous les plans. Le reste n’est que propagande.
Les réformistes exhortent le gouvernement à « changer de cap ». Mais il ne le fera pas. Tout gouvernement qui accepte le capitalisme doit se plier à ses mécanismes, quelle que soit son étiquette politique. Si, actuellement, Hollande adoptait une politique de réforme sociale, il verrait se déchaîner contre lui « toutes les furies de l’intérêt privé », pour reprendre l’expression de Marx. Si les réformistes préfèrent ignorer cette réalité, Hollande, lui, doit en tenir compte. L’amélioration du sort des travailleurs ne peut se réaliser qu’en s’en prenant aux profits des capitalistes, c’est-à-dire à la force motrice de l’économie capitaliste. Par conséquent, sur la base du capitalisme, le résultat ne serait pas la « relance par la consommation », mais une nette accélération de l’effondrement économique.
Les réformistes s’indignent. Quoi ? On s’inclinerait donc devant la « logique capitaliste » ? C’est une posture magnifique. La seule difficulté, c’est que les capitalistes n’ont pas qu’une « logique » propre. Ils ont aussi la propriété et la maîtrise effective des banques, de l’industrie, du commerce et de pratiquement tous les rouages de l’économie. Ils ont le pouvoir de construire ou de détruire selon leurs intérêts du moment. Ils ont le pouvoir de tenir n’importe quel gouvernement par la gorge, de le mettre à genoux – surtout quand celui-ci, comme le gouvernement Hollande, se livre volontairement à leur emprise. Voilà le problème. L’opinion capitaliste est une opinion armée. Dénoncer la « logique » des capitalistes tout en se refusant de toucher à leur pouvoir économique, à la manière des réformistes, c’est se réduire à l’impuissance. La lutte pour l’emploi, pour la défense des intérêts des travailleurs, ne peut donner des résultats tangibles que si elle est liée, dans notre programme et dans la conscience des travailleurs, à l’expropriation des capitalistes de tous les secteurs clés de l’économie.
Aucune solution ne viendra des ministères, de l’Assemblée Nationale, du Sénat ou des « experts » stipendiés des médias. Ils n’ont pas la solution parce qu’ils font partie du problème. Elle ne peut venir que d’en bas, des profondeurs de la société. Dans les « masses », on trouve de tout, et notamment des salariés des collectivités territoriales, des enseignants, des étudiants, des jeunes, des retraités et des millions de chômeurs. En se mobilisant, ils peuvent gêner les gouvernements et inquiéter la classe capitaliste. Mais la véritable « force de frappe » du mouvement ouvrier, celle qui peut mettre en péril et renverser l’ordre établi, ce sont les travailleurs dans les industries vitales de l’économie capitaliste : EDF-GDF, les aéroports, les chemins de fer, les ports et les raffineries, les télécommunications, l’automobile, la construction, etc. La classe ouvrière est une classe extrêmement puissante. Sans elle, le capitalisme ne peut pas fonctionner. Le réformisme paralyse le mouvement ouvrier. Les idées et le programme du marxisme lui permettront de se libérer du joug capitaliste.
Sommaire :
La casse des hôpitaux de Paris et la lutte de l’Hôtel-Dieu
« Changer de cap » ou de système ? - Editorial
Un extrait de notre brochure sur la santé - Cliniques et hôpitaux
10 000 suppressions de postes chez Alcatel-Lucent
GAD : rencontre avec les salariés en lutte
L’austérité s’aggrave chez Air France
Soutien à Francis Smaïl : la campagne continue !
Mythes et réalités du travail le dimanche
Loi Fioraso sur l’enseignement supérieur : rupture ou continuité ?
Municipales : les raisons du vote des communistes parisiens
Comment lutter contre le Front National ?
Face aux fascistes lyonnais, quelle politique du PCF ?
La bataille de Cable Street
Austérité, corruption et répression en Espagne
Grèce : que signifiait l’arrestation de dirigeants d’Aube Dorée ?
Etats-Unis : le « shutdown » illustre la gravité de la crise
La lutte exemplaire des travailleuses tunisiennes de Latelec-Fouchana
Qatar : 44 ouvriers meurent sur les chantiers de la Coupe du monde
Joseph Dietzgen, le tanneur philosophe
August Bebel (1840 - 1913)
Italie : le congrès du PRC et le texte alternatif de nos camarades
Courrier des lecteurs