Le 24 septembre dernier, le ministre de l’Intérieur Manuel Valls a tenu ces propos scandaleux au sujet de la population rom vivant sur le territoire français : « Il faut dire la vérité, ces populations ont des modes de vie extrêmement différents des nôtres. Il faut tenir compte de cela. Ce qui veut bien dire que les Roms ont vocation à revenir en Roumanie ou en Bulgarie ».
En cette veille d’élections municipales, alors que la droite agite sans cesse le spectre de l’insécurité urbaine, le « socialiste » Manuel Valls ne fait que mettre en mots une pratique initiée dès son arrivée à la tête du ministère de l’Intérieur. En effet, il a tout de suite accéléré la politique de démantèlements de camps roms engagée par Sarkozy à l’été 2010. Voici ce qu’écrit à ce propos le New York Times, repris par le Courrier International du 11 juillet dernier : « En 2012, année électorale, 12 841 ressortissants roumains et bulgares, roms dans leur immense majorité, ont été expulsés, contre 10 841 en 2011, soit une progression de 18,4 %. En 2010, 9 529 personnes avaient fait l’objet de ce type de procédure ».
La déclaration de Valls s’inscrit dans le droit fil du récent déferlement de propos haineux à l’encontre des Roms tenus par la droite et l’extrême droite en France. Ainsi, le maire UMP de Croix, Régis Gauche, a déclaré à propos des 200 Roms habitant sa commune : « si un Croisien commet l’irréparable, je le soutiendrai ». Il a même osé ajouter la chose suivante : « Les Roms n’ont rien à faire à Croix. Oui, s’il y a un dérapage, j’apporterai mon soutien. La population en a assez ». Dans la même veine, Nathalie Kosciusko-Morizet, la tête de liste UMP pour les élections municipales à Paris a déclaré : « Vous avez l’impression qu’on harcèle beaucoup les Roms ? Parce que moi, j’ai l’impression que les Roms harcèlent beaucoup les Parisiens ».
Pour ce qui est des « modes de vie extrêmement différents des nôtres », il s’agit avant tout d’un faux prétexte. Manuel Valls souligne le fait que c’est une population nomade et qui n’aurait donc rien à faire sur un territoire de « sédentaires ». Il est vrai que les familles roms se déplacent beaucoup en France. Mais ce déplacement incessant n’est que la conséquence du harcèlement constant des forces de police contre les campements où ils vivent faute de logements délivrés par les municipalités. Selon Médiapart, les démantèlements de camps se poursuivent à « Nîmes dans le Gard, La Courneuve, Saint-Ouen et Noisy-le-Grand en Seine-Saint-Denis, Sucy-en-Brie dans le Val-de-Marne, Ormoy, Villabé et Ris-Orangis en Essonne et l’agglomération lyonnaise ». Rien qu’au premier semestre 2013, Amnesty International dénonce l’expulsion de pas moins de 10 000 Roms de leurs campements. Médiapart rapporte également que les « conditions dans lesquelles ces familles ont été expulsées de leurs campements sans proposition de logement, puis délogées systématiquement des terrains où elles s’installaient, les ont condamnées à une situation d’errance sur le territoire, de surcroît en pleine période hivernale ».
Les militants communistes et les syndicalistes de la CGT doivent se mobiliser sur le terrain auprès des hommes, femmes, enfants et vieillards que l’on expulse. Il faut s’opposer au démantèlement de campements et exiger auprès de leurs mairies des logements dignes pour les familles sans toit.